PORT-AU-PRINCE, lundi 16 décembre 2024 – La rencontre tenue ce lundi entre les parties prenantes de l’Accord du 3 avril 2024 et le Groupe d’Éminentes Personnalités (GEP) de la CARICOM s’est soldée par une impasse. Organisée en fin d’après-midi via Zoom à la demande des acteurs impliqués, cette réunion avait pour objectif de recadrer la gestion de la crise qui secoue le Conseil présidentiel de transition (CPT). Cependant, aucun progrès concret n’a été réalisé. Selon Clarens Renois, leader du parti UNIR, qui s’est exprimé au micro de RHINEWS, cette rencontre n’a produit « aucun résultat sérieux ». Il a ajouté qu’un nouveau rendez-vous avait été envisagé, sans qu’une date précise ne soit fixée.
Dans un communiqué conjoint publié la semaine dernière, les signataires de l’Accord du 3 avril ont exprimé leur vive inquiétude face à l’aggravation de la crise sécuritaire en Haïti. Ils ont évoqué des tragédies majeures, notamment le massacre perpétré par le gang de Mikanor, qui a causé près de 200 morts à Wharf Jérémie, et celui du gang Grand Grif à Petite Rivière de l’Artibonite, où plus de 20 personnes ont trouvé la mort. Ces violences, qui continuent de s’intensifier, ont également entraîné le déplacement forcé de milliers de citoyens dans la région métropolitaine de Port-au-Prince. Parallèlement, des institutions publiques essentielles, comme la Cour de cassation et la Cour supérieure des comptes, sont devenues inaccessibles en raison de l’expansion territoriale des gangs armés.
Les signataires ont également dénoncé un scandale de corruption impliquant trois conseillers du CPT, accusés d’avoir détourné des fonds de la Banque Nationale de Crédit (BNC). Selon eux, cette affaire porte un coup grave à la crédibilité de l’exécutif de transition. À cela s’ajoutent des dysfonctionnements persistants dans des dossiers stratégiques, tels que la formation du Conseil électoral provisoire, la mise en place du comité de pilotage pour la conférence nationale et les initiatives relatives à une nouvelle constitution. Ces failles illustrent, selon eux, l’incapacité du CPT à respecter les engagements pris envers le peuple haïtien dans le cadre de l’Accord du 3 avril.
Dans ce contexte alarmant, les signataires ont estimé qu’il est urgent d’entreprendre des actions correctives pour préserver l’intégrité du processus de transition. Ils appellent à l’exclusion immédiate des conseillers impliqués dans des actes de corruption, à une médiation renforcée par le GEP de la CARICOM pour stabiliser la situation et à une concertation élargie avec d’autres acteurs politiques non signataires de l’Accord. Ils insistent sur la nécessité de restaurer un consensus politique large et inclusif, seul moyen d’assurer la stabilité, la paix civile et une gouvernance à même de répondre aux attentes d’une population qui fait face à une insécurité croissante et à une profonde incertitude.
La transition politique en Haïti, déjà affaiblie par des crises sécuritaires et institutionnelles, demeure dans une situation critique. Les prochaines étapes du dialogue seront déterminantes pour définir l’avenir du pays et tenter d’apporter des solutions durables à ses multiples défis.