Au moins 846 personnes tuées dans l’escalade de la violence des gangs armés en Haïti au cours du 1e trimestre de 2023’’-ONU…

Des deplaces de la guerre a Croix-des-Bouquets/ image d'archives...

PORT-AU-PRINCE, mercredi 10 mai 2023– La violence en Haïti a coûté la vie à au moins 846 personnes au cours des trois premiers mois de 2023, selon un rapport publié par le Bureau des droits de l’homme des Nations Unies.

Le rapport souligne que les épidémies ont augmenté en fréquence et en intensité dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince.

Le premier trimestre 2023 a vu une augmentation de 28% du nombre de personnes tués, blessés et kidnappés par rapport au trimestre précédent (octobre – décembre 2022). Globalement, la violence armée a augmenté en fréquence et intensité, touchant toutes les communes de l’aire métropolitaine de Port-au-Prince, et débordant dans le département de l’Artibonite, selon le rapport.

Entre janvier et mars 2023, poursuit l’ONU, le Service des droits humains (HRS) du Bureau Intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH) et le Bureau du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) a documenté 1 634 victimes de meurtres, de blessures et d’enlèvements. Hommes représentaient 80 % des victimes, les femmes 17 % et les enfants 3 %.’’

Au cours de la même période, l’ONU estime que 13 490 personnes ont fui leur domicile en raison de la violence et de la situation socio-économique.

Les écoles et les établissements de santé ont dû fermer à Port-au-Prince, tandis que l’escalade a entraîné une restriction des déplacements, empêchant l’accès aux services de base, notamment la nourriture et l’eau.

Le rapport précise que le plus grand nombre de victimes (tués et blessés) a été enregistré dans les zones de Port-au-Prince largement sous le contrôle des gangs, notamment Cité Soleil et Delmas, mais aussi dans des localités autrefois considérées comme sûres, comme Pétion-Ville et Kenscoff.

En outre, les victimes ont augmenté de façon spectaculaire dans plusieurs municipalités du département de l’Artibonite, en particulier dans les zones des Gonaïves, Liancourt et Verrettes.

Les gangs ont continué à utiliser des tireurs d’élite sur les toits pour tirer sans discernement personnes effectuant leurs activités quotidiennes et de tirer régulièrement sur les résidences.

« Des étudiants ont également été victimes de balles perdues alors qu’ils se trouvaient dans leur salle de classe ou à la maison. Dans certains cas, des membres de gangs ont fait irruption dans des quartiers et ont tiré sans discernement pour tuer autant de personnes que possible, brûlé vifs des personnes dans les véhicules de transport en commun, et exécuté toute personne perçue comme opposée au gang », rapporte l’ONU.

Ces types d’attaques étaient souvent perpétrées en même temps que d’autres violations des droits de l’homme, telles que le pillage massif et l’incendie de maisons, et a entraîné le déplacement des milliers de personnes.

Au cours de cette période, au moins 21 policiers ont été tués à la suite de violence liée aux gangs, alors qu’au moins 238 membres de gangs ont été tués dans des affrontements (39%), opérations policières (33%), et par lynchage ou par exécutions des gangs (28%), d’après l’ONU.

Le pays fait face à une période de crise politique et sociale particulièrement intense depuis l’assassinat du président Jovenel Moïse en juillet 2021, selon les Nations-Unies.

Suite à la mort de Moïse, poursuit le document, le vide du pouvoir qui s’en est suivi a été comblé par des gangs rivaux, tandis que le successeur de Moïse, le Premier ministre Ariel Henry, a fait face à des défis quant à sa légitimité dans le pays.

Ariel Henry et le haut-commissaire des Nations unies Volker Turk ont appelé la communauté internationale à déployer une « force de soutien spécialisée » limitée dans le temps pour aider au rétablissement de la sécurité dans le.

Cependant, certains Haïtiens rejettent la proposition d’une intervention internationale basée sur les expériences passées des forces étrangères dans le pays. Plus de six mois se sont déjà écoulés, la demande de M. Henry est toujours pendante, aucun pays n’a jusqu’ici accepté de prendre le leadership d’une intervention militaire en Haïti.