WASHINGTON, jeudi 23 septembre 20221– L’Envoyé Spécial américain en Haïti, Daniel Foote a remis officiellement sa démission au secrétaire d’Etat américain, M. Antony Blinken.
Dans sa lettre datée du 22 septembre 2021 dont RHINEWS a obtenu copie, le diplomate américain a évoqué plusieurs raisons pour justifier sa décision de démissionner en tant qu’Envoyé spécial pour Haïti.
‘‘C’est avec une profonde déception et toutes mes excuses à ceux qui recherchent des changements cruciaux, j’annonce ma démissionne de mon poste d’Envoyé spécial pour Haïti, avec effet immédiat’’, a-t-il écrit.
« Je ne serai pas associée à la décision inhumaine et contreproductive des Etats-Unis d’expulser des milliers de réfugiés haïtiens en Haïti alors que les autorités américaines savent le danger qu’il y a en Haïti actuellement avec la prolifération des gangs armés, un pays où les responsables américains sont confinés dans des complexes sécurisés en raison du danger posé par des bandes armées contrôlant la vie quotidienne », peut-on lire dans cette correspondance.
‘‘Notre approche politique envers Haïti, a poursuivi le diplomate, reste imparfaite, et mes recommandations ont été ignorées et rejetées, lorsqu’elles n’ont pas été modifiées pour projeter un récit différent du mien.’’
Selon Daniel Foote, ‘‘le peuple d’Haïti est embourbé dans la pauvreté, otage de la terreur, des enlèvements, des vols et des massacres de gangs armés et souffrant d’une alliance gouvernementale corrompue associé avec des gangs, ne peut tout simplement pas supporter l’infusion de milliers de migrants de retour manquant de nourriture, d’abri et d’argent sans provoquer une tragédie humaine supplémentaire évitable.’’
Il a affirmé que l’Etat s’est effondré en Haïti et ne peut, donc, assurer la sécurité ni fournir les services de base aux citoyens, soulignant que la déportation de plus de réfugiés risque d’aggraver le désespoir et augmenter la criminalité dans le pays.
« La migration massive vers nos frontières ne fera que croître à mesure que nous ajouterons à la misère inacceptable d’Haïti », a écrit M. Foote.
Dénonçant la présence de Dr. Ariel Henry a la tête de la Primature qui a été imposé par la communauté internationale, à travers un soi-disant accord du 11 septembre, Daniel Foote a estime que les haïtiens ont besoin d’assistance immédiate pour restaurer un gouvernement stable pour neutraliser les gangs armés, et, pour restaurer l’ordre à travers la police nationale d’Haïti.
Selon lui, les haïtiens ont besoin d’un vrai accord large et inclusif des acteurs de la societe civile et des acteurs politiques avec le soutien de la communauté internationale afin de les conditions pour conduire le pays aux élections à travers lesquelles ils choisiront leur président et leur parlement.
‘‘Ils ont besoin d’assistance humanitaire, de l’argent pour faire se faire se procurer des vaccins anti-COVID-19 et beaucoup d’autres choses’’, a souligné le diplomate.
Il a donc dénoncé le soutien du Core Group au Premier ministre de facto Dr. Ariel Henry et à son accord illégal et partisan.
On se souvient qu’en date du 15 septembre 2021, le Core Group (composé des Ambassadeurs d’Allemagne, du Brésil, d’Espagne, des États-Unis d’Amérique, de la France, de l’Union Européenne, ainsi que du Représentant spécial de l’Organisation des États Américains et de la Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations Unies), dans une note a dit encourager les efforts entrepris par le Premier Ministre. Daniel Foote n’a pas partagé cette prise de position du Core Group jugé trop partisane.
Il a souligné que, « La semaine dernière, les ambassades des États-Unis et d’autres à Port-au-Prince ont publié une autre déclaration de soutien au Premier ministre de facto non élu, le Dr. Ariel Henry en tant que chef par intérim d’Haïti, et ont continué à vanter son « Accord politique » sur un autre accord plus large et plus ancien piloté par la société civile ».
« Ce cycle des interventions politiques internationales en Haïti a constamment produit des résultats catastrophiques. Plus d’impacts négatifs sur Haïti auront des conséquences désastreuses non seulement en Haïti, mais aux États-Unis et chez nos voisins de l’hémisphère » a-t-il fait remarquer.
Cependant, dénonçant l’influence internationale, en particulier des Etats-Unis sur la politique haïtienne, Foote a fait remarquer que, ‘‘ce que nos amis haïtiens veulent vraiment et ont besoin, l’opportunité de tracer leur propre voie, sans marionnettes internationales et candidats privilégiés, mais avec un véritable soutien pour aller dans cette voie.’’
« Je ne crois qu’Haïti pourra jouir de la stabilité que lorsque les citoyens auront la dignite de pouvoir choisir leurs vrais leaders de manière juste et acceptable », a-t-il insisté.
L’orgueil qui nous fait croire que nous devrions choisir le gagnant – encore une fois – est impressionnant. Ce cycle d’interventions politiques internationales en Haïti aura constamment produit des résultats catastrophiques, a averti Daniel Foote, soulignant également qu’impact plus négatif sur Haïti entraînera des conséquences désastreuses non seulement en Haïti, mais aux États-Unis et chez nos voisins de l’hémisphère.
Selon une source proche de l’intéressé souhaitant garder l’anonymat, l’Envoyé spécial était particulièrement déçu du manque de collaboration de l’Ambassade américaine en Haïti ayant à sa tête Michele J. Sison qui chercherait, du même coup, à influencer son travail, voire l’orienter.
‘‘Les efforts de Daniel Foote ont été compromis par l’ambassade qui aurait affiche un comportement partisan, ruinant ainsi toutes les chances pour que l’Envoyé Spécial réussisse son pari,’’ a indiqué la source.
‘‘Des rencontres tenues avec certains acteurs sociaux et politiques dans le cadre de la recherche d’un accord politique susceptible de créer les conditions pour amorcer une transition démocratique en Haïti après l’assassinat de l’ex-président Jovenel Moïse, auraient également compliqué la situation pour Daniel Foote qui n’aurait eu pas le soutien de l’ambassade à ce nouveau,’’ selon la même source.
L’Envoyé spécial s’était engagé à travailler avec des partenaires haïtiens et internationaux pour faciliter la paix et la stabilité à long-terme et soutenir les efforts visant à organiser des élections présidentielles et législatives libres et équitables en Haïti.
La nomination de l’ambassadeur Daniel Foote comme Envoyé spécial des Etats-Unis pour Haïti est une réponse à une exigence de nombreux congressmen américains qui, n’ayant pas été satisfait par la politique de l’ambassadrice Michele J. Sison, en avaient fait la demandé à plusieurs reprises.