Des détenus meurent dans les prisons haïtiennes : L’ANAMAH dénonce des conditions de détention atroces et inhumaines…

Jean Wilner Morin, juge instructeur, president de l'ANAMAH...

PORT-AU-PRINCE, mardi 11 octobre 2022– L’Association Nationale des Magistrats Haïtiens(ANAMAH) a dénoncé mardi dans un communiqué, ‘‘l’état inhumain de détention dans les centres carcéraux du pays où des êtres humains disparaissent dans l’agonie de terribles souffrances mises en œuvre, quelque part, par l’irresponsabilité et le mépris des gouvernés.’’

« L’Association Nationale des Magistrats Haïtiens ne s’en démarque pas, elle reconnaît la part qui est sienne dans cette lente et terrible décente aux enfers, au sens où les magistrats sont appelés à fixer de manière certaine et définitive, le statut carcéral de ces femmes et ces hommes », lit-on dans ce communiqué.

L’ANAMH invite le Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire (CSPJ), les Doyens des principales juridictions, le Ministère de la Justice et de la Sécurité Publique à tout mettre en œuvre, ‘‘en vue de concourir à l’organisation d’audiences spéciales pour faciliter d’abord le tri, ensuite fixer le statut des incarcérés, puis placer les condamnés dans des conditions humaines de purge de leur peine, enfin renvoyer hors des liens, les personnes emprisonnées injustement par défaillance systémique.’’

Elle a attiré l’attention des autorités en place sur l’état dangereux que pareille situation fait peser sur le corps social en étant au stade actuel tout en se demandant si on peut reprocher aux être doués d’intelligence de vouloir à tout prix et par tous les moyens s’extirper d’une fin lente et atroce ?’’

‘‘Il suffit d’observer l’expérience de quelques rats piégés dans une caverne inondée, on verra à quel point ces animaux d’apparence inoffensive peuvent devenir monstrueux mais, c’est loin d’être le plus inquiétant’’, écrit l’association.

Selon l’ANAMAH, ‘‘dans ce climat de grand banditisme généralisé, le spectacle dégoûtant d’hommes et de femmes, entassés dans des espaces minuscules, terrassés par des virus tueurs, par la famine et réduits à l’état squelette, ne peut que rendre plus violent, plus spectaculaire encore le mode opératoire des gangs lourdement armés ainsi que leurs commanditaires opérant en toute liberté, sans aucune limite, dans la plupart des grandes villes.’’

« Quand la société envoie elle-même de tels exemples d’atrocités de traitement du mal dans ces centres carcéraux, elle en informe imprudemment les marginaux de ce à quoi, ils feraient face, s’ils venaient à se faire arrêter ; elle rivalise ainsi de cruauté avec les gangs armés qui choisiront de finir les armes à la main plutôt qu’en prison », a déclaré l’ANAMAH.

L’ANAMAH s’est dit plus que jamais déterminée à agir dans ses sphères d’influence, en tant que groupe de pression, pour que s’organisent rapidement des audiences dans les principales juridictions mises en cause, elle invite parallèlement les organisations de défense des droits humains, la corporation des Barreaux de la République en première ligne dans cette lutte, à ne pas baisser les bras.

Plusieurs dizaines de détenus sont décédés de faim ou de maladie ces derniers jours dans plusieurs centre carcéraux au moment où le pays s’enlise dans une crise socio-économique, politique humanitaire et sanitaire.