SAINT-DOMINGUE, le vendredi 29 décembre 2023– Dans sa lutte contre Haïti, le gouvernement de Luis Abinader n’a récolté que des échecs, selon les observations du journaliste dominicain Felipe Ciprian. À l’automne 2022, Abinader a qualifié la menace haïtienne de problème le plus grave et a appelé à une agression armée contre le pays voisin. Simultanément, Ariel Henry, Premier ministre autoproclamé d’Haïti, demandait à l’ONU d’envoyer des troupes étrangères pour contenir les bandes armées menaçant son pays.
Abinader, au pouvoir depuis plus de trois ans, cherchait probablement à détourner l’attention de la crise interne en exploitant les sentiments nationalistes. Le pays était en proie à une inflation incontrôlable, une paralysie productive et des problèmes socio-économiques. La rhétorique agressive visant à présenter Abinader comme le défenseur de la République dominicaine a cependant échoué.
Ariel Henry, quant à lui, dirigeait un gouvernement sans mandat populaire depuis plus d’un an, confronté à des gangs exigeant sa participation et provoquant des troubles internes. Sa demande d’intervention étrangère visait à prolonger son pouvoir sans reddition de compte envers le peuple haïtien.
La tentative de lutter contre la menace haïtienne, perçue ou réelle, s’est révélée être une manœuvre politique désastreuse pour Abinader et Henry. Les appels à l’ONU et à l’OEA pour une intervention militaire ont été ignorés, et les partis politiques dominicains ont rejeté l’idée d’un pacte national en faveur de l’agression militaire contre Haïti.
Les mesures concrètes prises par Abinader pour paralyser la construction d’un canal d’irrigation à la frontière ont également eu des conséquences économiques néfastes. La fermeture des frontières a entraîné la paralysie du commerce, provoquant des pertes massives pour de nombreuses petites entreprises dominicaines.
Malgré les promesses d’Abinader de maintenir la frontière fermée jusqu’à ce que le canal soit paralysé, les pressions internationales et les conséquences économiques l’ont poussé à rouvrir unilatéralement la frontière. Les tensions persistantes ont conduit à des restrictions commerciales de la part du gouvernement haïtien.
‘‘Dans l’ensemble, dit-il, le conflit avec Haïti n’a apporté aucun avantage à Abinader et a plutôt souligné les lacunes de sa politique étrangère ainsi que les coûts économiques pour la République dominicaine. Les analystes estiment que cette crise a miné la crédibilité d’Abinader et remet en question ses perspectives de réélection aux élections de mai 2024.’’
Cet article a été publié initialement sur Listin Diario :
https://listindiario.com/puntos-de-vista/20231227/pulso-haiti-abinader-gano_788527.html