GENEVE, dimanche 15 octobre 2023– L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et le gouvernement d’Haïti lancent un appel de 21 millions de dollars afin de garantir une meilleure protection et de meilleures conditions d’hébergement pour les dizaines de milliers de personnes récemment déplacées par la violence des groupes criminels à Port-au-Prince, la capitale du pays, depuis la mi-août.
Selon l’organisation, ‘‘les flambées de violence successives dans les quartiers de Carrefour-Feuilles et de Savanes Pistaches à Port-au-Prince, ont fait fuir de nombreux habitants. Ils s’installent de plus en plus dans des sites improvisés, où leur vulnérabilité est accrue, plutôt que dans des communautés et des familles d’accueil.’’
« Les déplacements menacent sérieusement la santé ainsi que la sécurité alimentaire et économique des personnes, les exposent à des violences fondées sur le genre et exercent une pression sur les infrastructures locales et la cohésion sociale au sein des communautés d’accueil », a déclaré Philippe Branchat, chef de mission de l’OIM en Haïti.
Près de 200 000 personnes sont actuellement déplacées en Haïti, dont environ 70 000 se trouvent dans des installations spontanées et des centres collectifs inadéquats et précaires, 31 000 dorment dans la rue et 34 000 sont entassées dans des salles de classe, selon la Matrice de suivi des déplacements (DTM) de l’OIM.
‘‘De nombreuses familles ne peuvent pas répondre à leurs besoins de base. Les abris inadéquats et les conditions de surpeuplement aggravent les tensions, contribuent à la violence et augmentent le risque d’agression sexuelle, souligne l’OIM.
« Lorsque les tirs ont commencé, j’ai quitté mon quartier avec mon fils », confie une femme vivant dans l’un des sites de déplacement. « Je devais nous trouver un endroit où nous réfugier rapidement. J’ai trouvé le Lycée Jean-Marie Vincent. Il n’y a pas beaucoup de place dans les salles de classe et quand il pleut, nous dormons debout sous la pluie. »
L’OIM et le gouvernement haïtien codirigent l’activation du cluster chargé des abris, qui réunit les acteurs gouvernementaux, des organismes des Nations-Unies ainsi que des ONG locales et internationales.
Les partenaires des clusters accélèrent les efforts pour distribuer des couvertures, des matelas, des conteneurs pour le stockage de l’eau, des kits pour la construction d’abris d’urgence et des ustensiles de cuisine à 70 000 personnes.
Au total, 53 centres collectifs pour déplacés internes recevront des équipements et subiront des réparations et une aide en espèces sera distribuée à 130 000 personnes vivant dans des familles d’accueil. L’OIM aide également les personnes les plus vulnérables à quitter les sites de déplacement pour trouver un logement plus adéquat.
Pour améliorer l’efficacité de la fourniture d’aide, l’OIM gère un mécanisme d’accès commun en Haïti, mettant à la disposition de ses partenaires des articles de première nécessité.
La crise prolongée a épuisé la capacité des familles d’accueil à soutenir les personnes déplacées, entraînant des déplacements secondaires et des vulnérabilités accrues. En six mois, le pourcentage de personnes déplacées hébergées au sein de familles d’accueil a chuté de 75 à 55 pour cent, tandis que le pourcentage de personnes présentes dans des centres collectifs est passé de 25 à 45 pour cent.
Pour aggraver davantage la situation, plus de 115 000 Haïtiens ont été rapatriés de force depuis les pays voisins en 2023, dont bon nombre n’ont pas de document d’identité approprié, ce qui complique leur réintégration. Les données de l’OIM montrent que près de 22 pour cent des personnes rapatriées avaient déjà été déplacées à l’intérieur d’Haïti, soulignant la nécessité de trouver des solutions durables au déplacement interne.
Tandis qu’une aide vitale est essentielle, il est urgent d’accélérer les progrès dans la lutte contre les causes profondes du déplacement.
Les gangs armés qui entretiennent un climat de violence criminelle permanente dans le pays, contient de terroriser impunément la population haïtienne.
Comme des fauves ensauvagés, ils continuent de piller, massacrer, incendier, kidnapper er violer sous les regards du gouvernement qui mise gros sur le déploiement d’une force multinationale pour résoudre la crise sécuritaire et humanitaire que subit le pays depuis plusieurs années, qui s’est aggravé considérablement au cours des deux ans écoulés.