WASHINGTON (DC), vendredi 28 juin 2024– Des centaines de milliers d’Haïtiens déjà présents aux États-Unis pourraient bénéficier de protections contre l’expulsion après l’élargissement par l’administration Biden d’un programme fédéral. Ce programme permet aux ressortissants du pays caribéen troublé de travailler et de vivre aux États-Unis, alors que la violence des gangs s’aggrave dans leur pays d’origine.
Vendredi, le gouvernement fédéral prévoit d’annoncer une prolongation et une redésignation du Statut de Protection Temporaire (TPS) pour Haïti pour une période de 18 mois. Cette décision a été prise après que le Département de la Sécurité Intérieure ait considéré la crise actuelle en Haïti, marquée par la violence des gangs armés, qui a forcé près de 580 000 personnes à quitter leurs foyers et menace plus d’un million de personnes de famine, selon les Nations Unies.
Les Haïtiens inscrits au TPS sont protégés contre l’expulsion et peuvent demander des permis de travail. Cette désignation, ciblée pour être terminée par l’ancien président Donald Trump, est réservée aux pays en proie à des catastrophes naturelles dévastatrices, des conflits armés ou d’autres conditions extraordinaires.
Pour en bénéficier, les Haïtiens doivent avoir été aux États-Unis avant le 3 juin. Actuellement, environ 214 000 Haïtiens reçoivent les avantages du TPS, mais plus de 300 000 migrants supplémentaires pourraient être nouvellement éligibles sous la nouvelle désignation.
La redésignation intervient dans une période de turbulences extrêmes en Haïti, où les gangs attaquent des quartiers et des institutions, menaçant de renverser le gouvernement. La violence des gangs a tué et blessé environ 2 400 personnes au cours des trois premiers mois de cette année. Bien que le TPS ne soit pas un chemin vers la résidence permanente ou la citoyenneté, il permet aux bénéficiaires de résider et de travailler temporairement aux États-Unis jusqu’à ce que les conditions dans leur pays s’améliorent.
La nouvelle désignation profitera à de nombreux immigrants et à leurs proches en Floride du Sud, qui abrite l’une des plus grandes communautés haïtiennes des États-Unis. De nombreux nouveaux arrivants haïtiens sont arrivés dans la région métropolitaine de Miami ces dernières années, à la fois par la frontière américano-mexicaine et par la mer. Un bateau transportant plus de 100 migrants haïtiens est arrivé à Key West mercredi.
Ces dernières années, les Haïtiens à l’étranger ont contribué des milliards en envois de fonds à leurs familles et amis restés au pays, où la violence en cours a fermé des entreprises, des hôpitaux et des écoles. L’ONU a déclaré que presque la moitié de la population, soit environ 5 millions d’Haïtiens, souffrent de la faim.
La décision n’a pas été prise rapidement par l’administration Biden, sous pression pour réduire la migration irrégulière à la frontière sud-ouest. Les critiques du programme craignent souvent qu’il n’encourage plus de personnes à migrer, bien que seules celles qui étaient dans le pays avant une certaine date limite puissent bénéficier du TPS.
Même ainsi, la redésignation prochaine du TPS pour Haïti est la dernière grande action en matière d’immigration de la part du président Joe Biden, qui fait face à des pressions pour adopter une position plus ferme sur l’immigration. Son administration a récemment annoncé un programme facilitant la demande de cartes vertes pour les conjoints sans papiers de citoyens américains et leurs enfants, bénéficiant à environ un demi-million de personnes.
L’administration Biden a d’abord redésigné le TPS pour Haïti après l’assassinat du président Jovenel Moïse le 7 juillet 2021. Elle a ensuite prolongé la date limite à novembre 2022 pour permettre aux Haïtiens arrivés avant cette date de demander une protection.
Parmi les plus grands bénéficiaires de la décision de vendredi figurent de nombreux Haïtiens qui sont arrivés aux États-Unis via un processus de “parole humanitaire” lancé en janvier 2023 pour Cuba, Haïti, le Venezuela et le Nicaragua. Ce programme permet aux personnes de ces quatre pays de vivre et de travailler aux États-Unis pendant deux ans, sous certaines conditions.
Les dirigeants haïtiens, les avocats et les défenseurs des droits des immigrés ont mené des batailles en coulisses pour une expansion du TPS incluant les bénéficiaires de ce programme. Des dizaines de membres du Congrès ont également exhorté le Département de la Sécurité Intérieure et le Département d’État à soutenir une redésignation, tout en appelant à l’arrêt des expulsions vers Haïti pour “prévenir davantage de souffrances et de pertes de vie inutiles”.
Depuis le 29 février, les gangs criminels dans la capitale haïtienne, Port-au-Prince, ont libéré des milliers de détenus, attaqué des quartiers, des postes de police, des institutions nationales et des hôpitaux. Après la démission forcée de l’ancien Premier ministre Ariel Henry, un conseil présidentiel de transition composé de dirigeants haïtiens, avec le soutien des États-Unis et de la Communauté des Caraïbes, a choisi Garry Conille, un fonctionnaire de longue date des Nations Unies, pour diriger la transition du gouvernement du pays.
Cet article de Sura Ortiz Blanes et Jacqueline Charles a été publié initialement en Anglais sur: https://amp.miamiherald.com/news/local/immigration/article289042234.html