JEAN-RABEL, (NO), dimanche 21 juillet 2024 – À l’occasion du 37e anniversaire du massacre des paysans de Jean-Rabel (Nord-Ouest), Mahotière et Beauchamp, survenu le 23 juillet 1987, Tèt Kole Ti Peyizan Ayisyen (Association des petits paysans haïtiens) publie un communiqué rappelant les atrocités dont les paysans ont été victimes. ‘‘Cet anniversaire, marqué par la mémoire des victimes, est également un appel à l’unité et à la résistance pour la justice face aux forces impérialistes et à l’oligarchie locale qui continuent de menacer les aspirations des paysans et des travailleurs haïtiens.’’
Le communiqué rappelle les circonstances tragiques de ce massacre, perpétré contre les petits paysans qui réclamaient l’accès à des ressources vitales telles que des terres agricoles, de l’eau pour l’irrigation, ainsi que des services essentiels comme la santé et l’éducation. “Ces revendications fondatrices visaient à libérer le pays de la dépendance aux produits étrangers et à renforcer la production agricole nationale”, souligne l’organisation.
Dans les années 1970 et 1980, les groupes Tètansanm et les équipes missionnaires de Jean-Rabel et Beauchamp ont initié un projet socio-politique, culturel et économique alternatif dans le Bas Nord-Ouest d’Haïti. Ce projet, bien qu’effrayant pour les ennemis du peuple haïtien, portait les germes d’un changement radical en faveur des classes dominées et exploitées. Grâce à des initiatives locales et à la solidarité nationale et internationale, les paysans ont pu mettre en place des activités économiques, sociales et culturelles pour soutenir leur lutte. “Ces efforts ont permis aux petits paysans d’atteindre un niveau d’organisation et de mobilisation inédit, constituant une menace sérieuse pour les forces adverses”, précise le communiqué.
‘‘Aujourd’hui, les mêmes forces impérialistes, avec l’appui de l’ambassade américaine et de mafias locales et internationales, continuent de comploter contre le peuple haïtien. Le communiqué de Tèt Kole Ti Peyizan Ayisyen dénonce la montée des gangs terroristes, particulièrement dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince et dans l’Artibonite, utilisés pour semer la terreur et bloquer les mouvements de protestation populaire. “Nous assistons à la recrudescence des mêmes méthodes oppressives, avec une complicité évidente entre les autorités locales et les puissances étrangères”, accuse l’organisation.
Malgré ces obstacles, l’Accord Montana reste une alternative viable pour les petits paysans et l’ensemble du peuple haïtien. Le communiqué critique le Conseil Présidentiel de Transition et le gouvernement Conille pour leur incapacité à publier l’Accord du 3 avril, influencé par l’Accord Montana, et à établir des institutions essentielles comme le Conseil National de Sécurité (CNS) et l’Organisme de Contrôle de l’Action Gouvernementale (OCAG). “Cette inaction perpétue un système d’injustice et d’impunité qui mine notre pays”, dénonce Tèt Kole Ti Peyizan Ayisyen.
L’organisation appelle toutes les organisations de la société civile, les partis politiques de gauche et progressistes, et tous les citoyens à se mobiliser pour exiger la publication de l’Accord du 3 avril, seul outil de consensus capable de conférer un minimum de légitimité au pouvoir de transition en place. “Il est impératif que nous nous levions ensemble pour réclamer justice pour les victimes et mettre fin à ce cycle de violence et de corruption”, exhorte le communiqué.
Tèt Kole Ti Peyizan Ayisyen envoie également un message clair aux institutions responsables de la formation du Conseil Électoral Provisoire (CEP), les exhortant à rester vigilantes face aux méthodes suspectes des autorités. “Nous devons empêcher toute tentative de manipulation qui pourrait aggraver la crise actuelle”, insiste l’organisation, soulignant le risque de nouvelles crises si les autorités persistent dans leurs approches controversées.
En ce jour de commémoration, Tèt Kole Ti Peyizan Ayisyen réaffirme son engagement à poursuivre la lutte pour les droits des paysans et à résister contre toutes formes de complots et d’exploitation qui minent le pays. “Vive la lutte des paysans, vive la résistance et le combat du peuple haïtien. À bas tous les complots contre notre nation, à bas la persistance du pouvoir PHTK, à bas les expropriations des terres paysannes”, conclut le communiqué.