Port-au-Prince, mardi 6 août 2024– La Conférence des Pasteurs Haïtiens (COPAH) a fermement critiqué la Fédération Protestante d’Haïti (FPH) pour des actions perçues comme visant à ternir sa réputation, dans un contexte où les méthodes de désignation des représentants au nouveau Conseil Électoral Provisoire (CEP) suscitent de vives controverses.
Dans une interview au Réseau Haïtien de l’Information (RHINEWS), le Dr Ernst Pierre Vincent, conseiller spécial de la COPAH, a dénoncé ce qu’il considère comme une campagne menée par la FPH pour discréditer la COPAH. “La COPAH s’est évertuée à bâtir sa réputation dans le milieu haïtien comme une institution prestigieuse du secteur protestant, qui ne s’est jamais prostituée avec un quelconque pouvoir politique pour défendre ses intérêts financiers ou pour un passeport diplomatique”, a-t-il déclaré. Il a insisté sur le fait que l’intégrité et l’honnêteté de la COPAH font d’elle l’une des organisations les plus respectées dans le monde protestant haïtien.
Le Dr Vincent a affirmé que la COPAH n’a jamais autorisé l’un de ses membres à participer à un processus de désignation pour le représentant du secteur protestant au CEP. “Nous ne nous associerons jamais avec des ‘coquins’ qui cherchent à influencer le choix du représentant pour maintenir le statu quo du chaos et de l’insécurité généralisée”, a-t-il ajouté.
Il a critiqué la FPH pour avoir procédé de manière opaque à la désignation de son propre secrétaire général, le pasteur Peterson Pierre-Louis, comme représentant des cultes. Selon le Dr Vincent, la FPH a “vendu la mèche” en ne consultant pas les autres organisations non adhérentes à la fédération. Une lettre datée du 14 juillet indique que le choix de M. Pierre-Louis a été fait par une commission exclusivement composée de membres de la FPH, ce qui, selon la COPAH, soulève des questions d’équité et de transparence.
Le Dr Vincent a souligné que les préoccupations de la COPAH vont au-delà de la simple désignation d’une personne : il s’agit d’une lutte pour la démocratie. “La FPH a été désignée pour coordonner le choix du représentant des cultes, non pas pour désigner à l’insu des autres organisations son propre secrétaire général”, a-t-il expliqué.
La réunion du 5 août 2024, à laquelle ont participé les conseillers-présidents Ingénieur Edgard Leblanc et Dr Frinel Joseph, ainsi que des représentants du Conseil National Spirituel des Églises Haïtiennes (CONASPEH) et de la Fédération des Pasteurs Haïtiens (FEPAH), a permis d’aborder cette problématique. Dr Vincent a confirmé que cet échange a été l’occasion d’exprimer les inquiétudes de la COPAH et de réitérer son engagement en faveur de processus électoraux justes et transparents.
Cette controverse survient dans un contexte où le processus de désignation des membres du CEP est déjà sous les feux des critiques de divers secteurs de la société haïtienne. De nombreux acteurs dénoncent un manque de transparence et des pratiques de favoritisme, ce qui risque de miner la confiance du public dans les institutions électorales.
La COPAH appelle à une révision du processus pour garantir que tous les acteurs aient une voix et que la représentativité des différentes sensibilités religieuses soit respectée. Le débat sur la nomination des représentants au CEP pourrait avoir des implications profondes pour la gouvernance démocratique d’Haïti, en influençant la manière dont les élections futures seront organisées et perçues.
Dans ce contexte, le débat autour de la désignation des représentants au CEP illustre les défis persistants auxquels Haïti est confrontée dans ses efforts pour renforcer ses institutions démocratiques. Alors que le pays se prépare à des échéances électorales cruciales, il est impératif que les mécanismes de gouvernance soient transparents et inclusifs pour restaurer la confiance du public et assurer une transition pacifique et démocratique.