Covid-19/Soupçon de corruption: Youri Latortue appelle la Cour des Comptes à auditer la gestion des fonds alloués à la lutte contre la propagation du coronavirus

YOURI LATORTUE, SENATEUR

Port-au-Prince, 26 juin 2020- Le sénateur de l’Artibonite exprime ses préoccupations quant à la gestion des fonds alloués à la lutte contre le coronavirus. Apres avoir dénoncé a plusieurs reprises l’absence de transparence qui entoure la gestion de la crise sanitaire du covid-19, il s’adresse à la Cour Supérieure des Comptes et du Contentieux Administratif (CSCCA) pour auditer la gestion du gouvernement en ce qui a trait à la pandémie.

L’une des plus grandes inquiétudes de M. Latortue se situe au niveau de certaines agences gouvernementales dont le FAES (Fonds d’Assistance Economique et Social) indexé dans deux rapports d’audit  de la Cour des Comptes pour détournement de fonds et auquel de niuveaux fonds ont été confiés pour en assurer la distribution à des familles en difficulté.

Dans une correspondance adressée au président de la Cour des Comptes, Rogavil Boisguéné en date du 19 juin, Youri Latortue rappelle que jusqu’à date le FAES ne parvient toujours pas à justifier certaines dépenses effectuées dans le cadre de certains ‘’programmes sociaux’’ dont ‘’Ti manman cheri’’ et les 20,850 ‘’faux bénéficiaires’’ dudit programme.

Le parlementaire souligne que le FAES ne s’est toujours pas expliqué sur  la disparation de 368, 194,800.00 gourdes du Programme Ti-Maman-Chérie, ou sur les bons ‘’solidarité’’ ou ‘’Bon Dijans’’ et les 60,757 ‘’faux  bénéficiaires’’ à qui neuf (9) mois d’allocations ont été payés, et sur l’utilisation des 30, 378,500.00 de gourdes, évaporées des comptes de ladite structure.

‘’Même pour le programme ‘’Resto Pèp’’, le FAES n’arrive pas à justifier la disparition des 6,530,000.00 gourdes, découlant de la vente de 653,000 plats chauds subventionnés au prix de 10 gourdes le plat, pour ne citer que ces quelques exemples, a fait remarquer Youri Latortue.’’

Il exprime d’autres inquiétudes par rapport à un nouveau programme destiné à assister des familles nécessiteuses pour faire face au covid-19 dont la gestion a encore été confiée au FAES pour distribuer de l’argent cash à 1.5 millions de personnes à raison de 3,000.00 gourdes par personne.

Le parlementaire dit craindre une réactivation des structures ayant participé au détournement de fonds publics qui risqueraient de récidiver dans le cadre du covid-19 pour aggraver la calamité des haïtiens dont près de cinq millions vivent en situation d’insécurité alimentaire.

Dans sa correspondance, M. Latortue  signale  à  l’attention du président de la Cour des Comptes, l’absence d’une méthodologie d’éligibilité rigoureuse pour établir des bénéficiaires de ces transferts, comme l’absence d’un contrôle discipliné pour protéger les intérêts de l’Etat, et des ‘’vrais’’ bénéficiaires.

Il a fait remarquer que le 15 mai 2020, 100, 000,000.00 gdes (FAES) vont au ‘’cash financement en appui aux familles vulnérables.’’

Le 15 mai 2020, une somme additionnelle de  162, 115,000.00 gdes (FAES) va également au ‘’cash transferts en appui à 1,5 millions de ménages.’’

Le 29 mai 2020:  145,557, 000.00 gdes (FAES) pour cash transferts en appui à 1,5 millions de ménages.

‘’ De plus, souligne M. Latortue, des décaissements comme celui du 14 avril 2020 pour 203 millions de gourdes (FAES), afin d’octroyer un demi mois de salaire aux ouvriers des usines textiles, ainsi que d’autres montants également substantiels pour offrir des primes au personnel médical, aux policiers, aux professeurs, n’offrent aucune garantie que l’intégralité des fonds atteignent en effet les personnes désignées.’’

Youri Latortue met l’accent sur le fait que souvent, le double, ou même triple emploi, dans l’affectation des ressources suscite des interrogations sérieuses sur la véracité des libellés.   Il relève aussi des anomalies au niveau d’une commande d’équipements et de matériels médicaux en Chine pour un montant de 18 millions de dollars.

Le choix de transport de ces équipements pose problème également, selon M. Latortue. Il affirme que le coût du transport représente 60% du coût de la commande. Youri Latortue insiste sur la nécessité pour la Cour des Comptes d’investiguer sur l’ensemble de ces faits pour éviter, dit-il, que des fonds publics décaissés dans le cadre de l’Etat d’urgence sanitaire ne servent à enrichir illicitement certains individus du pouvoir politique.