Au moins 191 personnes ont été tuées et 158 enfants devenus orphelins, selon un rapport du RNDDH sur la guerre des gangs à la Plaine du Cul-de-Sac 

Des deplaces de la guerre a Croix-des-Bouquets/ image d'archives...

PORT-AU-PRINCE, mardi 28 juin 2022– Selon le nouveau rapport du réseau national de défense des droits humains (RNDDH), du 24 avril au 6 mai 2022, le gang armé des 400 Mawozo a attaqué la base des Chen Mechan dans son fief, à la Croix-des-Missions.

Le rapport souligne qu’au cours d’affrontements violents qui s’en sont suivis, 191 personnes ont été assassinées, dont 107 hommes, 76 femmes, 6 filles et 2 garçons.

Le document précise qu’au moins 18 femmes ont été violées. Dix-sept (17) d’entre elles ont été exécutées par la suite. Au moins 81 maisons et 57 véhicules ont été incendiés. De nombreuses personnes ont été blessées par balles ou à l’arme blanche et 158 enfants sont devenus orphelins, selon le rapport du RNDDH.

Au nombre des personnes tuées, figurent 48 qui ont été présentées au RNDDH comme étant des membres ou des proches de l’un des gangs armés qui s’affrontaient, souligne le document.

L’organisation précise que, « outre ces pertes humaines et matérielles enregistrées au cours de ce carnage, des parents ont assisté à l’exécution de leurs progénitures, d’autres ont été assassinés en présence de leurs enfants, dont la plupart sont en bas âge. De nombreuses personnes ont été obligées d’abandonner leurs proches et, au moins un conjoint a assisté aux viols répétés de sa compagne ».

Le RNDDH souligne que les autorités policières ont affirmé avoir mené plusieurs opérations dans la zone et procédé à l’arrestation de quelques individus impliqués dans ce carnage.

« Cependant, deux (2) mois après, les autorités judiciaires ne peuvent toujours pas fournir d’informations précises sur les actions entreprises par elles, en vue de mettre l’action publique en mouvement à l’encontre des bandits armés impliqués dans ce carnage, dont des chefs de gangs armés très connus », écrit le RNDDH.

L’organisation note que ‘‘la situation reste et demeure tendue à la Plaine du Cul-de-Sac : les personnes déplacées qui s’étaient réfugiées sur la place publique de Clercine sont pressurées par les autorités locales pour laisser la place. Elles ne savent où aller ayant, pour la plupart, perdu tout ce qu’elles possédaient. La base des Chen Mechan continue d’exécuter des jeunes, sous prétexte qu’ils servent d’antenne au gang armé des 400 Mawozo’’, selon le RNDDH.

L’organisation recommande que les autorités en place fournissent un accompagnement financier, médical et psychologique aux survivants du carnage de la Plaine du Cul-de-Sac.

Elle plaide pour que la DCPJ enquête sur les actes attentatoires aux vies et aux biens perpétrés à la Plaine du Cul-de-Sac du 24 avril au 6 mai 2022, en vue de transmettre aux autorités judiciaires un rapport circonstancié, pour la mise en mouvement de l’action publique à l’encontre de tous ceux qui y sont impliqués.

Le RNDDH souhaite que la DCPJ à enquêter sur les relations de proximité existantes entre certains journalistes, des personnalités publiques et des bandits armés et que l’IGPNH à enquêter sur l’implication de matériels et équipements policiers – notamment de l’UDMO – dans la perpétration du Carnage de la Plaine du Cul-de-Sac.

Elle recommande également que les autorités mettent fin aux distributions des armes et munitions aux bandits armés.

Le RNDDH souhaite que les autorités remettent en place les brigades anti-contrebande en vue de freiner l’entrée sur le territoire national, des armes et munitions illégales.

L’organisation déclare ‘‘ne pas comprendre que dans ce contexte de terreur où des membres de la population sont assassinés chaque jour, des journalistes ainsi que d’autres personnalités publiques mènent campagne pour des bandits armés dans une tentative échouée d’avance de les présenter comme des citoyens paisibles ou comme des groupes armés défendant une vision. ‘’

Le RNDDH estime que les gangs armés qui sèment le deuil dans les familles depuis tellement longtemps, constituent de véritables associations de malfaiteurs.

« Celles-ci comptent en leur sein des criminels qui veulent contrôler des zones stratégiques pour préserver leurs intérêts politiques, économiques, électoralistes et financiers, tout en permettant à leurs proches au pouvoir, de s’y maintenir », souligne le rapport.

Selon le RNDDH, « dans des cas de violations massives de droits humains tel qu’enregistré à la Plaine du Cul-de-Sac, il est du devoir des autorités étatiques d’intervenir, pour protéger la population et garantir la jouissance des droits à la vie, à la sécurité, à la circulation et au logement », arguant qu’il s’agit de droits consacrés tant par la Constitution haïtienne en vigueur que par différents instruments internationaux et régionaux de protection des droits humains, auxquels Haïti est partie.