PORT-AU-PRINCE, mardi 18 juin 2024 – La Plateforme des Organisations Haïtiennes des Droits Humains (POHDH), accompagnée de ses partenaires tels que CRESFED, JILAP, GAJ, ICKL, PAJ, RNDDH, et Sant Karl Lévêque, tire la sonnette d’alarme face à la détérioration de la situation sanitaire dans les camps de déplacés du pays. Depuis plusieurs années, Haïti traverse une crise multidimensionnelle impactant sévèrement plusieurs secteurs, y compris celui de la santé.
La POHDH souligne que les actes de violence incessants ont exacerbé la fragilité du système de santé déjà défaillant. Plus de 20 centres de santé, publics et privés, ont été contraints de fermer leurs portes, parmi lesquels l’Hôpital Universitaire d’État d’Haïti (HUEH) et le Sanatorium, une des rares institutions spécialisées dans le traitement de la tuberculose et d’autres infections pulmonaires.
‘‘En raison de l’insécurité, des milliers de personnes ont quitté leurs foyers pour chercher refuge dans des camps de déplacés. Parmi eux, de nombreux patients hospitalisés ont dû les rejoindre après l’attaque armée de l’hôpital en août dernier. Sans aucune infrastructure adéquate, ces personnes font face à divers dangers’’, déclare la POHDH.
Selon la Plateforme, dans ces camps, la gestion des déchets est inexistante. Les détritus et les eaux usées jonchent les espaces, créant un environnement propice à la prolifération des moustiques et augmentant ainsi le risque de maladies telles que la filariose, le paludisme, le Zika, le choléra, et bien d’autres.
Lors de ses interventions dans les camps, la POHDH a constaté une augmentation inquiétante des cas de fièvre, d’éruptions cutanées et d’infections. Récemment, les cas de tuberculose se sont multipliés, et un décès dû à cette maladie a été signalé. La promiscuité dans laquelle vivent ces personnes facilite grandement la propagation de la tuberculose, une maladie transmissible par voie aérienne.
En septembre 2023, la POHDH avait déjà alerté les autorités après l’attaque du Sanatorium, demandant des mesures immédiates pour accompagner les malades et prévenir la propagation de la tuberculose. Aujourd’hui, face à l’aggravation de la situation, la POHDH renouvelle son appel pressant pour que les autorités agissent de toute urgence.
La POHDH exhorte les autorités à prendre les dispositions nécessaires pour assurer le fonctionnement des centres de traitement de la tuberculose et la réouverture des hôpitaux fermés, notamment l’Hôpital Général. La plateforme insiste sur l’importance de faire de l’accompagnement des déplacés une priorité pour le nouveau gouvernement. Ces personnes vivent dans des conditions où leurs droits fondamentaux – droit à l’alimentation, droit à des soins de santé, droit à un habitat digne – sont constamment bafoués.
La POHDH rappelle aux autorités leur obligation de protéger la vie et la santé de la population, conformément à la Constitution haïtienne de 1987 et aux instruments internationaux relatifs aux droits humains ratifiés par Haïti.