PORT-AU-PRINCE, samedi 12 octobre 2024– Dans une correspondance datée du 9 octobre 2024, Leslie Voltaire, Président du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), a répondu à une lettre du Premier ministre Garry Conille envoyée le 2 octobre 2024. Dans cette lettre, Garry Conille s’était opposé à la convocation de la Ministre des Affaires Étrangères par le Conseil Présidentiel de Transition, jugeant que cette action ne respectait pas les principes de bonne gouvernance.
Dans sa réponse, Voltaire réfute les arguments avancés par le Premier ministre. Il commence par contester l’interprétation faite par Conille des articles 156 et 159 de la Constitution. Selon Conille, ces articles établissent que « le Premier Ministre est le Chef du gouvernement et détient, en collaboration avec le Président de la République, l’autorité sur les membres du gouvernement. » Il avait également précisé que « le Premier Ministre dirige et coordonne les actions des Ministres, et que ceux-ci sont placés sous son autorité directe. » Cependant, Leslie Voltaire estime que cette lecture est erronée, affirmant que ces articles ne disent « absolument pas » ce que soutient le Premier ministre.
Voltaire rappelle ensuite que le Conseil Présidentiel de Transition exerce les pouvoirs du Président de la République, et qu’à ce titre, il constitue le Chef de l’État et le Chef du Pouvoir Exécutif, conformément à l’article 136 de la Constitution. Il insiste sur le fait que, dans l’exercice de ces fonctions, le CPT doit veiller au respect de la Constitution et au bon fonctionnement des institutions publiques. Il souligne également que le Conseil peut convoquer tout membre du Gouvernement sans la nécessité d’une consultation préalable avec le Premier ministre.
Se basant sur l’article 169-1 de la Constitution, Voltaire affirme que le Président de la République a le droit de donner des ordres, écrits ou verbaux, aux Ministres, tout en précisant que cela ne soustrait pas les Ministres à la responsabilité attachée à leurs fonctions. Il indique par ailleurs que pour une communication optimale entre le Président et les Ministres, une proximité physique est souvent nécessaire, afin de permettre des échanges verbaux.
En outre, Voltaire réfute l’argument de Conille concernant le délai alloué pour compiler les documents des missions diplomatiques, que ce dernier jugeait insuffisant. Selon Voltaire, ce temps était « largement suffisant. »
Pour conclure, Leslie Voltaire affirme que le Conseil Présidentiel de Transition, composé de « Femme et d’Hommes d’État respectueux des Lois de la République », n’a jamais cherché à entraver les fonctions du Premier ministre. Il rappelle son engagement à travailler en harmonie avec Garry Conille, tout en insistant sur le fait que ce dernier doit exercer ses fonctions « conformément aux normes et principes républicains. »
La correspondance de Voltaire, marquée par un ton ferme mais conciliant, illustre les tensions persistantes au donner de l’Etat entre le Premier ministre et le Conseil Présidentiel de Transition, notamment sur la répartition des prérogatives constitutionnelles au sein de l’exécutif.