Par Jacques Kolo,
Port-au-Prince, le 2 février 2021 –(RHInews)- Le régime de Port-au-Prince vit ses derniers jours, à l’échéance constitutionnelle du mandat du président Jovenel Moïse, le 7 février 2021.
Une tentative d’un “grand dialogue national” pour les 3 et 4 février 2021 initié par le président du sénat tronqué Joseph Lambert, a piteusement échoué. Cette rencontre planifiée à la-va-vite avait pour objectif, selon son organisateur, de juguler le chaos imminent et stabiliser le pays.
De nombreux secteurs invités a y participer, ont décliné.
En fait, il s’agit d’un scénario de dernière minute pour tenter de sauver Jovenel Moïse de l’imbroglio politique dans lequel il se trouve.
Pourtant, l’annonce de cette activité du sénateur du Sud-Est (allié du PHTK, le parti au pouvoir) n’a pas réussi à déstabiliser les syndicalistes qui ont lancé une grève générale de quarante-huit (48) heures pour demander le respect par Jovenel Moise de la constitution haïtienne
Cette grève Générale, du 1e et 2 février 2021, a été totalement suivie dans tout le pays, constatant ainsi l’échec d’un pouvoir qui utilise les gangs armés et la corruption comme méthodes de gouvernance.
Au cours de ces deux journées de grève, des escarmouches ont été signalées un peu partout dans le pays, notamment dans la région métropolitaine de Port-au-Prince entre militants des quartiers marginalisés et la police considérée avec le G-9 de Jimmy Cherizier, comme étant le dernier rempart armé du pouvoir de Jovenel Moïse.
Au Champ-de-Mars ce mardi où se trouve la Palais présidentiel et place privilégiée des militants de l’opposition, des agents de plusieurs unités de la police incluant l’USGPN et le CIMO ont littéralement balayé cet environnement en lançant à profusion des grenades lacrymogènes et en tirant à balles réelles contre tous ceux, aux alentours, qui s’opposent au pouvoir du dernier dictateur de la Caraïbe.
Des affrontements ont eu lieu également à Carrefour Orel entre policiers et manifestants, suite à l’arrestation d’un des leurs. Un véhicule officiel a été incendié, selon des sources concordantes.
Tôt ce mardi matin, des individus armés non identifiés ont été répertoriés à Turgeau et dans les parages de l’Ecole du Sacré-Cœur.
Un mouvement de panique a été constaté à Delmas 63 à hauteur de l’Eglise catholique d’Altagrâce. Des pneus enflammés ont été entreposés sur la chaussée. Il en était de même à Carrefour ‘’Ti Fou.’’
Même constat à Delmas 48 où une substance liquide visqueuse a été déversée sur le macadam, selon des témoins.
C’est dans ce contexte que l’opposition politique a proposé le 31 janvier dernier le choix d’un membre de la Cour de Cassation et la nomination d’un premier ministre issu de la société civile et des organisations politiques pour combler le vide créé par le départ de Jovenel Moïse qui n’a pas organisé des élections à tous les échelons pour renouveler le personnel politique.
Entre temps, différents secteurs vitaux de la vie nationale continuent de réclamer le respect de la constitution par le président Jovenel Moïse qui souhaite avoir une rallonge d’une année, à l’expiration de son mandat constitutionnel, le 7 février 2021.
La Conférence des Évêques Haïtiens a enjoint le 2 février le président haïtien à respecter et à faire appliquer la constitution haïtienne dans son cas comme il l’avait fait pour les autres élus précédemment, affirmant que la loi est une pour tous.
Cette position officielle de l‘Eglise catholique en Haïti qui survient dans un contexte politique difficile, est perçue comme la goutte d’eau qui fait déborder la vase.
Elle survient vingt-quatre (24) heures après le communiqué le 1er février de la Fédération des Barreaux d’Haïti qui déclare constater la fin du mandat du président Jovenel Moïse et de la note de rappel en date du 2 février du secteur protestant haïtien qui estime que le président ne doit pas se faire prier pour s’en aller
Il s’agit, dans un cas comme de l’autre, des activités, actions et prises de position en préliminaire devant culminer avec la date du 7 février 2021, marquant la fin d’un régime cauchemardesque pour le pays.
Entre temps, Haïti pleure cette semaine la disparition de deux grands patriotes : Anthony Barbier et Serge Gilles. Tous deux militaient dans le temps au sein du parti socialiste haïtien, le PANPRA.