Par Jude Martinez Claircidor
PORT-AU-PRINCE, le jeudi 29 février 2024– Une situation de panique a prévalu tout au long d’une journée de terreur inédite à Port-Au-Prince où des tirs nourris ont éclaté dans plusieurs quartiers de la capitale haïtienne, plongeant la ville dans une situation de panique généralisée. Les événements ont pris une tournure dramatique avec l’attaque du palais national par des gangs, générant des échanges de tirs violents entre ces criminels et les agents de la Cat Team. Employés civils et passants ont été blessés au cours de ces affrontements, conduisant à l’évacuation de plusieurs personnes.
La terreur s’est également étendue au secteur éducatif, notamment à la Faculté d’Agronomie et de Médecine Vétérinaire, où des bandits ont investi les lieux, prenant des étudiants en otage. Des images virales sur les réseaux sociaux ont montré la prise d’assaut du Sous-Commissariat de Portail Leogane, incendié par des gangs. À Torcelle, une portion de la clôture de l’académie de police a été brisée par des gangs dirigés par Vitelhomme Innocent, ajoutant une dimension inquiétante à la situation déjà tendue.
La situation s’est détériorée davantage avec des barricades enflammées, des véhicules ciblés par des jets de pierres, et des tirs entendus à l’aéroport Guy Malary. Passagers et personnel aéroportuaire ont dû se réfugier au sol pour éviter d’être pris pour cible. Des images choquantes ont circulé montrant un avion perforé par une balle, illustrant l’ampleur de la violence.
L’anxiété s’est propagée dans toute la ville, touchant même les établissements scolaires. Plusieurs écoles, dont le Collège Canado-Haïtien, Roger Anglade, Marie Esther, le Petit Séminaire et le Collège Saint-Martial, ont été le théâtre d’actions rapides pour libérer les élèves en plein cours. Cette vague de panique a également eu des répercussions sur le secteur financier et administratif, forçant la fermeture de banques, entreprises privées et bureaux administratifs.
Cette flambée de violence survient après les déclarations du Premier Ministre Ariel Henry lors de la 46e session ordinaire de la CARICOM au Guyana, annonçant des élections en 2025 et exprimant son intention de rester au pouvoir jusqu’en 2026. Ces annonces ont exacerbé les tensions préexistantes et alimenté apparemment le mécontentement populaire.
Alors que Port-au-Prince tente de se remettre de cette journée traumatisante, la résolution de la crise socio-politique nécessite une attention immédiate envers les problèmes sous-jacents. Un engagement collectif en faveur de la stabilité, de la sécurité et de la réconciliation est impératif. La communauté internationale doit rapidement s’engager dans des pourparlers avec la société civile et l’élite politique pour dégager un consensus minimal permettant de sortir de cette crise, évitant ainsi qu’Haïti ne sombre irrémédiablement dans un chaos irréversible.