SAiNT-DOMINGUE, 25 juillet 2024 – Le Collectif HaitianosRD a lancé un cri d’alarme concernant une augmentation alarmante de la violence raciste et des discours discriminatoires visant la communauté immigrante haïtienne en République Dominicaine. Ces derniers mois, une recrudescence des agressions et des assassinats perpétrés par des militaires, des policiers, des agents de migration et des civils radicalisés a été observée.
Le collectif souligne plusieurs incidents graves, notamment le meurtre de Ti Ronel par des militaires dominicains le 13 mars près du poste de contrôle de La Javilla, dans la province de Dajabón. Le 19 avril, Fritznel Dorcan, un travailleur haïtien, a été tué et son cousin grièvement blessé par un militaire à San José de Las Matas, dans la province de Santiago. Un autre meurtre a été signalé le 25 juin à Dajabón, où un homme haïtien a été abattu par des militaires.
Des perquisitions illégales, souvent effectuées sans mandat judiciaire ni présence de procureurs, continuent de se dérouler dans diverses régions du pays, telles que Montecristi et Las Terrenas. Ces raids nocturnes sont menés par des militaires, des policiers et des agents de la Direction Générale de la Migration (DGM). “Ces perquisitions sans ordre judiciaire sont une grave violation des droits humains,” a déclaré le collectif.
Le 26 mai, des travailleurs haïtiens du Consorcio Azucarero Central ont été violemment réprimés par des militaires et des policiers alors qu’ils revendiquaient leurs droits. Quatorze travailleurs ont été blessés, dont deux grièvement. La DGM a également expulsé plus de soixante travailleurs en situation migratoire régulière de manière arbitraire. “Nous rejetons l’utilisation de la DGM dans les conflits de travail qui devraient être médiés par le Ministère du Travail,” a affirmé le collectif.
En mars, Miti Senvil, un travailleur dominicain d’origine haïtienne, a été détenu arbitrairement par la surveillance privée de l’entreprise Central Romana dans la province d’El Seibo. Quatre mois après, il est toujours détenu sans avoir été condamné pour aucun crime. “Senvil est revictimisé en tant qu’apatride,” a dénoncé le collectif.
Le 2 juillet, Hungría Díaz, père de la procureure María Díaz Corcino, a tué deux paysans haïtiens, Maurice Delia et Jean Duversaint, à Paso Cena, près de Pedernales. Après une semaine de dénonciations publiques, Díaz a été arrêté. “Ces meurtres montrent le niveau de violence raciste qui sévit dans le pays,” a déclaré le collectif.
Le Groupe de Soutien aux Rapatriés et Réfugiés (GARR) a également dénoncé la mort de Saint Mira Millien, une jeune haïtienne de 23 ans, arrêtée arbitrairement par des agents de la DGM le 3 juillet alors qu’elle se rendait en Haïti. Privée de soins médicaux, elle est décédée le lendemain. “Les agents migratoires ont tenté de se débarrasser du corps à la frontière avec Haïti,” a révélé le GARR, soulignant une grave violation des protocoles binationaux.
“Le cas de Saint Mira Millien illustre crûment la violence raciste du gouvernement dominicain,” a déclaré le collectif, en ajoutant que les détentions arbitraires et les extorsions sont courantes, affectant aussi bien les personnes en situation migratoire régulière qu’irrégulière.
Le collectif a également dénoncé les déclarations du président Abinader lors d’une conférence de presse le 9 juillet, suggérant de reporter l’inscription des enfants étrangers dans les écoles dominicaines. “Cette déclaration constitue une pratique discriminatoire,” a affirmé le collectif, rappelant que plus de 92 % des élèves dans les écoles publiques étaient de nationalité dominicaine selon les chiffres du MINERD pour l’année 2022-2023.
La déclaration du directeur du SNS, Mario Lama, affirmant que les soins de santé pour les immigrants haïtiens représentent une dépense de 10 à 15 milliards de pesos, a également été critiquée. “Le fonctionnaire n’a présenté aucun soutien statistique à cette affirmation,” a souligné le collectif.
Les ministères de la Défense et de la Santé publique ont annoncé des protocoles de sécurité en raison d’une supposée épidémie de charbon en Haïti, entraînant la paralysie du commerce frontalier au poste d’Elías Piña. Cependant, aucun cas d’anthrax n’a été confirmé en Haïti. “Il n’y a aucune raison de créer la panique ni des alarmes inutiles en ce moment,” a déclaré Waldo Suero, président du Collège Médical Dominicain.
“Nous appelons le gouvernement dominicain à respecter les droits de la communauté immigrante et à abandonner ses politiques discriminatoires et les discours incitant à la haine,” a conclu le collectif HaitianosRD.