PORT-AU-PRINCE, vendredi 22 novembre 2024 – Le ministre haïtien des Affaires Étrangères et des Cultes d’Haïti, Jean-Victor Harvel Jean-Baptiste, a convoqué jeudi après-midi l’ambassadeur de France en Haïti, Antoine Michon, pour exprimer l’indignation du gouvernement haïtien suite à des propos offensants tenus par le président français Emmanuel Macron, à l’encontre des autorités haïtiennes. Ces déclarations, faites à la sortie du sommet du G20 au Brésil, ont été jugées « inacceptables » et « inappropriées » par le pouvoir de transition haïtien.
Le chancelier haïtien a fait part à l’ambassadeur français de la position officielle du gouvernement, qualifiant ces propos de « geste inamical » nécessitant une rectification. À cette occasion, une lettre de protestation adressée au ministre de l’Europe et des Affaires Étrangères de la France, Jean-Noël Barrot, a été remise à Antoine Michon.
En réponse, l’ambassadeur a reconnu le caractère « malheureux » des déclarations du président Macron, tout en soulignant qu’elles avaient été prononcées dans un « contexte bien spécial ». Il a néanmoins réitéré l’engagement de la France à accompagner Haïti dans la réalisation des priorités de la transition, notamment le rétablissement de la sécurité et la tenue des élections.
Mercredi, Emmanuel Macron avait provoqué une vive polémique en qualifiant les dirigeants haïtiens de « cons », après le limogeage de Garry Conille, alors Premier ministre d’Haïti. Visiblement agacé, le président français avait affirmé : « Conille était un Premier ministre formidable. Ce sont les actions des dirigeants haïtiens eux-mêmes qui compromettent le futur de leur pays. Ce sont les Haïtiens qui tuent Haïti. »
Ces propos, tenus devant la presse internationale, ont été perçus comme un affront direct aux autorités haïtiennes. Le caractère abrupt et sévère des déclarations de Macron a rapidement déclenché des réactions d’indignation au sein du gouvernement de transition et au-delà.
La décision de limoger Garry Conille a été prise par le Conseil Présidentiel de Transition (CPT) à la suite de désaccords persistants sur plusieurs dossiers sensibles, notamment des nominations, des initiatives anti-corruption, un éventuel remaniement ministériel et des orientations stratégiques.
Garry Conille s’était publiquement opposé à plusieurs décisions du CPT, notamment lors de l’Assemblée générale des Nations Unies, exacerbant ainsi les tensions internes. Le CPT a justifié cette décision comme une nécessité pour garantir la cohésion au sein de l’exécutif, mais celle-ci a été largement critiquée, y compris sur le plan international.
Alix Didier Fils-Aimé, homme d’affaires soutenu par le secteur privé, a été nommé pour succéder à Garry Conille. Son gouvernement, qui est entré en fonction il y a une semaine, peine toutefois à apaiser les critiques, notamment sur sa légitimité et ses priorités dans un contexte de transition difficile.
Alors que les relations franco-haïtiennes sont traditionnellement marquées par une coopération étroite, cette crise diplomatique pose la question de leur évolution à court terme, en particulier dans un climat où chaque parole et décision peut avoir des répercussions importantes