‘’Aucun bandit ni repris de justice ne devrait intégrer le gouvernement de transition’’- Roger Biamby

Dr. Roger E. Biamby, politologue, Analyste et activiste politique

MIAMI, mardi 30 avril 2024Le politologue haïtien, Roger Biamby, désapprouve catégoriquement toute démarche visant l’inclusion de bandits, de repris de justice ou de leurs représentants au sein du gouvernement de transition.

“Ce serait un très mauvais précédent dans l’histoire du pays et signifierait l’échec de tout effort de démocratisation du pays qui se bat depuis près de quarante (40) ans pour opérer une transition démocratique et tourner définitivement la page de la dictature. Cela constituerait une prime à l’impunité si des individus, agissant en association de malfaiteurs qui massacrent la population, kidnappent des gens, violent des filles et des femmes, pillent et incendient des biens publics et privés, devaient, sous prétexte d’inclusivité, faire partie d’un gouvernement”, déclare-t-il.

Il s’oppose également à toute amnistie pour les chefs de gang. Cela aurait encouragé d’autres bandits, après s’être livrés à des activités criminelles, à prendre les armes contre l’État et contre la population pour ensuite espérer une grâce quelconque.

Selon M. Biamby, les nouvelles autorités haïtiennes devraient tout simplement se démarquer de cette démarche qui risquerait de transformer Haïti en un État voyou et infréquentable.

“Ceux qui promeuvent de telles idées sont des artisans du chaos, des ennemis d’Haïti et du peuple haïtien. Leur seule motivation serait de voir constamment le pays à feu et à sang où toutes les activités sont paralysées, les institutions incapables d’assurer les services de base à la population, l’État démoli, entre autres. Tout ce qui compte pour eux, c’est la stabilisation de la situation de chaos et de violence généralisée afin de mieux protéger toutes sortes d’activités criminelles, dont le trafic de drogue, d’êtres humains, d’armes et de munitions, et la contrebande”, ajoute Biamby.

Roger Biamby estime qu’il ne devrait y avoir aucune complaisance vis-à-vis de ceux qui versent le sang des Haïtiens. Tout doit être réglé par la justice, soulignant la nécessité de déclarer les gangs armés et leurs supporteurs ‘‘ennemis de la patrie’’ afin qu’ils soient poursuivis en justice avec la dernière rigueur.

Biamby souligne que de nombreux chefs de gangs opérant notamment  dans la région métropolitaine de Port-au-Prince sont accusés d’implication dans divers crimes et recherchés à la fois par la justice haïtienne et américaine. Curieusement, dit-il, ce sont ces mêmes individus qui sont utilisés pour exiger la participation des gangs au gouvernement.

Il invite les nouvelles autorités à prendre rapidement toutes les dispositions, en mobilisant toutes les ressources nécessaires, les forces de police et militaires pour éradiquer complètement les gangs criminels et mettre hors d’état de nuire tous ceux qui les soutiennent matériellement et financièrement.

Biamby exhorte la population à être constamment vigilante pour sécuriser leurs quartiers en collaboration avec la police, soulignant la nécessité d’une meilleure collaboration entre la population et la PNH, une fois épurée et la confiance retrouvée.

“Il est temps qu’un terme soit mis à l’effusion de sang en Haïti. C’est avant tout la responsabilité des autorités politiques et des forces de l’ordre, mais également celle de chaque citoyen de contribuer à sa façon pour faciliter le retour de la paix et de la stabilité, la sécurité et la reprise d’une vie normale dans le pays”, insiste Biamby.

“Bien que les défis soient énormes, avec la volonté, la détermination et le patriotisme, et surtout dans l’effort conjugué, nous finirons par instaurer un climat de paix stable et durable en Haïti et mettre le pays sur la voie du développement durable”, déclare-t-il, ajoutant que, à part la crise multidimensionnelle, nous devons péniblement nous battre pour recouvrer notre souveraineté. ‘‘Ce sera le plus dur’’, soutient-il.