Miami, dimanche 27 mars 2022- L’Ambassadeur Daniel Foote, s’est dit profondément préoccupé par la détérioration de la situation générale d’Haïti au cours de ces deniers mois.
Dans une interview à RHINEWS, l’ex-envoyé spécial des Etats-Unis en Haïti a fait état de la violence criminelle et des gangs armés qui pourrissent la vie des citoyens, les empêchant de vaquer librement à leurs occupations quotidiennes.
Selon le diplomate américain, cette situation traduit la faiblesse et l’inefficacité du pouvoir en place à assurer un minimum de bien-être aux haïtiens, arguant que c’est l’une des premières responsabilités d’un gouvernement responsable.
Il a dit noter que la situation devient de plus en plus grave au niveau d’un ensemble de zones de la région métropolitaine de Port-au-Prince, dont Croix-des-Bouquets, Martissant, Village de Dieu entre autres où les gangs armés imposent leurs lois sans que personne ne les inquiète.
Il a affirmé qu’au cours de ces dix dernières années, de nombreux rapports d’enquête d’organisations des droits humains ont établi clairement qu’il existe des relations étroites entre les gouvernements et les réseaux criminels qui opèrent dans le pays.
L’ex-envoyé spécial a déploré que l’équipe au pouvoir n’ait rien tenté pour mettre fin aux activités des gangs criminels en Haïti.
Pour Daniel Foote, cette situation est intenable et inacceptable, soulignant qu’on ne peut pas demander à une population de vivre dans des conditions aussi douloureuses et pénibles.
‘‘Après huit (8) mois sans apporter la moindre réponse aux problèmes des haïtiens qui désirent vivre autrement, si Dr. Ariel Henry et ceux qui sont autour de lui veulent du bien pour leur pays, ils doivent démissionner immédiatement pour faciliter une issue à la crise haïtienne qui a déjà trop duré’’, a déclaré M. Foote.
‘‘Je sais qu’ils ne démissionneront pas parce qu’ils ne veulent du bien pour leur pays’’, a-t-il renchéri, arguant que c’est la condition pour Haïti de faire un bon en avant.
Daniel Foote a qualifié de pure folie toute velléité d’engager Haïti sur la voie des élections sans neutraliser les gangs armés qui assiègent de nombreuses zones à forte concentration populaire. ‘‘Comment demander aux citoyens d’aller voter s’ils ont peur de sortir par crainte d’être abattus par des bandits sans foi ni loi qui opèrent en toute impunité’’, s’est-il interrogé.
Selon lui, les conditions ne sont pas réunies pour avoir des élections crédibles avec la participation des haïtiens. « Si on veut organiser des élections frauduleuses sans participation populaire, c’est possible, mais on doit s’attendre que la crise s’aggrave encore davantage aussi », a-t-il averti.
Foote a de nouveau insisté pour que l’administration Biden retire son soutien au gouvernement de fait de Dr. Ariel Henry qui, a-t-il déclaré, n’a rien fait pour chercher un large consensus avec les différents secteurs en présence pour résoudre la crise, soulignant que la situation a empiré davantage au cours des huit derniers mois.
« Ariel Henry est le problème lui-même, c’est pourquoi il ne veut pas chercher une solution à la crise », a déclaré M. Foote qui a indiqué que la solution est là, à travers l’accord de Montana qui, a-t-il précisé, est le fruit de discussions entre de nombreuses organisations de la société civile et des partis politiques issus d’horizon différents.
Il a estimé qu’il est temps que les Etats-Unis changent leur politique en Haïti, sachant que les haïtiens sont fatigués de cette approche selon laquelle ils doivent avoir la bénédiction de la communauté internationale pour décider de ce qui est bon pour leur pays.
Selon lui, les Etats-Unis devraient laisser le soin aux haïtiens d’implémenter le consensus qui a été trouvé dans le cadre de l’accord de Montana, sans imposer leur vue tout en s’assurant que tout se passe bien et que les autorités de transition ne soient pas liées aux gangs armés, qu’elles ne pillent pas les fonds publics et qu’elles assurent une bonne gouvernance à la tête du pays.
‘‘On ne peut rien faire avec Dr. Ariel Henry parce que les haïtiens n’ont pas confiance en lui et il ne manifeste aucune volonté pour trouver une solution consensuelle à la crise, a déclaré Daniel Foote. Nous devons éviter de commettre en Haïti la même erreur que nous avions commise en Afghanistan en 2014, a-t-il rappelé, ajoutant que nous avions réalisé des élections et installé un gouvernement, mais ça n’a pas marché dès le premier jour parce que personne ne faisait confiance au gouvernement ».
Foote a averti que la solution à la crise haïtienne doit être le fruit d’un consensus haïtien, par et pour les haïtiens. ‘‘Cette solution ne doit pas être imposée par la communauté internationale qui, a-t-il souligné, doit reconnaitre qu’Ariel Henry ne peut et ne pourra stabiliser le pays ni assurer une saine gestion et une gouvernance qui rassure tout le monde.’’
Il a estimé que l’accord de Montana, compte tenu du consensus qu’il caractérisé, peut garantir une meilleure gestion économique et politique, apporter la stabilité et la sécurité dont la communauté internationale se dit particulièrement soucieuse.