Condamnation ferme de plus de 60 organisations internationales contre les déportations massives de migrants haïtiens par la République dominicaine

Des haitiens et dominicains d'origine haitienne arretes en Republique Dominicaine...

Washington, D.C., mercredi 16 octobre 2024 — Plus de 60 organisations de la société civile et des réseaux académiques à travers les Amériques, dont Washington Office on Latin America (WOLA), l’Institut international pour la race, l’égalité et les droits humains (Race and Equality) et Proceso de las Comunidades Negras (PCN) en Colombie, Afrolatino Development Fund (États-Unis), Afroresistencia (États-Unis), Asociación Civil ABAJO FRONTERAS (Argentine), Centro de Estudios Legales y Sociales (Argentine), Comité Afro Contra La Discriminación y Xenofobia (Colombie), ainsi que le Movimiento Federalista Panafricano Capítulo Colombia (Colombie), ont émis une condamnation ferme contre les récents plans de la République dominicaine visant à déporter quotidiennement jusqu’à 10 000 migrants haïtiens vers leur pays d’origine. Dans une déclaration commune, les signataires ont dénoncé cette mesure comme « inhumaine et cruelle », soulignant que les conditions actuelles en Haïti ne permettent pas d’accueillir ces déportés.

Haïti est actuellement en proie à une grave crise humanitaire et sécuritaire. Des gangs armés contrôlent plusieurs régions du pays, forçant des milliers de personnes à fuir leurs maisons. Plus de 450 commerces et habitations ont été détruits par des incendies criminels déclenchés par ces gangs, exacerbant une situation déjà désespérée. Selon les Nations Unies, entre avril et juin 2024, 1 379 personnes ont été tuées ou blessées, et 428 autres ont été kidnappées dans le pays.

La situation est particulièrement préoccupante pour les femmes et les filles, qui sont de plus en plus victimes de violences sexuelles et de genre. Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA) a signalé une augmentation de 49 % des violences de genre en 2023. En outre, le Programme alimentaire mondial (PAM) alerte sur une grave crise alimentaire dans le pays, où environ 5,4 millions de personnes luttent pour nourrir leur famille quotidiennement.

Face à cette situation désastreuse, des organisations telles que le National Lawyers Guild-Task Force of the Americas (États-Unis) condamnent la déportation des migrants haïtiens comme étant non seulement injuste, mais aussi une violation des droits humains. Haïti ne dispose pas des infrastructures nécessaires pour accueillir ces milliers de personnes renvoyées de force. Beaucoup d’entre elles seront exposées à une violence accrue et à une insécurité alimentaire critique. Le PAM rapporte que près de deux millions d’Haïtiens sont confrontés à une extrême pénurie de nourriture et à des taux de malnutrition aiguë.

Les signataires de la déclaration ont souligné que cette décision de la République dominicaine ajoute à un contexte de racisme systémique et de xénophobie envers les Haïtiens, ainsi qu’envers les Dominicains d’origine haïtienne. De nombreux Dominicains d’origine haïtienne ont perdu leur nationalité et se retrouvent dans des conditions précaires, sans protection légale ni droits civiques. Ils sont souvent la cible de menaces et d’attaques de la part de groupes nationalistes qui souhaitent expulser les Haïtiens du territoire dominicain.

Les organisations appellent la communauté internationale à condamner ces déportations massives et à faire pression sur le gouvernement dominicain pour qu’il respecte les droits humains des migrants haïtiens. Elles exigent également que des mesures soient prises pour protéger les travailleurs haïtiens et les Dominicains d’origine haïtienne contre les mauvais traitements et les abus auxquels ils sont régulièrement exposés.

La situation en Haïti, déjà marquée par des niveaux critiques de violence, de pauvreté et d’insécurité alimentaire, ne permet pas l’accueil de ces déportés dans des conditions dignes. Selon les chiffres des Nations Unies, le nombre de déplacés internes dans le pays a atteint 700 000 au cours des six derniers mois. Ceux-ci vivent dans des abris de fortune, en particulier à Port-au-Prince, où 6 000 d’entre eux souffrent de niveaux catastrophiques d’insécurité alimentaire.

Parmi les organisations signataires de la déclaration, on retrouve des groupes de défense des droits humains, des mouvements afrodescendants, des syndicats et des ONG basées en Amérique latine, aux États-Unis et en Europe. Ces institutions, comme le Movimiento Federalista Panafricano Capítulo Colombia (Colombie), réaffirment la nécessité de trouver des solutions à la crise humanitaire qui sévit en Haïti.