Quartier-MORIN, (Nord), vendredi 17 janvier 2025- Dans une analyse critique des réformes constitutionnelles en cours, Hugues Célestin, sociologue et ancien député de Quartier-Morin, met en lumière un processus qu’il décrit comme une tentative flagrante de consolider la domination d’une élite corrompue tout en écrasant les aspirations populaires. Selon lui, ce projet s’inscrit dans un contexte de crise généralisée, où les conditions de vie de la majorité des Haïtiens se détériorent à une vitesse alarmante, alimentant la misère et la violence.
Le pays est confronté à une paupérisation croissante, touchant toutes les couches sociales. Travailleurs, professionnels, entrepreneurs, commerçants et ouvriers se retrouvent au chômage, gonflant chaque jour les rangs des démunis. Les ménages, écrasés par la hausse des prix des produits de première nécessité, peinent à subvenir à leurs besoins les plus élémentaires. Des milliers d’enfants et de jeunes sont privés de nourriture et d’éducation, devenant des proies faciles pour des gangs qui s’implantent toujours plus profondément dans la société haïtienne.
La violence est devenue omniprésente, laissant les populations dans une constante angoisse. Hugues Célestin rappelle que des filles, des femmes et parfois des garçons sont régulièrement victimes de viols, souvent sous les regards impuissants de leurs proches. Les kidnappings sont monnaie courante, plongeant les familles dans la ruine lorsqu’elles parviennent à payer des rançons exorbitantes ou dans le deuil lorsque les victimes sont retrouvées mortes. Certains corps sont abandonnés dans des lieux insalubres où ils deviennent la proie des chiens errants et des cochons affamés, illustrant la déshumanisation qui s’installe.
Des milliers de personnes, fuyant les violences et les guerres de territoire, s’entassent dans des camps insalubres. Ces espaces, où règnent humiliation et désespoir, témoignent de l’incapacité totale des autorités à garantir la sécurité et la dignité de leurs citoyens. Pendant ce temps, les gangs armés continuent de s’étendre, transformant des quartiers entiers en zones de non-droit, qu’Hugues Célestin qualifie de “territoires perdus”.
Dans ce contexte, une réforme constitutionnelle controversée est présentée comme une solution miracle par ses promoteurs. Cependant, Hugues Célestin dénonce une initiative qu’il estime être une manipulation orchestrée par des élites locales et internationales. Ce projet, initialement élaboré sous la présidence de Jovenel Moïse, a été remanié pour répondre aux intérêts des groupes dominants, avec pour objectif de consolider leur emprise sur le pays.
Adoptée après des décennies de dictature, la Constitution de 1987 prévoit, dans ses articles 282 et suivants, un cadre rigoureux pour tout amendement. Selon Célestin, ce cadre a été sciemment ignoré, ce qui rend cette réforme illégitime. Le 3 janvier 2025, Jerry Tardieu, président du Groupe de Travail sur la Constitution (GTC), a remis officiellement le texte au secrétariat technique du Comité de pilotage de la conférence nationale. Hugues Célestin dénonce cette démarche comme une trahison des sacrifices consentis par le peuple pour obtenir une démocratie fondée sur l’État de droit.
Le Conseil Électoral Provisoire (CEP), instrument des élites locales et des puissances étrangères, s’est précipité pour valider cette réforme. Dès le 12 janvier 2025, un avis de recrutement a été publié pour constituer des bureaux référendaires et électoraux. Pour Hugues Célestin, ces manœuvres ne sont qu’un prétexte destiné à masquer une mise en scène visant à imposer un texte conçu pour répondre aux besoins des dominants, au mépris des aspirations populaires.
L’histoire constitutionnelle d’Haïti est marquée par plus de vingt constitutions et de multiples tentatives de réformes, mais celles-ci ont systématiquement échoué à résoudre les problèmes structurels du pays. Hugues Célestin rappelle que chaque réforme a été utilisée comme un outil de renforcement du pouvoir d’une minorité au détriment de la majorité. Les crises liées à la pauvreté, à l’insécurité et à l’instabilité politique demeurent irrésolues, malgré les promesses réitérées de modernisation.
Le projet actuel ne déroge pas à cette logique. Derrière des discours promettant une modernisation de l’État, il dissimule un programme de concentration du pouvoir entre les mains de l’exécutif. Hugues Célestin insiste sur le fait que ce texte affaiblit les institutions de contrôle telles que le Parlement et la Cour supérieure des comptes, tout en éliminant les mécanismes de participation populaire. Pour lui, il s’agit d’une tentative flagrante de transformer le président en une figure omnipotente, un “après-Dieu” dans le paysage politique haïtien.
Ce projet s’accompagne d’une instrumentalisation des jeunes, que les politiciens opportunistes tentent d’intégrer dans les structures du Conseil Électoral Provisoire (CEP). Selon Hugues Célestin, cette démarche vise uniquement à exploiter leur précarité pour les utiliser comme un levier dans un processus dépourvu de toute légitimité démocratique.
Les manœuvres pour imposer cette réforme reflètent un mépris profond pour la souveraineté nationale et les besoins réels de la population. Hugues Célestin considère que ce projet, sous couvert de modernisation, n’est qu’une tentative de pérenniser un système autoritaire et élitiste, déconnecté des réalités du peuple haïtien.
Il estime que la priorité devrait être donnée à la lutte contre l’insécurité et la gangstérisation, qui ravagent le pays et paralysent son développement. Au lieu d’imposer une réforme déconnectée des besoins du peuple, il appelle à un effort concerté pour rétablir l’ordre et reconstruire les institutions.
Pour Hugues Célestin, défendre la Constitution de 1987 n’est pas une option, mais une nécessité. Bien qu’imparfaite, cette dernière reste un symbole des luttes démocratiques du peuple haïtien. La remplacer par une réforme imposée serait une trahison de cet héritage et un pas de plus vers l’asservissement de la majorité par une minorité corrompue.
Le sociologue appelle à une mobilisation collective pour rejeter ce projet qu’il qualifie d’imposture politique. Selon lui, seul un sursaut populaire pourra contrer cette tentative de confiscation du pouvoir et préserver les valeurs de liberté, de justice et de souveraineté qui doivent guider l’avenir d’Haïti.
“L’histoire a démontré que les peuples qui résistent avec courage et détermination finissent toujours par triompher.” À ses yeux, le rejet de cette réforme est une étape pour garantir un avenir meilleur à la nation haïtienne.
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