Port-au-Prince, 28 novembre 2020- Trois (3) mois se sont déjà écoulés depuis que le bâtonnier de l’ordre des avocats de Port-au-Prince, l’éminent professeur de droit constitutionnel, Me Monferrier Dorval a été exécuté, chez lui, dans la soirée du 28 août dernier, à Pèlerin 5, non loin de la résidence du président Jovenel Moïse.

Trois mois après ce drame, l’enquête en cours ne progresse pas véritablement, à en croire le conseil de l’ordre des avocats de Port-au-Prince qui déplore la lenteur enregistrée dans le cadre du traitement de ce dossier.

La police judiciaire a mené une enquête préliminaire qui a permis de procéder à l’arrestation de quatre individus, Modlet Sénégeau alias Abidy, Mackendler Fils-Aimé, Dunes Vilpique alias Jah et Valery Dort, présentés comme les présumés auteurs de l’assassinat de Me Dorval, mais n’a fait aucune référence aux auteurs intellectuels du crime.

A l’occasion du troisième mois de cet assassinat crapuleux qui a suscité des réactions d’indignation dans le monde entier, des avocats du barreau de Port-au-Prince, ont organisé ce samedi 28 novembre un sit-in dans la zone comprise entre la Cour de Cassation, la plus haute instance judiciaire du pays et le palais national, siège officiel de la présidence.

De nombreux avocats ont répondu à l’appel du conseil de l’Ordre des avocats de Port-au-Prince et en ont profité pour appeler le président Jovenel Moïse à accepter qu’une commission d’enquête indépendante internationale participe à l’enquête en cours sur l’assassinat de Me Monferrier Dorval.

Ils ont dénoncé l’attitude du président de la République qui, selon eux, a jusqu’ici ignoré les correspondances officielles qui lui ont été adressées en ce sens.

Jovenel Moïse qui a confessé, il y a peu, que ‘’l’ex-bâtonnier a été assassiné a 10 :13 du soir et que sa femme disposait déjà de la vidéo de l’assassinat à 10 :15, soit deux minutes après et il l’a visionné sur le téléphone de la première dame,’’ aurait prétexté que les correspondances qui lui ont été adressées étaient déjà en circulation sur les réseaux sociaux.

Participant a ce sit-in, André Michel, avocat et militant de l’opposition a déclaré, ‘’Je suis là comme avocat qui exige justice pour son Bâtonnier assassiné le 28 Août 2020. Je serai toujours aux côtés de mes confrères et consœurs dans cette bataille pour que l’assassinat du Bâtonnier Dorval ne reste pas impuni. Je suis là également pour dire et redire que l’assassinat du Bâtonnier Dorval est un crime d’Etat.’’

Selon lui, plusieurs éléments prouvent que l’assassinat de Me Dorval est un crime d’Etat. Il a cite notamment, le retour des assassins sur les lieux du crime pour disparaître certains éléments du dossier, le refus du président Jovenel Moïse de procéder à mise en place de la commission d’enquête internationale exigée par les avocats du Monde entier, l’attaque perpétrée contre le juge d’instruction en Charge du dossier, le déplacement de certaines pièces du Dossier Dorval au Cabinet d’instruction.’’

Beaucoup d’obstacles sont dressés, a-t-il souligné, sur le chemin de l’aboutissement du dossier de l’assassinat du Bâtonnier Dorval. Ils sont d’ordre politique. Ils seront levés avec la mise en place du Gouvernement de transition, a conclu André Michel.’’