BOSTON, (MA), dimanche 4 août 2024– La conférence-débat organisée par l’Association des Journalistes Haïtiens de l’Étranger (AJHE), commémorant les 109 ans de l’occupation américaine d’Haïti le 28 juillet 1915, s’est tenue comme prévu. Cet événement s’est concentré sur le thème: : « Le rôle de la presse haïtienne dans un contexte d’occupation ».
La conférence a rassemblé une douzaine de participants qui ont attentivement écouté l’analyse du Professeur Roromme Chantal. Connu pour son ouvrage Comment la Chine conquiert le monde (2020), le professeur Chantal a proposé une perspective décoloniale sur la crise actuelle en Haïti. Plutôt que de se pencher directement sur le rôle de la presse, qu’il jugeait trop vaste, il a choisi de concentrer son discours sur la position du journaliste haïtien face à une occupation étrangère, notamment par des forces américaines.
Dès le début de son intervention, le Professeur Chantal a souligné que « le journalisme est essentiel à l’exercice démocratique, » décrivant le métier comme indispensable pour « collecter et traiter des informations afin de fournir un discours factuel et véridique. » Il a affirmé que les journalistes doivent agir comme des « chiens de garde, » responsabilisant les dirigeants de l’État et défendant les intérêts du peuple. Ainsi, la mission du journaliste est de poser des questions qui révèlent les intentions cachées des dirigeants, servant ainsi la transparence et la justice sociale.
Le Dr. Chantal a insisté sur le fait que tout journaliste doit s’armer de connaissances pour « éveiller la conscience de la population. » Pour y parvenir, il recommande une formation continue et la lecture d’ouvrages clés dans le domaine.
Il a proposé aux journalistes haïtiens de rester lucides en reconnaissant que « Haïti a perdu sa souveraineté et son droit à l’autodétermination. » Les journalistes doivent refuser un régime d’occupation basé sur le racisme et responsabiliser le pouvoir en place. Leur mission première est la quête et la défense de la vérité, ce qui implique de « retracer l’origine des crises actuelles. » Enfin, il les encourage à s’engager activement dans la société pour promouvoir la justice sociale.
En abordant l’anniversaire de l’occupation américaine, le professeur a souligné que « Haïti est sous l’emprise de puissances étrangères comme les États-Unis et la France, » obligeant le pays à renoncer à sa souveraineté. Il a critiqué la classe dirigeante haïtienne, qu’il qualifie d’antinationale et motivée par des intérêts égoïstes et claniques.
Pour contrer cette situation, le Professeur Chantal a appelé les journalistes de la diaspora à créer des associations telles que l’AJHE pour offrir des formations continues, organiser des émissions et des conférences pour une pratique journalistique émancipée des contraintes coloniales. Il a également encouragé les intellectuels haïtiens à « observer de près l’émergence de la Chine et les changements dans les relations internationales au XXIe siècle. »