PORT-AU-PRINCE, samedi 12 août 2023– Regroupés au sein du Forum d’anciens premiers ministres (FAPM), Jean Max Bellerive, Laurent Lamothe, Evans Paul, Enex Jean Charles, Jack Guy Lafontant, Jean Henry Céant et Joseph Jouthe, expriment leurs inquiétudes face à la dégradation de la situation générale du pays.
Dans un communiqué, ils déclarent : « Face à une préoccupante conjoncture politique marquée par une insécurité généralisée dans la capitale et d’autres points du territoire national, une crise politique persistante, une crise alimentaire dévastatrice, une division qui ronge notre nation et une tendance à la stigmatisation, le peuple haïtien, au bord de l’abime, attend désespérément un sursaut citoyen réparateur ».
Ils s’engagent dans la recherche de solutions en transcendant tout esprit de “partialité.”
“Nous sommes profondément troublés par la détérioration continue de la situation générale du pays et galvanisés par l’idée qu’un sursaut patriotique est indispensable pour relever les défis qui accablent notre peuple au quotidien”, écrivent les anciens chefs de gouvernement.
Selon eux, “l’inflation galopante, qui approche les 50 pour cent en glissement annuel, amène chaque jour un nouveau contingent de compatriotes à grossir les rangs des 45% de la population en situation de famine.”
Ils Se déclarent “consternés par le fait, après plus de deux ans, qu’aucune avancée sérieuse n’ait été réalisée par la justice haïtienne ni une coopération internationale effectivement mobilisée, pour élucider les circonstances de l’assassinat du président Jovenel Moise et qu’aucun des coupables, intellectuels et opérationnels, n’aient été condamnés en Haïti.”
« C’est pourquoi, dans le cadre du Forum d’Anciens Premiers Ministres (FAPM), créé dans un esprit d’ouverture pour un débat constructif avec des esprits éclairés et des acteurs clés de la société haïtienne ou de la communauté internationale, nous lançons cet appel patriotique », déclarent les anciens chefs de gouvernement.
Ces anciens premiers ministres qui ont déjà fait face à cette même, qui dure depuis plusieurs années sans la résoudre, se proposent “d’analyser en profondeur les défis au développement, systémiques ou conjoncturels, qui affligent le pays et formuler des propositions concrètes pour y remédier.”
“A cette étape cruciale pour la survie du pays, souligne-t-ils, nous appelons à l’unité nationale et à la mise à l’écart de nos différends, car Haïti a toujours pu faire face à l’adversité par l’unité de ses filles et de ses fils.”
“Nous devons relever les défis de sécurité, de justice et de précarité qui entravent notre développement, insistent-ils, ajoutant que la débâcle économique, financière et monétaire du pays, constitue l’une des principales sources de cette crise, générant, incertitude, pauvreté et désespoir.”
Ils plaident en faveur de la mise en place d’un climat propice à l’investissement et à la création d’emplois pour la population, tout en préservant les emplois existants ou potentiels.
« Nous proposons d’engager le débat pour mettre en œuvre un plan de développement économique solide fondé sur la transparence, la responsabilité et l’innovation dans un environnement sécurisé. La stabilité politique est indispensable à la réussite de ce plan », soulignent les ex-chefs de gouvernement.
Ils exhortent tous les acteurs politiques à un engagement actif et non-partisan pour le renforcement des institutions démocratiques et la promotion de l’État de droit.
Ils estiment que « la participation de tous les citoyens, tant à l’intérieur du pays que dans la diaspora, est essentielle pour façonner l’avenir politique, économique et social de la nation. »
Selon les anciens chefs du gouvernement, l’entière responsabilité de la situation actuelle du pays ne saurait incomber exclusivement aux acteurs étatiques ou non étatiques présents.
Ils appellent au rassemblement de tous les haïtiens pour ce nouvel élan démocratique national, arguant que le moment est venu de mettre nos querelles de côté et de travailler à une grandeur retrouvée de notre patrie.”
Certains de ces anciens chefs de gouvernement dont Evans Paul, Jean Henry Ceeant et Laurent Lamothe sont sous sanctions canadiennes, dominicaines et américaines pour soutien presumee aux gangs armees qui operent en Haiti ou implication presumee dans des actes de corruption.
Tous, ils ont rejeté ces accusations et annoncé des actions en vue de pousser ceux qui les sanctionnent à fournir les preuves des accusations portées contre eux.