Par Jacques Kolo,
Port-au-Prince, 3 septembre 2020 (RHInews)- Des gens de robe de dix-huit (18) juridictions du pays ont marché ce jeudi 3 septembre 2020 dans tout le pays en signe de protestation contre l’assassinat le 28 août dernier de Me. Monferrier Dorval, bâtonnier de l’Ordre des Avocats de la capitale.
De Port-au-Prince au Cap-Haitien, en passant par Hinche pour aboutir à Jacmel, des avocats en tenue de robe noire sont tous unanimes à condamner l’assassinat odieux de leur confrère qui fut un modèle savant pour le pays.
Devant les locaux de la Cour de Cassation, la plus haute instance judiciaire du pays où a pris fin une marche déroulée en l’honneur du disparu, ces hommes de loi ont réclamé que toute la lumière soit faite sur l’assassinat de leur confrère.
Le Bâtonnier par intérim, Me. Marie Suzy Legros a délivré un message de circonstance dans lequel elle a dénoncé le règne de l’impunité en cours dans le pays.
Pour le Secrétaire Exécutif du Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH) Pierre Espérance, présent à la marche, le meurtre de Me. Monferrier Dorval est un crime d’Etat. La victime a été assassinée non loin de la résidence du Chef de l’Etat considérée comme étant une zone stérile, hautement sécurisée où n’importe qui n’a accès généralement sans un contrôle rigoureux.
Aux Gonaïves, chef-lieu du département de l’Artibonite, ils étaient nombreux ces hommes de la basoche à investir les rues pour crier leur “ras-le-bol” de “l’autoritarisme du président Jovenel Moïse et de la corruption de son régime”.
Sur tout le parcours, des avocats ayant pour chef de file, Me Jacksène Jacques, le bâtonnier de l’ordre des Avocats des Gonaïves et des membres de la population ont réclamé justice pour le défunt. Ils ont menacé d’ici la semaine prochaine de fermer les portes du Parquet et de tous les tribunaux, en signe de réprobation à cet acte qualifié de barbare.
A Jacmel (Sud-Est), les avocats de cette juridiction ont qualifié la mort de Me. Monferrier Dorval de crime d’Etat et réclamé l’ouverture d’une enquête célère pour faire le jour sur ce crime crapuleux.
Me. Luc François, bâtonnier de l’Ordre des Avocats du Sud-Est, n’a pas écarté la possibilité pour les avocats de cette juridiction de surseoir à leurs activités professionnelles jusqu’au départ du pouvoir de Jovenel Moïse.
Aux cayes (Sud) et à Hinche (Centre, les hommes de loi ont rendu un hommage à leur confrère, à travers des mouvements pacifiques pour réclamer des explications sur ce meurtre odieux qui révolte la conscience de tous les citoyens.
Chauffés à blanc et secondés par des étudiants et d’autres membres d’organisations de la société civile des Cayes, les avocats protestataires, en terminant leurs activités, devant le Parquet des Cayes ont pointé du doigt le président Jovenel Moïse qu’ils ont rendu responsable de ce forfait.
Port-de-Paix n’était pas en reste face à ce vaste mouvement national déclenché par les avocats pour réclamer justice pour Me. Monferrier Dorval.
La marche s’est déroulée dans la ville de Port-de-Paix sans incident. Les avocats-participants ont demandé la fermeture du Parquet jusqu’à l’arrestation des auteurs matériels et intellectuels de la mort de Me. Monferrier Dorval.
A Saint-Marc, Croix-des-Bouquets et à Miragoâne, les hommes et femmes en robe noire ont décrété plusieurs jours de mobilisation en guise d’hommage à Me. Monferrier Dorval.
A Fort-Liberté les avocats du barreau de cette juridiction étaient dans les rues aussi. Les Avocats de ce Barreau ont dénoncé le climat d’insécurité qui règne dans le pays tout entier et réclamé justice en faveur du Bâtonnier de l’Ordre des Avocats du Barreau de Port-au-Prince, Me Monferrier DORVAL assassiné le vendredi 28 août 2020, en son domicile, à Pèlerin 5.
Le Bâtonnier de l’Ordre des Avocats du Barreau de Fort-liberté, Me Jocelyn DORSAINT, a lu le message de la Fédération des Barreaux d’Haïti (FBH) tout en demandant aux Avocats dudit Barreau de s’abstenir de fréquenter le TPI de Fort-Liberté, et cela, jusqu’à nouvel ordre.
Né le 10 juin 1956 à Grande-Saline (Artibonite), Me. Monferrier Dorval fut un intellectuel de renom et éminent juriste, après avoir décroché le titre de Docteur en droit à l’université d’Aix Marseille (France).
Il a enseigné le droit administratif et constitutionnel dans plusieurs universités haïtiennes et milité depuis trente ans. Il fut un défenseur farouche de l’adoption d’une nouvelle constitution avant l’organisation d’élections.
Son assassinat le 28 août dernier a suscité des réactions de colère et d’indignation tant en Haïti qu’à l’étranger.