Clarens Renois appelle à l’unité pour sauver Haïti face à la crise politique, à l’insécurité des gangs et à la corruption endémique…

Clarens Renois, Leader du parti UNIR

PORT-AU-PRINCE, dimanche 20 octobre 2024– Dans une interview au Réseau Haïtien de l’Information (RHINEWS), Clarens Renois, leader du parti Union nationale pour l’intégrité et de la réconciliation (UNIR), Clarens Renois exprime une profonde préoccupation face aux tensions croissantes entre la présidence et la primature. Pour lui, cette lutte de pouvoir est non seulement injustifiée, mais elle met gravement en danger la possibilité de remettre le pays sur pied. « À mon avis, ce conflit entre la présidence et la primature est tout simplement inutile. Pourquoi se battre, se déchirer sur le cadavre d’un pays en lambeaux au lieu de le soigner? C’est ce que les Haïtiens attendent des dirigeants, de tous ses dirigeants et en tout temps », déclare-t-il.

Le leader politique, dans un discours résolument tourné vers la recherche de solutions, insiste sur la nécessité urgente de rassembler toutes les bonnes volontés pour relever les défis majeurs que sont le banditisme des gangs armés et la corruption, des fléaux qu’il considère comme « ruineux » pour l’avenir du pays. Renois avertit que si les dirigeants actuels continuent de se focaliser sur leurs luttes internes, ils risquent de perdre une occasion historique de reconstruire le pays. « L’un et l’autre, la présidence et la primature, sont sur le point de passer à côté et surtout de perdre l’occasion de construire ensemble un futur dans la stabilité », a-t-il ajouté.

Le leader du parti UNIR critique également la manière dont les deux branches de l’exécutif spécial, mises en place par l’accord du 3 avril 2024, ont trahi l’esprit de cette entente. Cet accord, salué comme un effort sans précédent de rassemblement entre des forces politiques concurrentes et opposées, visait à promouvoir un modèle de gouvernance basé sur le consensus. Pourtant, Renois constate avec amertume que les deux entités de l’exécutif semblent engagées dans une lutte pour s’évincer mutuellement. « Je crois que les deux branches de cet exécutif spécial ont volontairement violé l’esprit de l’accord qui leur a donné naissance », déplore-t-il. Il s’étonne de cette situation, jugeant incompréhensible que des dirigeants issus d’une même génération échouent à travailler ensemble pour le bien du pays. « Si le chef du gouvernement ainsi que le conseil présidentiel ne peuvent pas s’entendre pour répondre aux attentes des Haïtiennes et des Haïtiens, c’est qu’ils ne sont pas à la hauteur des aspirations de la population », a-t-il poursuivi.

Cependant, bien qu’il critique sévèrement la situation actuelle, Renois prévient qu’un changement brusque de leadership ne serait pas la solution. Renvoyer les dirigeants en place pourrait créer une nouvelle instabilité politique. Ce dont Haïti a besoin, selon lui, c’est d’une solution qui force ces leaders à se reprendre et à concentrer leurs efforts sur les véritables enjeux, à savoir la sécurité et la lutte contre la corruption. « Il faut trouver la bonne formule pour les porter à se reprendre et sauver cette transition », insiste Renois.

Au-delà de la crise politique, Clarens Renois souligne la profondeur de la crise sociale que traverse le pays. Selon lui, cette crise met en lumière les « grandes faiblesses du corps social haïtien », mais il demeure convaincu que c’est avec les Haïtiens, et non des forces étrangères, que les solutions doivent être trouvées. « Je voudrais à ce sujet appeler au devoir les patriotes; appeler à l’engagement chaque groupe organisé pour sauver notre pays de la débâcle qui nous menace », lance-t-il, tout en rappelant l’urgence d’un « rassemblement national » pour reconstruire Haïti.

Le rôle de la communauté internationale est également abordé par Renois, qui se montre très clair sur ce sujet : la communauté internationale doit accompagner Haïti, mais sans s’immiscer dans ses affaires internes. « Le rôle de la communauté internationale ce n’est pas celui de diriger à la place des Haïtiens », avertit-il, soulignant que toute ingérence étrangère ne ferait qu’accentuer les divisions et la déstabilisation. Pour lui, la coopération internationale doit être fondée sur le respect de l’histoire et des valeurs haïtiennes, et les Haïtiens eux-mêmes doivent être responsabilisés. « Le développement national ne pourra se faire que lorsque les élites seront conscientes de leurs devoirs envers la patrie », souligne Renois.

Dans le même ordre d’idées, il met en garde contre l’acceptation systématique des aides étrangères, en soulignant qu’elles sont souvent motivées par des intérêts extérieurs plutôt que par le bien-être des Haïtiens. « Quand les décisions ne sont pas prises par les Haïtiens, elles ne sont pas durables car ces décisions sont motivées par des intérêts étrangers et non par intérêts nationaux. Nous devons avoir le courage parfois de refuser une aide », affirme-t-il. Selon Renois, le véritable développement d’Haïti doit être fondé sur une vision nationale cohérente, définie par les Haïtiens eux-mêmes, avec un appel aux expertises étrangères uniquement pour accompagner ce processus.

Un autre point essentiel soulevé par Renois est la violence des gangs qui ravage le pays. Cette violence, selon lui, est entretenue par des intérêts politiques et économiques, et elle frappe de plein fouet la population, en particulier les plus démunis. Renois lance un appel direct aux chefs de gangs armés, les exhortant à cesser leurs actes de violence contre leurs propres compatriotes. « Pourquoi perpétrer ces actions ignobles contre la population? Pourquoi exercer ces violences aveugles contre des gens humbles? Il faut stopper cette violence ! », s’indigne-t-il, tout en appelant l’État haïtien à reprendre son rôle en luttant fermement contre ces criminels et leurs complices.

Sur la scène politique, Renois met en avant l’importance des élections comme instrument de la démocratie. Depuis la fin de la dictature en 1986, Haïti a choisi de se tourner vers un système démocratique, et Renois estime qu’il est essentiel que le peuple haïtien soit impliqué dans le processus de choix de ses dirigeants. « Les élections sont incontournables. Car il faut donner une voie à la population pour participer au choix de ses dirigeants », déclare-t-il. Toutefois, il admet que dans l’état actuel de l’insécurité généralisée, il sera difficile d’organiser des élections qui garantissent une participation massive des électeurs. Il plaide donc pour l’amélioration des conditions sécuritaires avant toute consultation électorale, afin de garantir des élections justes et crédibles.

Clarens Renois conclut en appelant à un effort collectif des Haïtiens, au-delà des désaccords partisans, pour créer une société solidaire où les besoins fondamentaux tels que l’éducation, la santé et le logement soient accessibles à tous. « Nous pouvons y arriver si nous nous mettons ensemble ! », lance-t-il. Le leader du parti UNIR reste convaincu que la sortie de crise pour Haïti passe par un effort national basé sur la réconciliation, la justice sociale et la responsabilité collective, tout en bénéficiant du soutien respectueux de la communauté internationale.

Cet appel à l’unité et à l’action est, selon Renois, la clé pour que la transition actuelle ne se solde pas par un nouvel échec, mais ouvre plutôt la voie à un avenir de stabilité et de prospérité pour Haïti.