Au moins dix (10) morts par balles, des blessés et un nombre incalculable de déplacés internes, résultat d’une guerre fratricide entre gangs a Martissant…

Route Nationale #2, totalement deserte au niveau de Martissant

Par Jacques Kolo,

Port-au-Prince, 6 juin 2021-(RHInews)- Une situation chaotique règne pratiquement depuis une semaine dans les quartiers de Fontamara et de Martissant (banlieue sud de la capitale), résultante d’une guerre entre frères ennemis pour le contrôle de territoire.

Au moins une dizaine de personnes ont déjà trouvé la mort par balles et plusieurs blessées, selon les premières estimations.

Plus de cinq cents familles habitant à Fontamara, Martissant et localités avoisinantes ont déjà vidé les lieux, mettant le cap sur Carrefour, Gressier et d’autres régions du pays, a appris RHINEWS. Ils ont tout laissé dans leur maison.

Dans certains cas, les bandits ont mis le feu dans plusieurs maisons, après les avoir pillées de fond en comble.

D’autres habitants, sur leur passage, ont été littéralement rançonnés par des membres des gangs.

Des victimes se réfugient dans les villes de province pour échapper à cette guerre sanglante, provoquant un exode massif jamais vu auparavant depuis le tremblement de terre du 12 janvier 2010.

“Il s’agit d’une véritable catastrophe humanitaire”, s’est plaint ce dimanche 6 juin 2021 un responsable d’organisme local de droits humains qui tente d’aider des rescapés.

Pour l’instant, cinq (5) départements géographiques sont coupés du reste du pays. Les habitants du Sud-Est, des Nippes, du Sud, de la Grand-Anse et d’une bonne partie de l’Ouest sont bloqués depuis environ cinq (5) jours, suite à ces affrontements armés.

Les trajets entre Port-au-Prince (capitale économique et politique du pays) et les autres régions pré-citées sont au point mort, a constaté un reporter du RHInews.

Le fuel, un produit transversal pour faire marcher l’économie, va certainement manquer dans l’Ouest, puisque les principales compagnies pétrolières du pays sont localisées à Carrefour (banlieue sud de Port-au-Prince)

Les gangs armés “Grand Ravine et “Base 5 secondes” s’allient pour affronter dans une guerre sans merci la bande armée de “Ti Bwa” du Commandant “Chris La” qui dirige une bonne partie de Fontamara.

A l’origine de cette guerre, le gang armé de ‘Ti Bwa” a pris le contrôle de Fontamara 1, passage obligé des seigneurs de “Grand-Ravine” pour se rendre dans leur fief situé dans les hauteurs.

Selon les explications de “IZO” du gang “5 Secondes”, “Chris La” qui dirige le gang de “Ti Bwa” ne veut pas entendre raison. Au contraire, il envoie ses soldats renforcer sa position à Fontamara 1, soulevant ainsi la colère de “Ti Lapli” qui dirige le gang de “Grand-Ravine”.

Aux dires de “IZO”, la question a été discutée sans succès au niveau haut-commandement du ‘’G-9 an Fanmi e Alye,’’ une fédération des 9 plus puissants gangs armés de la région métropolitaine de Port-au-Prince, réputés proches du pouvoir en place.

Dans un enregistrement audio sur les réseaux sociaux ce week-end, le puissant Chef “IZO”, a accusé les autorités étatiques, notamment le Directeur général de l’organisme d’Etat CAS (Caisse d’Assistance Sociale) de soutenir le gang de “Ti Bwa”.

“Des policiers en activité de service et des gangsters de “Ti Bwa” auraient été aperçus à bord de véhicules blindés de la police pour faire face aux avancées du gang de ‘Grand Ravine”, a précisé “IZO” qui avait mis en déroute la police nationale le 12 mars 2021 lors d’une intervention fiasco à village de Dieu.

Cinq (5) policiers avaient trouvé la mort. Leur cadavre n’a jamais été récupéré par l’Institution policière.

Les autorités de facto de Port-au-Prince n’ont jusqu’ici pipé mot sur ce drame qui laisse dans le désarroi des familles affectées.

Leur silence est grandement inquiétant !

Le président de facto Jovenel Moïse a préféré de mettre le cap sur son projet phare de référendum, au lieu de chercher à résoudre cette situation qu’il a lui-même créée et alimentée à des fins politiques, selon des organisations de défense des droits humains.

Pour l’heure, la solidarité manque à l’appel.

La police nationale est pratiquement dépassée par ces événements. Elle n’intervient même pas. Les gangs sont mieux armés et mieux rémunérés.