Confusion, brouillage de piste, absence de transparence : L’enquête sur l’assassinat de Jovenel Moïse est dans l’impasse selon, Pierre Espérance

Martine moise posant la main sur le cercueil de l'ancien president Jovenel Moise

Port-au-Prince, mercredi 28 juillet 2021- Trois semaines après l’assassinat de Jovenel Moïse, ancien président d’Haïti, l’enquête ouverte sur cette affaire n’a toujours pas permis d’identifier ni l’auteur intellectuel ni le mobile du crime, déplore Pierre Espérance, directeur exécutif du réseau national de défense des droits humains (RNDDH).

Le militant des droits humains relève que l’enquête ne progresse pas véritable en raison d’un certain nombre d’obstacles politiques qui l’entourent. M. Espérance note que de nombreuses personnes qui devraient être auditionnées dans le cadre de l’investigation en cours, n’ont pas été entendues ni par la direction centrale de la police judiciaire (DCPJ) ni par le parquet, en raison de leur poids politique ou du soutien politique dont elles jouissent.

Il s’inquiète également du fait que des gardes présidentiels présents au moment de l’assassinat, l’ancienne première dame Martine Moïse et ses enfants n’aient pas été auditionnées encore dans le cadre de l’enquête.

‘’Certaines personnalités du régime, des cadres et agents de la police devraient être sous enquête, ils ne le sont pas, déplore Pierre Espérance qui souligne que tout cela constitue des obstacles majeurs au progrès de l’enquête et à la possibilité pour qu’elle aboutisse à faire la lumière sur l’assassinat de l’ancien président.’’

Il souligne le fait que les cadres de la PNH qui ont eu la charge de la sécurité présidentielle font simplement l’objet d’une mesure administrative de mise en isolement, sans avoir été entendu par la justice. Cette mesure peut être levée à n’importe quel moment, soutient-il.

Selon le défenseur des droits humains, l’enquête de la DCPJ qui fait un travail technique se heurte a des manœuvres politiques liées a une ‘’enquête politique,’’ conduite parallèlement par le parquet de Port-au-Prince qui émet des mandats d’amener, des avis de recherche et des mesures illégales d’interdiction contre plusieurs personnalités qui n’ont pas été invitées préalablement au parquet.

‘’Toutes ces manigances visent à brouiller les pistes afin qu’on ne sache pas la vérité sur ce qui s’est passé, ce qui, déclare M. Espérance, permettra aux assassins de Jovenel Moïse continuer à courir les rues impunément.’’

Pierre Espérance s’étonne également que trois semaines se sont déjà écoulées depuis que l’ancien président a été assassiné, le dossier n’a toujours pas été transféré au cabinet d’instruction pour les suites nécessaires.

‘’Pire encore, affirme-t-il, plus de quarante policiers de l’unité de sécurité générale du palais national (USGPN), des agents de la CAT Team et de la SWAT Team, éventuellement des témoins potentiels dans l’assassinat de l’ancien président Moïse, seraient en fuite.’’

Le responsable du RNDDH estime qu’il y a une volonté non seulement pour brouiller les pistes, éliminer des preuves et des témoins clés et entretenir une situation de confusion autour de l’enquête pour qu’elle ne remonte jusqu’à certains potentats politiques, policiers et d’autres personnalités du monde des affaires proches de Jovenel Moïse.

Jovenel Moïse, 53 ans, a été assassiné dans la nuit du 6 au 7 juillet 2021, en sa résidence privée à Pèlerin 5 par un commando de mercenaires colombiens d’américains originaires d’Haïti, selon les autorités haïtiennes.

Plus d’une vingtaine de personnes ont été arrêtées dans le cadre de cette affaire. D’autres sont recherchées et font l’objet d’interdiction de départ.