PORT-AU-PRINCE, samedi 19 août 2023– Le réseau national de défense des droits humains (RNDDH) dénonce une escalade de la violence dans les départements de l’Ouest et de l’Artibonite.
Dans un rapport partiel sur le climat de violence qui s’abat sur le pays pour le mois d’août, le RNDDH dénonce la complicité du conseil supérieur de la police nationale (CSPN), qui se montre complaisant face à l’arrogance et au chaos créé dans le pays par les gangs armés.
Le RNDDH informe que pour la seule première partie du mois d’août 2023, au moins soixante-treize (73) personnes ont été assassinées dont cinquante-quatre (54) à Carrefour-Feuilles seulement. Au nombre des victimes, figurent deux (2) policiers, au moins trois (3) autres.
Dans son analyse de la situation, l’organisation affirme que dans l’Artibonite et dans l’Ouest, le scénario est le même : les gangs armés sont activés en vue de maintenir un climat de terreur dans le pays, tuant des citoyens, blessant d’autres et portant des milliers de familles à prendre la fuite, abandonnant leurs résidences et tout ce qu’ils possèdent.
Selon le RNDDH, ‘‘dans les deux (2) départements, les réactions des victimes et proches de victimes sont similaires : elles estiment que l’institution policière n’a rien tenté en vue de les protéger de la fureur des gangs armés. Et, pour Carrefour-Feuilles particulièrement, elles affirment que les agents de la PNH qui circulaient à bord des blindés de l’institution semblaient, par leur comportement, n’avoir reçu l’ordre que de protéger le sous-commissariat de Carrefour-Feuilles.’’
‘‘De plus, poursuit l’organisation, tenant compte de ce bilan élevé de personnes tuées à Carrefour-Feuilles, le RNDDH peut affirmer que ce nouvel assaut du gang de Grand-Ravine est plus sanglante que toutes les précédentes, enregistrées dans cette zone depuis 2019.’’
« Le RNDDH croit que le gouvernement de facto dirigé par le premier ministre Ariel HENRY met en œuvre, depuis quelques mois, une politique de chaos en vue de justifier, auprès de la communauté internationale, la demande d’intervention militaire étrangère qu’il a produite, de continuer à protéger les gangs armés et de garder le pouvoir, déclare l’organisation dans son rapport.
Selon le RNDDH, ‘‘le Conseil Supérieur de la PNH présidé par le premier ministre est constitué d’individus fantoches, sans conviction aucune et qui se contentent d’accepter cette politique de chaos du premier ministre de facto Ariel Henry.’’
L’organisation de défense des droits humains dénonce la complicité du CSPN ainsi que l’inertie de l’institution policière qui, par leur cynisme face à une population esseulée, ont abandonné celle-ci à la merci des bandits armés.
Se référant aux récentes brutalités policières exercées contre la population, le RNDDH souligne « la facilité avec laquelle le directeur général de la PNH Frantz ELBE ordonne généralement aux agents-tes de bombarder la population de gaz lacrymogène, lorsqu’elle manifeste pacifiquement pour réclamer protection et assistance de l’Etat. A contrario, lorsqu’il s’agit de venir en aide aux nombreuses familles victimes des attaques armées perpétrées par les bandits armés, le directeur général a.i. Frantz ELBE défend catégoriquement aux agents d’intervenir », déplore l’organisation.
‘‘Par ce comportement inacceptable, ajoute le RNDDH, le directeur général a.i. de l’institution policière Frantz ELBE, les autres membres du haut état-major de la PNH ainsi que le CSPN dans son ensemble, se confondent aux bandits armés en se positionnant aux côtés de ces derniers, au détriment de la population haïtienne.’’
Le rapport souligne que, c’est d’ailleurs parce qu’ils estiment que la violence qu’ils subissent est orchestrée par les bandits armés, avec la complicité des autorités étatiques et policières, que malgré leur état de dénuement total, les réfugiés de la Place Jérémie ont refusé les plats chauds offerts par le Fonds d’Assistance Economique et Social (FAES).
Le RNDDH estime que face au cynisme des autorités étatiques et policière, le RNDDH rappelle que les droits à la vie, à la sécurité, à l’intégrité physique et psychique et à la propriété privée constituent des droits fondamentaux consacrés tant par la Constitution haïtienne en vigueur que par les instruments internationaux et régionaux de protection des Droits Humains ratifiés par Haïti.
‘‘Leur violation systématique par les tenants du pouvoir doit porter la population victime à s’insurger et à s’organiser en vue de résister contre la gangstérisation de l’Etat et du pays’’, soutient le RNDDH.
Toutes ces violences, précise le RNDDH, ont été orchestrées par des bandits lourdement armés membres du groupe Team Ascenseur opérant à Grand-Ravine et dirigés par Renel Destina alias « Ti Lapli ».
Ces bandits ont frappé simultanément plusieurs quartiers de Carrefour-Feuilles dont Savane Pistache, Saye, Fouchard, Décayette, Anba Figye, Ravin Zonyon, La Montagne, Rue Monseigneur Guilloux, Bò Nènè, etc.