SPRINGFIELD, (Ohio), mercredi 11 septembre 2024- Depuis 2020, Springfield, une ville de 59 000 habitants dans l’État de l’Ohio, est sous le feu des projecteurs en raison de l’arrivée massive de migrants haïtiens. Selon les autorités locales, environ 15 000 Haïtiens sont venus s’y installer sous le statut de protection temporaire, un programme humanitaire qui permet aux migrants de rester aux États-Unis en raison des conditions dangereuses dans leur pays d’origine. Alors que ces nouveaux arrivants fuient la violence des gangs et l’instabilité persistante en Haïti, cette immigration massive a provoqué une série de crises à Springfield, notamment au niveau des services publics, de la santé et du logement.
Le gouverneur républicain de l’Ohio, Mike DeWine, a annoncé des mesures pour soutenir la ville face à ces défis. Lors d’une conférence de presse, il a déclaré que son administration ne s’opposait pas au programme de protection temporaire, mais que le gouvernement fédéral devait intensifier son aide aux communautés impactées. DeWine a souligné les difficultés vécues par les résidents : files d’attente prolongées dans les hôpitaux, surcharge des salles de classe, et manque de services essentiels. Pour répondre à ces besoins, il a annoncé le déploiement de la police de l’État pour soutenir les forces de l’ordre locales, ainsi qu’une enveloppe de 2,5 millions de dollars pour renforcer les soins de santé dans le comté.
En parallèle, le procureur général de l’Ohio, Dave Yost, a ordonné une étude juridique pour explorer la possibilité d’intenter une action en justice contre le gouvernement fédéral, dénonçant une arrivée “illimitée” de migrants dans les communautés de l’Ohio. Springfield est devenue le point central de cette crise, avec des ressources communautaires épuisées, des infrastructures scolaires débordées et des tensions grandissantes parmi les résidents.
Des préoccupations ont également été exacerbées par une vague de désinformation propagée en ligne, souvent amplifiée par des figures politiques de droite, y compris l’ancien président Donald Trump et son colistier, le sénateur JD Vance. Lors d’un débat présidentiel, Trump a faussement affirmé que des migrants haïtiens à Springfield volaient et mangeaient les animaux de compagnie des résidents. Des publications sur les réseaux sociaux ont également diffusé des allégations non vérifiées selon lesquelles des Haïtiens s’appropriaient des animaux locaux pour les consommer. Ces rumeurs ont été démenties par les autorités locales. Un porte-parole de la ville a clairement indiqué qu’aucun rapport crédible concernant des abus sur des animaux n’avait été signalé, et qu’il n’y avait aucune preuve d’activités illégales de la part de la communauté immigrante.
Malgré ces démentis, la désinformation continue de circuler, alimentant la peur et l’hostilité parmi certains résidents. Des incidents isolés, comme un accident de voiture impliquant un migrant haïtien sans permis valide, ont exacerbé les tensions. Cet accident, qui a coûté la vie à un enfant de 11 ans, a cristallisé la frustration de certains résidents sur les questions de sécurité routière et d’intégration des migrants.
La ville de Springfield, malgré son faible coût de la vie et ses opportunités d’emploi, peine à répondre à l’afflux soudain de migrants. Le logement est devenu un problème critique, les loyers ayant grimpé jusqu’à 3 000 dollars par mois, poussant certains résidents locaux hors de leurs maisons. Les services de santé sont également sous pression, avec des délais d’attente multipliés par trois pour les soins médicaux et une hausse des dépenses pour les traducteurs dans les écoles et les hôpitaux.
Au-delà des défis immédiats, la situation de Springfield reflète une crise plus vaste liée à l’immigration, exacerbée par des politiques fédérales controversées et la montée des discours alarmistes. En juin, l’administration Biden-Harris a étendu le statut de protection temporaire à environ 300 000 Haïtiens, leur permettant de rester aux États-Unis jusqu’en 2026. En outre, une application mobile controversée, CBP One, permet à des migrants d’Haïti et d’autres pays de demander l’asile depuis leur téléphone, facilitant ainsi leur arrivée sur le sol américain.
Alors que la communauté haïtienne continue de chercher refuge à Springfield, les responsables locaux tentent de rétablir un équilibre entre offrir un accueil humanitaire aux nouveaux arrivants et répondre aux préoccupations croissantes des résidents. Le maire de Springfield, Bryan Heck, a expliqué que la ville avait attiré ces migrants en raison de ses logements abordables et de ses emplois disponibles, mais les infrastructures de la ville, après des années de déclin, peinent désormais à absorber ce choc démographique.