PORT-AU-PRINCE, 11 novembre 2024– Alors que la violence armée en Haïti ne cesse de s’intensifier, les enfants se trouvent au cœur de la crise et particulièrement vulnérables face aux bandes armées qui tentent de contrôler et de terroriser les communautés, a averti lundi la Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations Unies pour les enfants et les conflits armés.
Selon Mme Gamba, les enfants en Haïti ont été confrontés à des violations croissantes de leurs droits au cours des derniers mois, alors que le pays est témoin de niveaux sans précédent de brutalité et d’anarchie aux mains des éléments armes.
« Les enfants sont utilisés par les gangs armés en Haïti et nous sommes témoins de certaines tendances récentes inquiétantes, notamment l’utilisation de la violence sexuelle, y compris le viol et le viol collectif, comme arme de guerre par les gangs », a déploré Virginia Gamba dans un communiqué.
La récente recrudescence des hostilités inclut le massacre de Pont Sonde, où des enfants auraient été tués.
« J’appelle tous les acteurs à veiller à ce que les enfants soient protégés de la violence, y compris de la violence sexuelle, et des affrontements, et à ce qu’ils ne soient pas impliqués dans les hostilités », a martelé la Représentante spéciale pour les enfants et les conflits armes Virginia Gamba.
Comme dans toute crise, les enfants sont particulièrement vulnérables car le tissu social et les services de base, y compris l’éducation, sont perturbés.
Depuis le début de l’année, plus de 300.000 enfants n’ont pas eu accès à l’éducation, les écoles ayant été fermées, attaquées ou transformées en abris temporaires pour les personnes déplacées.
Les tendances récentes en Haïti concernant les violences sexuelles à l’encontre des enfants, en particulier des filles, sont très alarmantes, avec une augmentation de plus de 1000 % en 2024 par rapport à 2023, selon des chiffres vérifiés des Nations Unies
Environ 2,7 millions de personnes, dont 1,6 million de femmes et d’enfants, vivent dans des zones contrôlées par des bandes armées.
L’ONU estime qu’entre un tiers et la moitié des membres de gangs armés sont des enfants, c’est-à-dire des personnes âgées de moins de 18 ans.
La Représentante spéciale exhorte tous les acteurs et ceux qui peuvent avoir une influence à faire tout ce qui est en leur pouvoir pour empêcher les violations graves à l’encontre des enfants et demande à tous les acteurs de libérer immédiatement les enfants et de les remettre à des acteurs civils de la protection de l’enfance.
Mme Gamba demande en outre qu’un accès humanitaire sûr et sans entrave soit assuré d’urgence pour permettre la fourniture de services essentiels et vitaux, y compris les services de santé et l’éducation. Elle a exprimé sa préoccupation quant à l’impact humanitaire des développements actuels, en particulier sur les enfants.
La défenseure des enfants se fait l’écho des appels urgents à augmenter les contributions volontaires au fonds d’affectation spéciale administré par les Nations Unies, afin de permettre le déploiement continu et rapide de la Mission multinationale de soutien, tel qu’autorisé par le Conseil de sécurité, pour répondre aux besoins de sécurité du peuple haïtien, y compris des enfants.