Des acteurs de l’accord de Montana dénoncent la passivité de la communauté internationale face aux dérives du pouvoir en place…

Samuel Colin,FOHPDD, Ing. Jerome Armand, Esclave Revolte, Cecile Accilien, Association des Etudes Haitiennes ...

Port-au-Prince, samedi 5 mars 2022- Samuel Colin estime qu’en raison des gangs armés qui règnent sur le pays, la situation actuelle d’insécurité totale devient de plus en plus alarmante chaque jour pour les citoyens haïtiens, arguant que la durée de vie de chaque Haïtien est renouvelable sur une base de 24 heures.

Président du FOHPDD (Forum Haïtien pour la Paix et le Développement Durable, organisation représentant la Diaspora dans l’Accord de Montana) et Membre du Conseil National de Transition (CNT), M. Colin souligne que Dr. Ariel Henry n’a aucun intérêt à trouver un large compromis pour sortir le pays du gouffre et c’est pourquoi les négociations entre lui et les représentants de l’accord de Montana ont échoué.

Dans un rapport sur la situation en Haïti adressé à la CARICOM, Samuel Colin met l’accent sur le dysfonctionnement de toutes les institutions vitales du pays dont la Cour de Cassation et les tentatives illégales de nomination du pouvoir en place pour combler le vide.

Il indique que l’absence dangereuse d’appareil d’État renforce les gangs, qui ont même infiltré la Police nationale.

‘‘Nous appelons la CARICOM, l’OEA et toutes les institutions dont Haïti est membre, qui ont l’autorité morale de défendre ce qui est juste et légitime, ainsi que les nations africaines et tous ceux qui croient en la démocratie, à aider mettre un terme à cette crise politique qui s’aggrave de jour en jour, par des moyens démocratiques’’, déclare-t-il.

Selon Colin, ‘‘seul le gouvernement de transition prôné par l’Accord de Montana peut donner au peuple haïtien le répit pour stabiliser le pays, trouver un consensus et organiser des élections véritablement démocratiques et transparentes.’’

Jérôme Armand estime, pour sa part, que « La stratégie des États-Unis et de la communauté internationale à travers le soi-disant « Core Group » est d’opprimer et d’exploiter économiquement le peuple haïtien ».

‘‘Nous ne devons jamais oublier que la représentante de l’ONU en Haïti, Mme Hélène La Lime, a déclaré tristement au siège même de l’ONU, que depuis que 9 des principaux gangs se sont fédérés en un super-gang maintenant connu sous le nom de G-9, que ” l’insécurité avait diminué en Haïti, rappelle le dirigeant de l’organisation de la société civile « Esclaves Révoltés » et du Bureau de suivi de l’accord de Montana (BSA) représentant le secteur populaire.

Selon Armand, ‘‘c’est après cette déclaration scandaleuse, choquante, honteuse et offensante que le nombre d’enlèvements a explosé. Tous les groupes d’âge et socio-économiques du pays ont été touchés par cette épidémie d’enlèvements, soutient-il, rappelant que le G-9 et les autres gangs ont été créés pour empêcher les habitants des quartiers défavorisés de manifester et de revendiquer leurs droits.

Armand croit que l’administration actuelle et la communauté internationale contrôlent les gangs, et sont à l’origine de l’insécurité et des enlèvements, ajoutant que ‘‘c’est la raison pour laquelle ils veulent forcer les élections à se dérouler au milieu du chaos, afin d’imposer le même vieux système et politiciens corrompus, et de perpétuer le statu quo.’’

Cécile Accilien, vice-présidente de l’Association des études haïtiennes, dit ne pas croire qu’Haïti soit prêt à tenir des élections.

‘‘Les forces qui détermineront le déroulement du scrutin sont les mêmes que celles qui soutiennent les enlèvements et l’instabilité, car cela profite aux vautours, aux parasites et aux 2% qui contrôlent le pays et volent la richesse du peuple, déclare Mme Accilien.

‘‘Pour organiser un vote national véritablement démocratique, libre et juste et pas seulement une farce et une imposture, Cécile Accilien estime qu’il faudrait que le gouvernement prenne des mesures concrètes et durables pour réduire la violence des gangs en cours. Le pays est dirigé par des gangs. La question est : qui et où sont les acteurs qui paient et contrôlent les gangs ? Suivez l’argent, et nous verrons qui a le vrai pouvoir. Ceux qui ont le pouvoir ont déjà décidé si, où et quand, il y aura des élections en Haïti, souligne-t-elle.

Selon les acteurs de l’accord de Montana, depuis que la crise russo-ukrainienne a éclaté, les Haïtiens ont observé avec perplexité les États-Unis, l’ONU et le “CORE Group”, les mêmes forces qui les oppriment et nient leur souveraineté, leur indépendance, leur autonomie et leur autodétermination, clamant tous les jours partout dans le monde que “la souveraineté, l’indépendance, l’autonomie, l’autodétermination” sont des valeurs sacro-saintes qui “devraient être respectées et sauvegardées en tant que normes fondamentales des relations internationales, car elles incarnent l’objectif de la Charte des Nations Unies”.

‘‘Ces droits sont régulièrement et avec force revendiqués par ces mêmes responsables pour les peuples de Taïwan, du Myanmar, de la Biélorussie, de la Russie, de la Turquie, de l’Afghanistan, du Moyen-Orient, tout le monde sauf les Haïtiens’’, déplorent-ils.

Pourquoi la liberté, la souveraineté et l’autodétermination sont-elles considérées comme les droits inaliénables de tous les peuples, à l’exception des Haïtiens, qui ont en fait inventé ces concepts, s’interrogent-ils.

Ils soulignent que lors de la réunion d’urgence du Conseil de sécurité sur l’Ukraine, l’ambassadrice Linda Thomas-Greenfield a jugé nécessaire de rappeler au président Poutine que “les Nations unies ont été fondées sur le principe de la décolonisation et non de la recolonisation”. Pourquoi alors cette ténacité sans relâche à recoloniser Haïti, par l’État même que l’Ambassadeur Thomas-Greenfield représente, et l’institution même dans laquelle elle siège, se demandent-ils.

La « démocratie» est prônée à haute voix pour tous, tout en étant systématiquement refusée aux Haïtiens, déclarent-ils.

Les Haïtiens exigent le droit de reprendre leur souffle face à toutes les atrocités que le pays a connues ces dernières années, qui ne font que s’aggraver de jour en jour.

‘‘Au lieu de cela, ils sont poussés et intimidés dans une nouvelle fausse élection au milieu du chaos, dont le seul objectif est de maintenir le statu quo par le biais d’un autre gouvernement par procuration, qui perpétuera l’état actuel de corruption, d’instabilité, de crime, de banditisme, de famine, la misère et le désespoir qui asphyxient le peuple haïtien depuis bien trop longtemps,’’ selon les acteurs sociaux de l’accord de Montana.

Ils affirment que le rôle de la CARICOM, dont Haïti est un membre à part entière, devrait être de réclamer la liberté, la souveraineté, l’autodétermination et la décolonisation d’Haïti, comme le monde semble le faire pour toutes les autres nations.

La CARICOM doit veiller à ce que le prochain gouvernement haïtien soit élu par des moyens démocratiques, à la suite d’élections transparentes et inclusives, et doit refuser d’approuver automatiquement des élections frauduleuses.