PORT-AU-PRINCE, mercredi 10 mai 2023– Le Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH) affirme avoir dénombré neuf (9) massacres d’envergure perpétrés, entre avril 2022 et avril 2023, dans les départements de l’Artibonite et de l’Ouest.
Dans un rapport intitulé « Le règne du premier ministre Ariel Henry ou la fureur des gangs armés », le RNDDH souligne ‘‘qu’au cours de six (6) parmi ces massacres, 734 personnes ont été assassinées soit une moyenne de 122 personnes par massacre et 105 femmes sont victimes de viols collectifs pour la plupart, soit une moyenne de 17 femmes et filles victimes de viols par massacre.’’
Selon ce rapport, a la Plaine du Cul-de-sac du 24 avril au 6 mai 2022, au moins 191 personnes ont été assassinées et 19 femmes au moins violées. Dix-sept (17) d’entre elles ont par la suite été exécutées.
Le rapport souligne qu’à Cité Soleil, du 7 au 17 juillet 2022, au moins 300 personnes ont été assassinées, 53 femmes et filles ont été violées collectivement.
Au Village artistique de Noailles, poursuite le document, du 12 au 17 octobre 2022, au moins 19 personnes ont été assassinées et au moins 30 maisons et/ou shops d’artisanat, ont été incendiées.
Le document précise qu’à Savane Pistache, du 10 au 30 novembre 2022, au moins 3 personnes ont été assassinées, 2 mineures ont été violées. Vingt-trois (23) maisons ont été vandalisées, 61 autres ont été incendiées et 64 véhicules dont des motocyclettes, des voitures privées ainsi que des véhicules de transport en commun, ont été incendiés.
Le rapport du RNDDH indique qu’a Source Matelas, dans la nuit du 28 au 29 novembre 2022, au moins 73 personnes ont été assassinées. 26 femmes et 3 filles ont été violées.
Au Bel-Air, souligne le rapport, du 28 février au 5 mars 2023, ‘‘au moins 148 personnes ont été assassinées ou sont portées disparues. 3 autres sont blessées par balles et 2 femmes sont victimes de viols collectifs et répétés. Au moins 62 maisons ont été incendiées et 26 autres maisons ont été pillées ou/et vandalisées. 4 véhicules ont été volés et 3 autres ont été incendiés.’’
Selon l’organisation des droits humains, ‘‘ce déferlement de violences depuis juillet 2021 porte le RNDDH à affirmer que si le premier ministre de facto a hérité d’une situation sécuritaire préoccupante, il en a fait une situation explosive caractérisée par la fureur des gangs armés dont il a acquis la loyauté en leur assurant protection et impunité.’’
Le RNDDH dit condamner ces massacres qui occasionnent chaque jour des pertes humaines et matérielles extrêmement lourdes, et au cours desquels, la force publique, les différents ministères des affaires sociales et à la condition féminine et aux droits des femmes, ne sont jamais intervenus en vue de porter assistance à la population.
L’organisation note dans son rapport, que depuis le 24 avril 2023 la population haïtienne révoltée par l’inertie des autorités étatiques face aux exactions perpétrées à son encontre, a déclenché une chasse aux bandits, à travers un mouvement dénommé Bwa Kale. A date, ce mouvement a déjà occasionné le lynchage de plus d’une centaine d’individus.
Selon le RNDDH, ‘‘d’aucuns estiment que pendant quelques jours seulement, le mouvement Bwa Kale a obtenu plus de résultats dans la lutte contre le banditisme que toutes les opérations policières confondues.’’
Le RNDDH déclare ‘‘s’insurger contre les autorités étatiques qui se cachent derrière ce mouvement pour porter la population haïtienne à éliminer pour elles, les liens qu’elles entretiennent avec les individus qu’elles ont armés et à empêcher par la même occasion, que la Justice ne remonte jusqu’à elles.’’
Le RNDDH recommande aux autorités concernées de mettre fin au règne de l’impunité en conduisant un processus de certification de tous les parquets près les tribunaux de première instance du pays et en écartant tous les parquetiers corrompus ; de mettre fin à la protection des bandits armés ; de mettre l’action publique en mouvement contre les bandits armés qui sèment la terreur dans le pays ; de juger et de condamner les bandits armés impliqués dans tous les massacres jusque-là enregistrés dans le pays, depuis 2018 ; d’adopter immédiatement des mesures en vue de mettre fin à la spirale de violence en cours dans le pays ; de fournir assistances financière et psychologique aux victimes des massacres et attaques armées.