Biden prolonge le statut légal temporaire de près d’un million d’immigrants menacés par les politiques de Trump…

Joe Biden, President des Etats-Unis...

MIAMI, samedi 11 janvier 2025 L’administration Biden a annoncé, ce vendredi, la prolongation du statut légal temporaire de près d’un million d’immigrants originaires du Salvador, du Soudan, de l’Ukraine et du Venezuela, en vertu d’un programme que la prochaine administration Trump prévoit de réduire considérablement.

Cette mesure permettra aux immigrants actuellement titulaires du statut de protection temporaire (TPS) de ces pays de renouveler leurs permis de travail et leurs protections contre l’expulsion. Le TPS offre un répit juridique aux étrangers venant de pays confrontés à des guerres, des catastrophes naturelles ou d’autres urgences rendant les expulsions dangereuses.

Selon le Département de la Sécurité intérieure (DHS), environ 234 000 Salvadoriens, 1 900 Soudanais, 104 000 Ukrainiens et 600 000 Vénézuéliens bénéficieront de cette décision. Le TPS pour le Salvador sera prolongé jusqu’en mars 2026, tandis que les désignations pour le Soudan, l’Ukraine et le Venezuela s’étendront jusqu’en octobre 2026.

Cette décision est particulièrement notable dans le contexte des promesses du président élu Donald Trump de revenir sur les politiques migratoires de l’administration Biden. Trump s’est engagé à mettre en œuvre des règles d’immigration plus strictes et à lancer une campagne massive d’expulsions. Le TPS, qui peut être révoqué par le secrétaire du DHS avec un préavis de 60 jours, figure parmi les programmes dans la ligne de mire de Trump et du futur vice-président JD Vance, tous deux opposés à ce dispositif.

Lors de son premier mandat, Trump avait tenté de mettre fin aux protections du TPS pour des centaines de milliers d’immigrants, mais ces efforts avaient été freinés par des défis juridiques. Les républicains et certains défenseurs d’une immigration restrictive estiment que le TPS a été abusivement prolongé, bien qu’il soit censé être temporaire.

Cependant, bien que l’administration Biden ait annoncé ces prolongations, elle a refusé de rendre les nouveaux arrivants éligibles au TPS, malgré les appels des activistes progressistes. Ces derniers affirment que cette mesure aurait rendu plus difficile la mise en œuvre des plans de Trump pour expulser massivement des immigrants. Par exemple, redésigner le TPS pour le Venezuela aurait pu rendre éligibles 450 000 migrants supplémentaires, selon des estimations internes du gouvernement obtenues par CBS News.

De même, l’administration Biden fait face à des pressions pour permettre à des centaines de milliers de Nicaraguayens d’accéder au TPS avant l’investiture de Trump. Cependant, des responsables, sous couvert d’anonymat, ont confié que cette option est peu probable, par crainte que cela ne soit perçu comme un geste politique visant à compliquer les plans du prochain gouvernement.

Cette décision affecte une population immigrée diversifiée aux situations juridiques variées.

Les Salvadoriens bénéficiant du TPS résident généralement aux États-Unis depuis plus de deux décennies, depuis 2001, lorsque ce statut leur avait été accordé à la suite de tremblements de terre dévastateurs au Salvador.

La majorité des Vénézuéliens sous le programme TPS sont entrés illégalement par la frontière entre les États-Unis et le Mexique ou ont utilisé des programmes de l’administration Biden pour limiter l’immigration irrégulière. Leur arrivée s’inscrit dans le cadre d’un exode massif de huit millions de personnes fuyant la crise économique et la répression gouvernementale au Venezuela.

Quant aux Ukrainiens bénéficiant du TPS, ils ont majoritairement été accueillis en 2022, après l’invasion russe de leur pays. Certains ont traversé la frontière californienne depuis le Mexique, tandis que d’autres ont été admis via une initiative de l’administration Biden permettant à des citoyens privés de parrainer des réfugiés ukrainiens.

En prolongeant ces protections, l’administration Biden a offert un répit crucial à ces communautés vulnérables, mais les incertitudes demeurent quant à l’avenir du TPS sous la future administration Trump.

En June 2024, les États-Unis ont elargi  le statut de protection temporaire pour près de 300 000 Haïtiens face à l’insécurité persistante en Haïti. Cette décision fait suite à l’évaluation des conditions en Haïti, jugées trop dangereuses pour permettre le retour des ressortissants.

Cette mesure représente une expansion majeure du TPS pour les Haïtiens et a été saluée par de nombreuses voix dans la communauté haïtienne et parmi les défenseurs des droits des immigrés. Créé par le Congrès en 1990, le TPS vise à protéger les ressortissants de pays confrontés à des catastrophes naturelles ou à des conflits civils. Le secrétaire à la Sécurité intérieure a la latitude de désigner temporairement ce statut pour diverses nationalités en fonction des conditions dans leurs pays d’origine. Les bénéficiaires doivent cependant prouver leur éligibilité et postuler pour obtenir cette protection, qui leur donne également accès à un permis de travail.

L’élargissement annoncé concerne les Haïtiens présents aux États-Unis au 3 juin 2023. Cette protection durera jusqu’au 3 février 2026. Toutefois, toute personne arrivée après cette date ne sera pas admissible. En parallèle, le secrétaire Alejandro Mayorkas a également prolongé le statut de protection temporaire pour environ 200 000 Haïtiens qui en bénéficiaient déjà. Leur extension durera également jusqu’au 3 février 2026.

Cette mesure, l’une des plus importantes expansions du TPS, illustre une différence notable entre les politiques migratoires du président Joe Biden et celles de son prédécesseur Donald Trump. Ce dernier avait tenté, durant son mandat, de mettre fin au statut temporaire pour de nombreux pays, dont Haïti.

Les raisons de cette décision sont enracinées dans la crise humanitaire qui sévit en Haïti. Ces dernières années, des gangs armés ont dévasté la capitale Port-au-Prince et ses environs, commettant des meurtres, des viols et des enlèvements à grande échelle. Des milliers de personnes ont été tuées ou déplacées, laissant des centaines de milliers d’autres sans abri ni emploi, aggravant ainsi la pauvreté déjà omniprésente.

Dans un communiqué, le Département de la Sécurité intérieure a précisé : « Plusieurs régions en Haïti continuent de faire face à la violence ou à l’insécurité, et de nombreuses personnes ont un accès limité à la sécurité, aux soins de santé, à la nourriture et à l’eau. » Le pays est également vulnérable aux inondations et aux glissements de terrain, subissant fréquemment des dégâts importants causés par des tempêtes, des crues et des tremblements de terre. Ces crises humanitaires multiples ont entraîné des besoins urgents qui perdurent.