Dans une correspondance au président américain, des membres du Congrès des Etats-Unis demandent au président Joe Biden de faire en sorte que son administration permette au peuple d’Haïti de déterminer son propre destin politique et de retirer son soutien au gouvernement de facto d’Ariel Henry; aider les acteurs travaillant à enquêter sur l’assassinat et à faire face à l’insécurité et à d’autres défis institutionnels ; et soutenir des élections libres, justes, transparentes et inclusives en Haïti seulement après que les conditions de sécurité et politiques le permettent, tel que déterminé par le peuple haïtien. Les politiques émanant de Washington doivent être conformes à la volonté du peuple haïtien, aux idéaux démocratiques et à l’état de droit, soutiennent ces législateurs américains…
Washington, vendredi 18 mars 2022- Se disant profondément préoccupés par la crise politique en Haïti, un groupe de congressmen américains exhorte l’administration Biden à permettre au peuple haïtien de déterminer son destin politique en soutenant le consensus entre les acteurs politiques, la société civile, les secteurs religieux et privés pour créer une transition démocratique dirigée par la société civile haïtienne.
Dans une correspondance au chef de la maison Blanche, ces parlementaires estiment qu’en raison de l’ampleur des problèmes d’insécurité en Haïti, il est impossible de tenir des élections dans ce climat.
Ils rappellent qu’en 2016, environ 21 % des électeurs haïtiens ont participé à l’élection présidentielle. ‘‘Alors que les élections sont souvent un signe de démocratie, la tenue d’élections dans un climat où les citoyens craignent de quitter leur domicile de peur d’être kidnappés ou tués, compromettrait gravement le processus électoral, soutiennent-ils.
Sheila Cherfilus-McCormick, Andy Levin, Hakeem Jeffries, Yvette Clarke, Val Demings, Mondaire Jones, Dwight Evans et Ayanna Pressley estiment que, l’administration Biden doit donner la priorité à la paix, à la sûreté et à la sécurité. Les élections, poursuivent-ils, sont nécessaires mais pas suffisantes pour apporter la stabilité dans le pays si les conditions optimales ne sont pas réunies et si le consensus entre les différents secteurs n’a pas été trouvé.
Selon eux, il existe une voie vers une transition démocratique en Haïti soutenue par le peuple haïtien.
‘‘Cependant, soulignent-ils, toute mesure prise pour conduire à une telle transition a des chances de succès limitées si les États-Unis continuent de soutenir le gouvernement de facto du Dr Ariel Henry, qui n’a aucune incitation à négocier de bonne foi tout en bénéficiant d’un soutien sans entrave des États-Unis.’’
« Il ne fait aucun doute que certains aspects de la politique des Etats-Unis envers Haïti ont sapé le développement, la paix et la sécurité de la nation. Cependant, nous avons une chance de réparer nos erreurs passées et d’aider le peuple haïtien à mettre son pays sur la voie d’une véritable démocratie. Le moment est venu », déclarent les parlementaires américains.
Ils affirment que le soutien de l’administration américaine au Dr Henry semble contradictoire avec l’objectif déclaré selon lequel les États-Unis ne feront pas pencher la balance de la politique haïtienne.
‘‘Le Dr Henry manque de légitimité pour organiser des élections et n’a pas dégagé le consensus nécessaire pour convoquer le peuple haïtien aux urnes, arguant que La légitimité du Dr Henry vient de la communauté internationale, pas du peuple haïtien’’, écrivent les congressmen.
Ils se déclarent conscients qu’un nombre croissant d’organisations de la société civile, du secteur privé et d’organisations politiques en Haïti se sont mobilisés pour offrir une voie plus représentative et inclusive pour orienter Haïti vers la direction d’une démocratie durable.
Parallèlement, ils se disent profondément préoccupés par le fait que, sous le gouvernement Henry, il continue d’y avoir peu de progrès dans l’enquête sur l’assassinat du président Jovenel Moïse qui a eu lieu en juillet dernier et que ceux qui enquêtent sur l’affaire en Haïti ont fait l’objet de menaces et d’intimidations.
‘‘Il est crucial, selon eux, que les auteurs intellectuels et ceux directement impliqués dans l’assassinat du président Moïse soient tenus responsables pour apporter de la clarté et aider au mieux Haïti à résoudre sa crise politique.’’
« En tant que membres du Congrès, nous demandons instamment à votre administration de prendre les mesures nécessaires pour nous tenir informés de l’enquête et d’examiner de manière approfondie et de divulguer tout rôle que des citoyens ou des organisations américaines pourraient avoir joué dans l’assassinat, y compris toute personne ayant précédemment travaillé comme informateur pour les États-Unis », lit-on dans cette correspondance.
Le Congres des Etats-Unis a approuvé la semaine dernière le projet de loi sur les dépenses du gouvernement fédéral (Omnibus Spending Bill) totalisant 1.5 trillion de dollars.
Ce texte qui est devenu loi après avoir été signé par le président Joe Biden, prévoit une enveloppe d’environ 14 milliards de dollars pour l’Ukraine.
Cependant, le Congrès a conditionné l’aide à Haïti dont le montant n’a pas été précisée à l’élection d’un président et d’un parlement élus démocratiquement dans le cadre d’un processus électoral crédible et transparent ou à la mise en place d’un gouvernement de transition issu d’un large consensus.