Crise de l’éducation en Haïti : les syndicats enseignants du Nord, du Sud et de Petit-Goâve exhortent le président Fritz Alphonse Jean à intervenir d’urgence…

Fritz Alphonse Jean, president du CPT...

CAP-HAÏTIEN,vendredi 18 avril 2025 (RHINEWS)— Des voix syndicales convergentes en provenance des départements du Nord, du Sud et de la région de Petit-Goâve appellent le président Fritz Alphonse Jean à prendre, sans délai, les mesures nécessaires pour mettre fin à la crise qui paralyse l’ensemble du système éducatif public en Haïti depuis le 6 janvier 2025. À l’unisson, les structures syndicales régionales affirment leur plein soutien à la lettre ouverte transmise par la centrale syndicale CUTRASEPH au chef de l’État le 14 avril dernier, dans laquelle il est exigé une réponse concrète aux revendications des enseignants.

Dans le département du Nord, la branche régionale de COASEN/UNNOH, accompagnée des organisations OPEN, FAENNE, AEL, AEP et SEMP, tire la sonnette d’alarme face à ce qu’elle qualifie de « négligence du gouvernement central », qui aurait volontairement ignoré les revendications exprimées depuis janvier. « Il est temps que l’État envoie un signal clair qu’il est enfin prêt à traiter les enseignants avec dignité », indique le communiqué, appelant le président à convoquer toutes les instances concernées pour permettre la réouverture des écoles dès la fin des congés de Pâques. « Parents, enseignants et élèves sont à bout. Trois mois de grève, c’est trop », a déclaré Jean Cilien Felix, coordonnateur de COASEN, insistant sur « l’urgence d’un accord ».

À Les Cayes, les plateformes SEHA, REPONSE, UNOH, UNOEH ainsi que FUPAD, ODHS et KANEEH, reprennent les mêmes exigences et appellent le président à agir « pour éviter l’effondrement complet du système éducatif sous la conduite du ministre de l’Éducation, Antoine Augustin ». Dans leur déclaration, elles insistent sur l’urgence d’une rencontre entre le président et les forces vives de l’éducation pour débloquer la situation. Elles rappellent les points clefs de la lettre ouverte de CUTRASEPH : le versement immédiat de la prime de départ de 25 000 gourdes, l’ajustement des salaires, les nominations, la rémunération à temps plein pour les enseignants des premier et deuxième cycles fondamentaux, et la mise en place de cantines scolaires dans tous les établissements publics. « Nous saluons le président dans un esprit patriotique, dans l’espoir qu’il adoptera les dispositions de la lettre afin que les écoles rouvrent dès la fin de la fête de Pâques », lit-on dans le texte signé par sept représentants syndicaux du Sud.

De leur côté, les enseignants de Petit-Goâve regroupés au sein du Collectif KOLARE, accompagnés des organisations CENEH, SEREP et RENED’H, expriment leur indignation face au « mépris affiché par le gouvernement » à l’égard du corps enseignant. « Le gouvernement a agi avec une négligence totale et a traité les enseignants comme des mendiants », déclare Ansy G. Junior Point-du-Jour, coordonnateur du collectif. Les enseignants dénoncent le fait que les engagements pris par le ministre Antoine Augustin lors de la rencontre du 20 janvier 2025 avec les syndicats n’ont connu aucun début d’exécution. Le collectif presse le président Jean de « trouver une entente sans délai avec les membres de son gouvernement afin de permettre aux enseignants de retourner en classe ». Selon eux, « si aucune décision rapide n’est prise, ce sont les parents et les élèves qui seront les principales victimes, et c’est l’année scolaire entière qui risque d’être perdue ». Ils en appellent au respect de l’accord signé le 20 janvier dernier entre l’État haïtien et les plateformes syndicales.

« Excellence, cela fait maintenant plus de trois mois que l’éducation ne semble plus être une priorité des autorités. Cette situation ne peut plus durer. L’éducation ne peut plus attendre », conclut le message, alors que les différentes régions du pays semblent désormais unies dans leur exigence d’une réponse présidentielle forte et immédiate pour sauver ce qui reste de l’année scolaire 2024-2025.