MIAMI, lundi 19 août– Pierre Espérance, directeur exécutif du Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH), a exprimé son insatisfaction face à l’action du gouvernement de transition qui a succédé à Ariel Henry. Selon lui, aucun changement significatif ni action d’envergure n’a jusqu’ici été entrepris par le Conseil Présidentiel de Transition (CPT) et le gouvernement du Premier ministre Garry Conille.
Pierre Espérance note que plus de trois mois après l’installation du CPT, aucune disposition n’a été prise pour publier l’accord du 3 avril 2024, dont le pouvoir en place est issu, dans le journal officiel du pays, Le Moniteur. De plus, le Conseil National de Sécurité (CNS) et l’organe de contrôle de l’action gouvernementale (OCAG) n’ont toujours pas été mis en place, déplore-t-il, ajoutant que l’accord du 3 avril n’est pas appliqué.
Il souligne que l’actuel pouvoir de transition n’a toujours pas de bilan concret en termes de résultats dans la lutte contre l’insécurité. Selon lui, la Police Nationale Haïtienne, aidée par les policiers kényans, n’a pas encore lancé d’opérations d’envergure contre les gangs armés qui continuent de gagner de nouveaux territoires et de consolider leurs positions. Il estime que les forces de l’ordre doivent sévir avec la plus grande rigueur contre les bandits afin que la peur change de camp, que la population puisse recommencer à circuler librement, et que la vie reprenne dans le pays.
Espérance estime que les forces de l’ordre devraient s’associer avec la population pour mettre les gangsters hors d’état de nuire, sinon la situation sécuritaire risque de s’aggraver davantage alors que les échéances électorales s’approchent. Il dit craindre que l’actuelle transition ne parvienne pas à tenir promesse, l’une de ses missions fondamentales étant d’organiser des élections pour passer le pouvoir à des dirigeants élus le 7 février 2026.
L’insécurité en Haïti a un impact dévastateur sur tous les aspects de la vie nationale. Depuis plusieurs années, la prolifération des gangs armés, souvent soutenus par des intérêts politiques, a rendu plusieurs zones du pays inaccessibles, paralysant les activités économiques et augmentant les déplacements internes de la population. La peur et la violence omniprésentes ont non seulement exacerbé la crise humanitaire, mais aussi affaibli les institutions publiques, rendant la gouvernance presque impossible.
Les secteurs les plus touchés sont l’éducation, la santé et le commerce, où les services de base sont gravement perturbés. Les enlèvements, qui ciblent de plus en plus toutes les couches sociales, ont installé un climat de terreur qui pousse de nombreux Haïtiens à quitter le pays, exacerbant la fuite des cerveaux. De plus, l’insécurité compromet le processus électoral, réduisant ainsi les chances de rétablissement d’un pouvoir démocratiquement élu. Dans ce contexte, l’échec des autorités à maîtriser la situation met en péril la stabilité à long terme de la nation haïtienne.