Des commerçants du Grand Sud menacent d’entrer en désobéissance civile pour protester contre l’inaction des autorités face aux gangs de Martissant

Un bandit en position de tir/image d'illustration

JACMEL, mardi 31 mai 2022– Des commerçants du Grand Sud (Sud-Est, Sud, Nippes et Grand-Anse), donnent le ton.

Ils annoncent qu’ils fermeront boutique à partir de ce 1e juin, ce pour protester contre l’inaction du gouvernement en place face à la violence et l’arrogance des gangs criminels qui opèrent en toute impunité à Martissant, banlieue sud de la capitale haïtienne.

Depuis le 1e juin 2021, des gangs armés de “Gran Ravine,” de Tibwa” (Petit-Bois) et de Village de Dieu se livrent à des affrontements meurtriers ayant causé l’exode de plusieurs milliers de familles vers d’autres endroits.

Même les policiers cantonnés au sous-commissariats de Martissant ont dû abandonner leur lieu de travail à Martissant où la population se retrouve livrée à elle-même à la merci des gangs criminels qui exercent le droit de vie et de mort sur tous ceux qui fréquentent cette zone.

Sous-Commissariat de police de Martissant, (Ouest)

En plus d’avoir provoqué l’exode massif des résidents de Martissant, les gangsters détournent des camions de marchandises, kidnappent des gens, violent et tuent comme bon leur semble, dans l’indifférence totale des autorités en place qui répètent insatiablement leur volonté de combattre les gangs armés qui enlèvent le sommeil à la population.

« Depuis un an, plus de quatre départements sont coupés du reste du pays à causes gangs qui opèrent à Martissant, aucune action n’a été entreprise par le gouvernement en place pour endiguer le phénomène de l’insécurité et mettre les gangsters hors d’état de nuire », se plaignent des commerçants du Sud-Est interrogés par radio Caraïbes.

“Chaque jour ou presque, poursuivent-ils, nos camions de marchandises sont détournés par ces malfrats qui agissent en toute quiétude sans que personne ne soit intervenue pour rétablir l’ordre et la sécurité dans le pays,” se lamentent-ils, soulignant qu’il est inacceptable de se laisser décapitaliser par des « voyous » qui auraient bénéficié de la protection d’un système défaillant et incapable de protéger ses citoyens.

« A quoi servent nos taxes et impôts payés à l’Etat ? Si l’Etat ne peut pas assurer notre sécurité, celle de nos biens et garantir la libre de circulation des individus et des marchandises, pourquoi devons-nous continuer à payer des taxes et des impôts », se demandent les commerçants protestataires.

Ils menacent de déclencher un mouvement de désobéissance civile, en plus de la fermeture de leurs maisons de commerce, pour porter les autorités à mettre fin aux activités des bandes criminelles qui mettent le pays à genoux.

« Nous allons fermer nos portes jusqu’à ce ce que les autorités réagissent, car, nous ne pouvons pas approvisionner nos magasins dans contexte où les bandits sont libres de détourner nos marchandises », déclarent-ils.

‘‘Si nous continuons à opérer dans les conditions actuelles, nous nous ferons complices de ceux qui nous rendent la vie impossible et de ceux qui les alimentent pour maintenir ce climat inacceptable d’insécurité où toute une population est prise en otage’’, ajoutent-ils.

La compagnie de transport ‘’Dieu qui décide’’ qui assure le trajet Port-au-Prince/Jérémie à cessé toutes ses activités depuis plus d’une semaine en signe de protestation contre l’action des bandits et l’indifférence des autorités gouvernementales.

Lundi, des gangsters de Martissant ont tué au moins une personne et blessé grièvement au moins trois autres qui se trouvaient à bord d’un véhicule de transport public.

Après une opération ordonnée par l’ex-directeur général intérimaire de la police nationale, Léon Charles qui a tourné au drame le 12 mars 2021 où au moins cinq policiers ont été tués tragiquement à Village de Dieu, rien n’a été fait pour inquiéter les bandits qui contrôlent ce secteur.

Alors que la capitale est pratiquement assiégée par les gangs armés qui commettent des crimes abominables, la grande criminalité tend à devenir, dangereusement, un sujet banal, traité quasiment comme un simple fait divers. La criminalité semble devenir définitivement un élément du décor social haïtien.

Abandonnée, la population haïtienne prend son mal en patience et assiste en spectateur, mais impuissante, à ce drame quotidien où la vie est banalisée et les droits humains bafoués.