Cap-Haïtien : Au moins quatre personnes décédées à la suite de l’effondrement d’un mur…

photo: Jude Martinez Claicidor: Vue partielle de la cathedrale du Cap-Haitien...

.CAP-HAÏTIEN, 6 décembre 2024 – Au moins quatre personnes, toutes membres d’une seule famille, ont perdu la vie tôt ce matin au Cap-Haïtien (Nord) dans l’effondrement d’un mur, selon les autorités locales. Cet incident tragique s’inscrit dans un contexte de pluies diluviennes qui s’abattent sur la deuxième ville du pays, provoquant de graves inondations dans de nombreux quartiers. Les eaux ont déposé d’épaisses couches d’alluvions sur les principales artères de la ville, compliquant encore davantage la circulation.

Le Cap-Haïtien, une ville historique et touristique d’une importance capitale, fait face à une crise environnementale et urbaine sans précédent. Malgré son rôle central dans l’histoire de la création de l’État d’Haïti, avec des monuments tels que la Citadelle Laferrière, le Palais Sans Souci et le site du Bâtiman Guinguette, la ville souffre de problèmes systémiques aggravés par les intempéries. L’explosion démographique non maîtrisée a conduit à des constructions anarchiques, souvent dans des zones à risque comme les lits de rivières. Cette urbanisation incontrôlée, couplée à l’absence de gestion des bassins versants et au non-curage des canaux, rend la ville particulièrement vulnérable aux catastrophes naturelles.

Ces dernières années, le Cap-Haïtien a été frappé à plusieurs reprises par des intempéries meurtrières. En novembre 2022, des pluies torrentielles avaient entraîné la mort de huit personnes et déplacé des centaines de familles. Plus récemment, en juin 2023, des inondations dues à un orage exceptionnellement violent ont causé la mort de six personnes et d’importants dégâts matériels, notamment dans le quartier populaire de Shada. Généralement, les conséquences de ces événements ne se limitent pas aux pertes humaines : les infrastructures endommagées, les écoles fermées, et les épidémies qui suivent les inondations (notamment le choléra) aggravent les conditions de vie déjà précaires des habitants.

Les institutions locales, notamment la Direction départementale Nord du ministère des Travaux publics et la mairie du Cap-Haïtien, sont sous-équipées et dotées de budgets insuffisants pour répondre efficacement à ces crises. Faute de moyens, les équipes municipales ne parviennent ni à assainir les rues ni à déblayer rapidement les débris laissés par les intempéries. Cette carence institutionnelle exacerbe les conséquences des catastrophes naturelles et freine le redémarrage des activités économiques.

Le Cap-Haïtien, jadis surnommé le « Paris des Antilles », reste un joyau touristique malgré les défis actuels. La Citadelle Laferrière, classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, continue d’attirer des visiteurs internationaux, tout comme le Palais Sans Souci, témoin de la grandeur de l’époque post-indépendance.

Cependant, les récents désastres mettent en péril cette richesse historique et culturelle. Les autorités locales et nationales, avec le soutien d’organisations internationales, doivent prendre des mesures urgentes pour protéger cette ville emblématique. Cela inclut la mise en place d’un système de gestion efficace des déchets, le renforcement des infrastructures de drainage et la réduction des constructions dans les zones à risque.

Face à l’ampleur de cette crise, le Cap-Haïtien illustre les défis environnementaux auxquels l’ensemble du pays est confronté. La gestion durable de cette ville, alliant préservation de son patrimoine et adaptation aux changements climatiques, est une nécessité pour prévenir de futures tragédies. En attendant, les habitants continuent de payer un lourd tribut aux lacunes structurelles et aux conséquences dévastatrices de la déforestation et du manque d’aménagement urbain, qui accentuent la fréquence et l’intensité des catastrophes naturelles.