PORT-AU-PRINCE, mercredi 3 mai 2023– Dans un rapport intitulé « Situation de terreur en Haïti, les chiffres noirs du gouvernement d’Ariel Henry », la Fondasyon Je Klere (FJKL) souligne que la gouvernance de l’équipe au pouvoir est caractérisée par des actes de violation systématique des droits humains, un mépris total du droit à la vie et de la dignité humaine.
Selon l’organisation, ‘‘au moins 2845 personnes ont été tuées pendant ces 21 derniers mois, de juillet 2021 à avril 2023, sous l’administration d’Ariel Henry dont la gestion est caractérisée par l’escalade de la violence, l’insécurité généralisée et l’impunité officielle.’’
Le rapport fait état d’environ 16 massacres et attaques armées qui ont eu lieu, entre avril 2022 et avril 2023, en divers quartiers, villes et localités. Citons : Cité-Soleil, Bel Air, Solino, Plaine du Cul-de-Sac, Butte-Boyer, Santo, Tabarre, Pernier, Fermathe, Thomassin, Laboule, Meyotte, Malik, Source Matelas, Canaan, Pétion Ville, Debussy, Liancourt, Verrettes, Croix de Bouquets, Petite Rivière de l’Artibonite et L’Estère.
‘‘Tous ces massacres et/ou attaques armées sont documentés dans les archives internes de la FJKL qui affirme attirer l’attention sur les massacres les plus odieux marquant la gouvernance d’Ariel Henry.’’
La FJKL souligne que dans la plupart des cas, les victimes n’ont pas eu droit à une sépulture. Leurs corps ont tout simplement été brules et livrés aux chiens pour être dévorés.
L’institution policière a été largement victime de la violence criminelle, selon le rapport de la FJKL. De juillet 2021 à avril 2023, précise le document, au moins 84 policiers sont tués par balle, soit en moyenne, 4 policiers tués par mois.
La FJKL souligne que certains policiers ont été tués dans des conditions atroces, horrifiantes. ‘‘Les vidéos d’exécution des agents de l’ordre sont postés sur les réseaux sociaux par les malfrats en toute impunité et dans bien des cas, la PNH se révèle incapable de récupérer les cadavres des disparus, d’arrêter les bandits ou de démanteler les gangs. Les enquêtes annoncées n’ont jamais abouti comme pour faire durer la comédie : l’enquête se poursuit’’, déplore l’organisation.
Plusieurs dizaines de filles et de femmes ont été l’obet de violence sexuelle. Elles ont été violees collectivement dans la plupart des cas.
Le secteur de la presse a été largement touché par la vague de violence criminelle qui s’abat sur le pays, selon la FJKL.
Elle indique que, ‘‘seulement en 2022, La FJKL a recensé 9 cas de journalistes et de collaborateurs des médias tués dans le pays, soit en moyenne 2 journalistes tous les 3 mois. Du jamais vu dans toute l’histoire de la presse haïtienne. Sans compter les cas d’agression physique-bastonnades et tentatives d’assassinat à l’encontre des travailleurs de la presse’’, soutient la FJKL.
Le rapport souligne que le kidnapping a battu des records au cours des derniers 21 mois.
« Les cas d’enlèvement, de séquestration et de libération contre rançon sont monnaie courante sous la gouvernance d’Ariel Henry. Il est pratiquement impossible de recenser de manière exhaustive le nombre total d’enlèvements enregistrés durant cette période. Mais, au moins deux mille trente et un (2031) cas d’enlèvement et de séquestration ont été dénombrés durant ces vingt et un mois de gouvernance d’Ariel Henry », déclare la FJKL.
La violence des gangs qui opèrent en toute impunité dans le pays, a également provoqué le déplacement interne de plusieurs dizaines de milliers de personne. Difficilement chiffrable avec précision, la FJKL souligne que les chiffres varient au jour le jour. ‘‘Mais, indique-t-elle, il est raisonnable d’estimer à 200 000 personnes le nombre de déplacés internes pendant la gouvernance d’Ariel Henry.’’
La FJKL estime que le gouvernement d’Ariel Henry a failli à sa mission première qui est celle de protéger la vie et les biens des citoyens se trouvant sur le sol national., ajoutant que ‘‘l’Etat est abandonné aux gangs armés dans l’indifférence totale du pouvoir en place.’’
Selon l’organisation de défense des droits humains, l’arrogance et la cruauté des chefs de gangs, ajoutées au désespoir, développent au sein de la population un esprit de vengeance et des appels à la violence sur les réseaux sociaux créent un climat d’intolérance comparable à celui qui a prévalu au Rwanda avant le génocide rwandais.
‘‘Aucun appel à la raison ne peut être entendu d’autant que le gouvernement d’Ariel Henry fait de l’exécution sommaire un élément de sa politique de justice’’, écrit la FJKL.
L’organisation note que le pouvoir en place n’annonce aucune mesure pour juguler la crise : Pas de campagne de recrutements massifs pour les forces armées et les forces de police en dépit du fait que beaucoup de policiers quittent le pays ou abandonnent leur poste, pas de formation intensive, pas de renforcement des structures de renseignements.
‘‘C’est la politique du laisser-faire, du ‘‘laisser-grennen’’, du mépris du droit à la vie qui caractérise le pouvoir d’Ariel Henry’’, ajoutant que la sureté publique, la tranquillité des rues, la liberté de circulation des citoyens ne semblent pas inscrites dans l’agenda du gouvernement d’Ariel Henry. ‘’
Elle souligne que la colère populaire ne peut jamais remplacer une politique publique de sécurité.’’ Il faut vite reconstruire les institutions régaliennes de l’Etat, construire l’Etat de droit en Haïti,’’ soutient la FJKL.