PORT-AU-PRINCE, jeudi 20 juin 2024 – Le Collectif des Avocats pour la Défense des Droits de l’Homme (CADDHO) adresse une lettre ouverte à Me Carlos Hercule, Ministre de la Justice et de la Sécurité Publique (MJSP), exhortant à l’ouverture de pourparlers avec les magistrats debout grévistes pour prévenir une nouvelle grève qui pourrait paralyser le système judiciaire haïtien. Ce collectif, dirigé par le Coordonnateur Général, Me Amel Remy, félicite le ministre pour son parcours et sa nomination, tout en soulignant l’urgence de la situation actuelle.
La lettre souligne les défis constants auxquels fait face le système judiciaire haïtien, notamment les grèves répétées des greffiers, huissiers, et magistrats. Ces mouvements de grève perturbent gravement le bon fonctionnement du système judiciaire, affectant les droits fondamentaux des prévenus et détenus, qui souvent se retrouvent en détention préventive prolongée.
Selon le CADDHO, 83,3 % des prisonniers dans les centres carcéraux haïtiens sont en détention préventive prolongée, une situation exacerbée par les grèves successives qui entravent le traitement et le suivi des dossiers judiciaires. La lettre souligne que ces interruptions prolongées des activités judiciaires sont non seulement préjudiciables aux droits des détenus mais aussi à l’ensemble du système judiciaire et aux justiciables.
Le collectif rappelle que la Constitution haïtienne du 29 mars 1987 garantit à chaque citoyen arrêté le droit de comparaître devant son juge naturel dans un délai ne dépassant pas quarante-huit heures. Or, les grèves récurrentes font que ce droit est régulièrement bafoué, menant à des situations désespérées pour les détenus, certains allant jusqu’à tenter de se suicider en raison de la lenteur et de l’incertitude judiciaires, comme le cas récent au commissariat de Delmas.
Conscient de la complexité de la situation et des revendications légitimes des magistrats et greffiers, le CADDHO appelle le ministre à engager un dialogue constructif avec les protagonistes grévistes. Une solution amiable permettrait de relancer les activités judiciaires et d’améliorer les conditions de vie des prisonniers, tout en respectant les droits fondamentaux de chaque individu.
Le CADDHO se dit prêt à contribuer à ces discussions et à travailler de concert avec le MJSP pour trouver des solutions pérennes aux problèmes récurrents du système judiciaire haïtien. Le collectif conclut en réaffirmant son engagement envers la défense des droits humains et son espoir de voir rapidement une résolution de cette crise.