SAINT-DOMINGUE, samedi 12 novembre 2022– Regroupés au sein de plusieurs organisations, ces haïtiens vivant en République Dominicaine déclarent ‘‘se tenir aux côtés du peuple haïtien exigeant le respect de son droit à l’autodétermination.’’
Après un échange et une réflexion entre représentants d’organisations de la communauté haïtienne résidant en République Dominicaine, nous nous prononçons en faveur de l’autodétermination du peuple haïtien et de sa lutte contre toute intervention militaire étrangère sur son territoire.
Dans un communiqué, ils déclarent : « Nous avons observé et vécu les violations des droits humains, les conséquences socio-économiques négatives des interventions des dernières décennies en Haïti, notamment les violations des droits humains, la répression, les abus sexuels et l’introduction du choléra par la MINUSTAH dans le Pays. L’ONU n’a jamais versé de réparations pour ces crimes. Nous rejetons donc tout plan d’invasion militaire ».
Ils disent rejeter également la violence des gangs et l’instabilité causée par la violence des gangs de toutes sortes.
Ils soulignent, cependant, que la situation actuelle est une conséquence de l’intervention de la MINUSTAH, qui a duré de 2004 à 2017, et dont l’objectif principal était « d’appuyer le Gouvernement de transition afin de garantir un environnement sûr et stable à travers la réforme de La Police Nationale d’Haïti et les programmes de désarmement, démobilisation et réintégration… ».
Selon eux, ‘‘l’invasion a commencé en 2004 en appui au coup d’État de cette année-là. Le tableau général du pays après l’achèvement de cette mission était sombre, ajoutant qu’elle a été succédée par la MINUJUSTH (Mission des Nations Unies d’Appui à la Justice en Haïti) et se poursuit à ce jour par le BINUH (Bureau Intégré des Nations Unies en Haïti).’’
‘‘A cette ingérence s’ajoute le Core Group qui prend les décisions politiques dans le pays comme s’il s’agissait d’un organe colonial, déclarent-ils, soulignant que toute cette ingérence dans la politique haïtienne a servi à soutenir le régime corrompu et anti-populaire du PHTK, au lieu de faciliter le développement des droits démocratiques du peuple haïtien.’’
Ils ajoutent que ‘‘l’ingérence impérialiste a fait partie du problème en Haïti, elle n’a jamais fait partie des solutions et ne peut pas l’être. C’est pourquoi nous rejetons l’approbation d’une nouvelle formule d’invasion par le Conseil de sécurité des Nations Unies. Comme l’ont fait plusieurs organisations sociales dominicaines, latino-américaines et caribéennes, nous devons continuer à soutenir le peuple haïtien dans sa juste demande de non-intervention militaire ou d’ingérence étrangère ‘’, soutiennent les signataires du communiqué.
Ils déclarent qu’Haïti a besoin de la solidarité des peuples du monde pour sortir de la crise. Elle exige que le soutien au régime de facto cesse et que les décisions des organisations haïtiennes soient respectées.
‘‘Que les États-Unis, la France et l’ONU paient des réparations à Haïti pour leurs crimes contre le peuple haïtien, que la dette extérieure haïtienne soit annulée et que les fonds volés au programme Petrocaribe et l’argent volé par des fonctionnaires corrompus soient restitués à Haïti, afin que tous ces argents peuvent être utilisés dans la reconstruction d’Haït’’i, insistent-ils.
Parallèlement, soulignent-ils, ‘‘face à cette situation de crise aggravée, reconnue tant par le gouvernement dominicain que par les organisations internationales, nous nous joignons à la clameur de diverses organisations en République dominicaine et dans le monde qui appellent à la fin des déportations massives et les expulsions vers Haïti.’’
Selon eux, les violations de la procédure régulière persistent dans les opérations d’immigration, avec des descentes sans mandat, des agents opérant le visage couvert et, dans certains cas, la torture et le meurtre de migrants.
Ils indiquent que le protocole de rapatriement convenu entre la République dominicaine et Haïti n’est pas appliqué. ‘‘Par conséquent, nous demandons publiquement aux autorités haïtiennes représentées dans le corps diplomatique en République dominicaine d’agir pour assurer le respect des droits humains de leurs concitoyens dans le pays.’’
Ils déclarent qu’au lieu d’entraver la régularisation migratoire des immigrés haïtiens, nous pensons qu’un nouveau Plan National de Régularisation des Étrangers (PNRE) devrait être lancé, ou du moins une troisième phase du PNRE précédent, en vue de parvenir à une véritable régularisation migratoire des haïtiens qui font vivre et contribuent au développement socio-économique du pays, et qui dans certains cas vivent dans le pays depuis des décennies, mais toujours dans la crainte du danger d’expulsion, de détention arbitraire ou d’extorsion par les agents de l’immigration.