Des défenseurs des droits humains révulsés par le mépris des autorités face aux policiers tués lors de l’opération de Village de Dieu…

Marie Yolenede la FJKL, Pierre Esperance, directeur ecxecutif du RNDDH, Alermy Piervilus, coordonnateur de la POHDH...

PORT-AU-PRINCE, dimanche 12 mars 2023– Marie Yolène Gilles, directrice de programme au sein de la ‘‘Fondasyon Je Klere’’ (FJKL), s’est dit étonnée que deux ans après le drame du Village de Dieu, ceux qui, au niveau de la police nationale, ont des responsabilités dans ce qui s’est passé, n’ont pas été poursuivis.

‘‘La police nationale est un corps hiérarchisé, les policiers qui étaient intervenus à Village de Dieu ne l’ont pas fait de leur propre chef, ils ont reçu un ordre de leurs supérieurs. Ces supérieurs doivent être identifiés, leurs responsabilités établies et des poursuites judiciaires doivent être entreprises contre eux’’, suggéré Mme Gilles.

Selon elle, les citoyens ont droit de savoir ce qui s’est passé et ceux qui s’y sont impliqués. Ils ont droit à la vérité et c’est garanti par la constitution, a-t-elle soutenu.

Elle estime que le pays court le risque de ne pas pouvoir sortir du cycle infernal de l’insécurité si l’impunité systématique dont jouissent tous ceux qui commettent des crimes ou des fautes administratifs, continue d’être la norme.

Elle déplore qu’aucun effort sérieux n’ait été déployé pour récupérer les corps des policiers exécutés à Village de Dieu afin que leurs parents puissent faire le deuil .Elle note également que les bandits continuent de terroriser impunément la population et occupent plus de territoire, empêchant tout fonctionnement normal du pays.

Elle plaide en faveur d’une vaste opération d’épuration de la police nationale afin, dit-elle, de débarrasser l’institution policière des mauvais policiers dont le comportement ne diffère, en rien, de celui des gangs.

Pour sa part, Pierre Espérance du réseau national de défense des droits humains (RNDDH) estime que l’opération du 12 mars 2021 a été mal préparée, les policiers n’avaient à leur disposition pour mener a bien cette opération où ils ont été envoyé à la boucherie, les risques n’étant pas bien calculés.

Pris dans une embuscade, au moins six (6) policiers ont été exécutés par des bandits à la solde de Izo et de Manno, tous deux chefs du gag ‘‘5 Seconde’’, rappelle Espérance qui déplore que le haut commandement de la PNH aient négocié au prix fort la récupération d’un véhicule blindé alors que les corps policiers victimes sont toujours aux mains des bandits.

Il dénonce le comportement du (conseil supérieur de la police nationale) CSPN et de la hiérarchie de la PNH qui n’ont rien fait pour démanteler les réseaux criminels qui mettent le pays a feu et a sang, bloquent toutes les activités et coupe la capitale de certains départements.

Espérance affirme constater que deux ans après le drame de Village de Dieu, en raison de la banalisation de la vie et l’impunité dont jouissent les criminels, avec la complicité des autorités, souligne-t-il, les gangs deviennent plus arrogants et contrôlent plus de territoire dans l’indifférence totale du gouvernement.

Selon lui, en plus d’une épuration de l’institution policière, des changements au sein du haut commandement de la PNH s’avèrent important pour permettre aux policiers désireux servir la population d’effectuer leur travail dans un meilleur environnement de travail.

Quant Alermy Piervilus de la plateforme haïtienne des organisations des droits humains (POHDH), il estime que deux ans après le carnage de Village de Dieu, la PNH devient de plus en plus faible en raison notamment du mépris et de l’indifférence dont font montrent les autorités vis-à-vis des policiers victimes.

Il indique que les gangs, totalement libres de leurs mouvements, continuent d’étendre leurs tentacules sur plus de territoire et de terroriser une population aux abois et livrée à elle-même.

‘‘Le climat sécuritaire s’est nettement détérioré dans un contexte de mépris et d’abandon des autorités face à la misère de la population’’, déclare Piervilus, soulignant que deux ans après le drame de Village de Dieu, les conditions de vie et de travail des policiers demeurent exécrables.

Piervilus estime que l’institution policière souffre aujourd’hui d’un déficit de leadership grave qui a contribué énormément à son affaiblissement.