Au moins 58 policiers haïtiens tués de juin 2022 à juin 2023, selon le RNDDH…

Policiers /image d'illustration

PORT-AU-PRINCE, lundi 12 juin 2023- Le réseau national de défense des droits humains (RNDDH) affirme avoir recensé cinquante-huit (58) policiers assassinés entre juin 2022 et juin 2023.

Selon un rapport rendu public à l’occasion du 28e anniversaire de la police nationale haïtienne ce 12 juin, vingt-neuf (29) parmi les policiers victimes, ont été tués seulement de janvier à juin 2023.

Dans ce rapport, l’organisation a fait état également des commissariats et postes de police contrôlés ou attaqués par des bandits armés.

L’organisation a informé qu’au moins treize (13) d’installations policières ont été incendiées, pillées ou démolies par des bandits qui font régner leurs lois dans la région métropolitaine de Port-au-Prince et dans l’Artibonite.

Généralement sous équipes et en infériorité numérique, les policiers ont été contraints de vider les lieux.

La police n’a toujours pas repris le contrôle de ces commissariats ou sous-commissariats abandonnés aux mains des bandits qui opèrent en toute impunité.

“De juin 2022 à juin 2023, les agents de l’institution policière ont été amenés à travailler dans des conditions extrêmement difficiles”, a souligné le RNDDH dans son rapport.

Selon l’organisation, “touchés comme tous autres citoyens par l’insécurité, ils ont dû aussi faire face à des responsables de l’Etat qui, au lieu de les pourvoir en matériels et équipements policiers en vue de leur permettre de se colleter aux bandits armés, ont préféré mettre à la disposition de ces bandits armes et munitions, en vue de semer le deuil au sein de la population.”

Le RNDDH a souligné que “partout dans le pays, les commissariats et sous-commissariats font face à d’énormes difficultés pour fonctionner : absence de matériels de déplacement, insuffisance de matériels de bureau et de matériels policiers, bâtiments en mauvais état, non-alimentation en courant de ville et absence de source alternative au courant électrique. Il est donc demandé aux agents-tes de la PNH de travailler dans le dénuement quasi-total.”

Les agents de l’institution policière ne sont pas protégés par l’appareil judiciaire qui, à plusieurs reprises, décide de relâcher des bandits armés arrêtés par la PNH, mettant en péril la vie des agents-tes qui avaient participé aux interventions ayant conduit à leur arrestation, à d’éploré le RNDDH.

L’organisation a souligné que que les agents de la PNH sont démotivés, en raison du comportement de la hiérarchie de l’institution : « Ils affirment devoir supplier pour obtenir un minimum de matériels de fonctionnement en vue d’effectuer leur travail, ils bénéficient d’une couverture médicale totalement dysfonctionnelle, ils sont jetés en pâture aux bandits armés par ceux-là même en qui ils devraient avoir confiance et qui sont de connivence avec ces bandits ».

“De plus, a déclaré le RNDDH, ils perçoivent un salaire qui ne leur permet pas de subvenir à leurs besoins et à ceux de leur famille. Ils détiennent une carte de débit qui n’est pas régulièrement renflouée. Ces conditions ne sont nullement engageantes et, dès qu’ils en ont la possibilité, ils laissent l’institution.”

Le RNDDH a fait savoir que, “jusqu’au mois de novembre 2021, l’effectif de l’institution policière avoisinait seize mille (16.000) agents-tes. Aujourd’hui, ils sont moins de dix-mille (10.000).”

Le RNDDH s’est dit convaincu que l’institution policière doit être l’objet d’un processus de certification. “Et, idéalement,à-t-il soutenu, une équipe chargée de certifier les agents de la PNH devrait être composée d’une structure indépendante, de l’Inspection Générale de la PNH et de l’Académie Nationale de Police.”

L’organisation a fait remarquer que que la hiérarchie de l’institution policière, telle qu’elle est constituée aujourd’hui, risque de causer d’énormes torts à l’institution, si elle reste inchangée. Il est de notoriété publique que des membres de cette hiérarchie entretiennent des liens avec des bandits armés et que le haut-commandement de la PNH ne peut passer d’ordre aux policiers.

“Dans ces conditions, à poursuivi l’organisation, cette hiérarchie qui a perdu toute crédibilité vis-à-vis des agents-tes ne peut pas continuer à conduire la barque de cette institution qui est très importante pour le pays.”

Le RNDDH a demande, en terme de recommandations d’offrir de meilleures conditions de travail aux policiers ;

  • Construire et réaménager les locaux des postes de police, en fonction des besoins déjà identifiés par les responsables des commissariats et sous-commissariats ;

  • Réviser le salaire des policiers-ères ainsi que les avantages sociaux qui leur sont accordés dont la couverture d’assurance maladie ;

  • Procéder à la certification des agents-tes de la PNH ;

  • Procéder à des changements dans la hiérarchie de l’institution policière ;

• Mettre fin à l’utilisation des ressources de l’Etat au profit des bandits armés alors que les policiers-ères sont dans le dénuement le plus total.