Buffalo, New York, vendredi 6 septembre 2024 – L’ancien envoyé spécial des États-Unis en Haïti, Dan Foote, a vivement critiqué la gestion de la crise haïtienne par son pays lors d’une interview avec CNN. Alors que les États-Unis et d’autres nations espéraient déployer environ 2 500 forces kényanes en Haïti, seuls 380 agents sont actuellement sur le terrain. Malgré ce nombre réduit, Brian Nichols, secrétaire d’État adjoint américain pour les affaires de l’hémisphère occidental, a affirmé qu’« Haïti est bien plus stable qu’il ne l’était il y a quelques mois ».
Daniel Foote a fermement rejeté cette évaluation, la qualifiant de « mensonge ». Il a déclaré : « Ils vantent la réouverture de l’aéroport comme un grand progrès, mais l’aéroport était déjà ouvert avant tout cela. M. Nichols et M. Blinken retombent dans le même schéma américain, qui perpétue le cycle de crises en Haïti. » Selon Foote, la politique américaine consiste à désigner un conseil ou une personnalité haïtienne pour gouverner, mais ces dirigeants finissent par se corrompre, car ils ne sont pas redevables au peuple haïtien.
Il a ajouté que le gouvernement actuel, dirigé par Gary Conille et soutenu par les États-Unis, manque de légitimité et de soutien populaire, ce qui compromet les futures élections : « Les Haïtiens ne feront pas confiance au gouvernement actuel et ne participeront pas aux élections. Le pays ne fera qu’empirer, et ce cycle se répétera. »
Foote a également critiqué l’idée de relancer une opération de maintien de la paix des Nations Unies en Haïti, rappelant que les Haïtiens s’opposent fermement à toute nouvelle mission de l’ONU en raison des abus et des atrocités commises par les forces de maintien de la paix dans le passé, notamment des massacres, des exploitations sexuelles et l’ introduction du choléra.
« Les Haïtiens sont unanimes sur une chose : ils détestent l’ONU et ne veulent pas d’une autre mission de maintien de la paix », a affirmé Foote.
Interrogé sur la meilleure façon pour les États-Unis d’intervenir dans cette crise, Foote a proposé une approche différente : « J’ai une idée unique. Laissons les Haïtiens nous dire comment les aider pour une fois. » Il a rappelé qu’avant l’assassinat du président Jovenel Moïse en juillet 2021, la société civile haïtienne avait entamé un dialogue national qui avait abouti à un large consensus politique début 2022. Ce processus, selon lui, aurait pu constituer une base solide pour des élections crédibles si les États-Unis l’avaient soutenu.
Cependant, Foote a déploré que Washington ait ignoré cette initiative et continue de négliger la possibilité d’un véritable dialogue national haïtien. « Sans un dialogue national, je ne pense pas qu’Haïti s’améliorera du tout », a-t-il averti.
L’interview de Foote souligne la nécessité de repenser l’approche internationale en Haïti, en mettant l’accent sur l’autodétermination et le soutien aux solutions locales.