PORT-AU-PRINCE, vendredi 20 septembre 2024– Dennis Hankins, nouvel Ambassadeur des États-Unis en Haïti, a officiellement présenté ses lettres de créance au Président du Conseil présidentiel de transition, Edgard Leblanc, lors d’une cérémonie tenue à Port-au-Prince. Ce geste marque un tournant dans les relations diplomatiques entre les deux pays, Hankins ayant affirmé son engagement à renforcer les liens de partenariat entre les États-Unis et Haïti dans un contexte de transition politique et de reconstruction économique.
L’arrivée de Hankins intervient après une période durant laquelle le poste d’ambassadeur américain en Haïti était resté vacant depuis le départ de Michelle J. Sison, qui avait servi jusqu’en 2021. Son mandat avait été marqué par une forte implication des États-Unis dans les affaires politiques internes du pays, ce qui avait suscité des critiques, tant au sein de la classe politique haïtienne que parmi la société civile. Accusée d’ingérence, Sison avait été critiquée pour avoir exercé une influence perçue comme excessive sur les décisions gouvernementales, notamment pendant les crises politiques ayant suivi l’assassinat du président Jovenel Moïse et les violences généralisées des gangs dans plusieurs régions du pays. Des voix s’étaient élevées pour dénoncer son rôle dans le soutien à certains gouvernements provisoires, accusés d’avoir bénéficié d’un appui tacite de Washington malgré leur manque de légitimité populaire.
Le mandat de Michelle J. Sison s’était aussi inscrit dans une période de tension où les États-Unis, “tout en affichant un soutien formel au peuple haïtien,” avaient été accusés de promouvoir leurs propres intérêts stratégiques, notamment en matière de sécurité régionale et de lutte contre l’immigration. Ce contexte a souvent rendu délicates les relations bilatérales, nourrissant un sentiment de méfiance envers l’administration américaine chez certains segments de la population haïtienne.
En succédant à Sison, Dennis Hankins se trouve donc face à une mission particulièrement sensible. Il devra non seulement consolider les relations diplomatiques, mais également répondre aux attentes des Haïtiens qui espèrent une approche plus respectueuse de leur souveraineté nationale. Dans ses déclarations initiales, l’Ambassadeur Hankins a insisté sur son intention de travailler en partenariat avec le gouvernement haïtien et les acteurs de la société civile pour promouvoir la stabilité, la sécurité et le développement économique. En évitant de s’immiscer directement dans les affaires politiques internes, il pourrait chercher à rétablir une relation de confiance entre les deux nations, tout en soutenant les efforts de réforme en cours.
Toutefois, la présence des États-Unis en Haïti demeure un sujet de débat, notamment dans le cadre des aides financières et humanitaires, qui sont souvent perçues comme accompagnées de conditions politiques. Alors que Dennis Hankins entame sa mission, il devra naviguer avec prudence pour maintenir une coopération bilatérale efficace, sans reproduire les erreurs de ses prédécesseurs. Son défi consistera à encourager des solutions locales, en appuyant le processus de transition en cours sans imposer d’agenda extérieur, tout en renforçant les liens économiques et sécuritaires entre les deux pays.