PORT-AU-PRINCE, jeudi 21 septembre 2023- Le Bureau de Suivi de l’Accord (BSA) du 30 août 2021/ Accord Montana exprime ”son entière solidarité avec les compatriotes des communautés frontalières dont le combat pour une amélioration de leurs conditions de vie et de travail doit profiter à toute la production nationale.”
Dans un communiqué, le BSA déclare : « Les producteurs de la plaine de Maribaroux sont dans leur bon droit de rejeter toute forme d’injonction. Ils sont sur leurs terres et dans leur pays, aucune instance étrangère ne peut se constituer en juge, arbitre ou adversaire de leurs intérêts. »
Pourtant, souligne le BSA, ce sont les injonctions de va-t-en-guerres du pays voisin, nichés au sein de l’État et en quête de dividendes électorales, qui ont déclenché cette crise et braqué les projecteurs sur le dossier d’un canal d’irrigation dont la construction a été convenue il y a dix ans et initiée depuis mars 2021.
Cette instance de l’accord de Montana, “l’affaire du canal d’irrigation illustre et consacre d’abord la faillite d’un État dont les derniers gestionnaires – le PHTK – ont achevé la démolition. Nous vivons depuis plus de deux ans maintenant les effets de l’insécurité programmée par les tenants – en Haïti comme à l’extérieur – d’un pouvoir assassin et moribond, ajoutant que cette insécurité aux allures génocidaires est l’arbre qui cache la forêt des insécurités multiples qui minent les fondements mêmes de notre pays qui dérive sans gouvernail.”
Selon BSA, « l’arrogance actuelle du Président dominicain prend appui sur des décennies d’une politique migratoire agressive, attentatoire aux droits les plus fondamentaux du peuple haïtien et que M. Abinader se croit autorisé à exacerber en fermant les frontières entre les deux pays., soulignant qu’il se propose d’aborder le “dossier Haïti” avec ses “homologues kenyans” lors de l’Assemblée Générale des Nations Unies. »
Le communiqué indique qu’en tant que mouvement d’organisations citoyennes, “la compréhension et les positions de l’Accord de Montana rejoignent celles de nombreux secteurs et organisations dans les deux pays. Concernant les agitations du gouvernement dominicain il n’y a pas d’intérêt lésé, il n’y pas de violation du droit international ni d’accros aux traités bilatéraux (de 1929, 1935 et 1936), il n’y a aucune injonction à observer. Notre souveraineté nationale et notre souveraineté alimentaire ne sont pas objet de discussion”, soutient le BSA.
Il note que de larges secteurs de l’opinion dominicaine, les habitants des deux côtés de la frontière qui connaissent le vivre ensemble, l’ont bien compris et expriment publiquement leur solidarité avec les Haïtiens.
Concernant les réactions du pouvoir de facto haïtien, le BSA estime qu’ « il est à craindre que leur insouciance démissionnaire ne consacre l’abandon de tout un pays à la vindicte internationale. Les premières mesures annoncées (envoi d’une délégation de la commission mixte bilatérale, présentation de l’ambassadeur dominicain à la chancellerie) n’augurent guère d’une gestion ferme des intérêts de la nation, rappelant qu’en 2004, l’État haïtien a concédé plus de 80 hectares de Maribaroux, l’une des plaines du pays ayant une grande potentialité agricole, à un groupe financier dominicain pour implanter la zone franche de CODEVI[… ] »
Selon le BSA, “cette attitude pusillanime n’est pas nouvelle dans la diplomatie haïtienne mais elle se reproduit dans un contexte où l’urgence nationale est absolue.”
« Toute cette situation illustre une fois de plus que seule une rupture d’avec le système qui a engendré ce chaos permettra une remise en ordre et un assainissement des institutions et des structures de l’État. Alors les citoyens martyrisés par les agressions de gangs armés, les producteurs laissés pour compte, les migrantes et migrants réduits à la clandestinité et ses dangers, les populations frontalières en quête de support national pourront choisir et accompagner librement leurs dirigeants et dirigeantes pour la défense de l’intérêt national et la construction de nouvelles relations de solidarité et d’intérêts mutuels, avec nos voisins et avec tous nos partenaires internationaux », déclare l’accord de Montana.
Le président dominicain, Luis Abinader qui a fermé depuis une semaine toutes ses frontières terrestre, maritime et aérienne avec Haïti continue d’exiger l’arrêt des travaux de construction du canal d’irrigation. Pendant ce temps, malgré la réaction molle et timide du gouvernement d’Haïti, les planteurs de Maribaroux qui bénéficient d’un vaste élan de solidarité, n’étendent pas baisser les bras.
Ils se disent déterminés à achever la construction de ce canal qui constitue la première prise haïtienne sur la rivière Massacre, exprimant leur volonté d’en construire d’autres en fonction des besoins en eau pour relancer la production agricole dans cette région du pays.