Port-au-Prince, vendredi 15 avril 2022- L’enquête sur l’assassinat de l’ancien président Jovenel Moïse est toujours dans l’impasse plus de neuf mois après le meurtre.
De l’avis de Pierre Espérance, directeur exécutif du réseau national de défense des droits humains (RNDDH), l’enquête est au point mort et aucun acte d’instruction n’a été posé dans le cadre de cette affaire depuis plusieurs mois.
Espérance informe que, deux mois après sa désignation pour instruire l’affaire, le juge Merlan Belabre n’aurait toujours pas accès au dossier.
Pire encore, le magistrat instructeur n’a toujours pas reçu les moyens, notamment en matière de sécurité, qui lui ont été promis par les autorités pour poursuivre l’investigation.
Dans moins de deux semaines, le mandat de juge d’instruction du magistrat arrive a expiration le 25 avril prochain. Ce qui va poser un autre problème pour le juge qui, sans mandat, ne pourra pas instruire le dossier, souligne le défenseur des droits humains.
Pierre Espérance souligne également que tout a été mis en œuvre au plus haut niveau de l’Etat pour faire obstruction à l’enquête. A titre d’exemple, il cite les pressions exercées par le conseil supérieur de la police nationale (CSPN) sur la direction centrale de la police judiciaire (DCPJ) pour ne pas poursuivre l’enquête.
‘‘Fort de cette situation, précise M. Espérance, certains enquêteurs de la DCPJ ont dû quitter le pays pour échapper aux menaces de mort dont ils étaient l’objet.’’
A date, poursuit-il, la DCPJ a exploré moins de 20% des informations dont elle dispose dans le cadre de cette affaire pour mener à bien son enquête.
Les informations concernant les banques par lesquelles transitait l’argent du complot de l’assassinat de Moïse communiquées par le FBI a la DCPJ, n’ont pas été prises en compte, déplore Pierre Espérance, soulignant que l’un des principaux obstacles à l’avancement de cette investigation, est le Dr. Ariel Henry.
Il affirme que l’enquête est bloquée depuis la prise du pouvoir par Ariel Henry qui a coïncidée avec la rédaction du rapport partiel de la DCPJ.
Le militant des droits humains indique qu’à au moins deux reprises la police a fait une filature pour procéder à l’arrestation de l’ancien sénateur John Joël Joseph ainsi que Joseph Félix Badio, mais n’y est pas parvenue en raison de contre-ordres des autorités.
Pierre Espérance déclare ne pas comprendre pourquoi des gens qui seraient de mèche avec des suspects dans l’assassinat de Jovenel Moïse, n’ont pas été poursuivis alors que certains d’entre eux continuent de faire obstacle à l’aboutissement de l’enquête.
A date, plus d’une quarantaine de personnes ont été arrêtées dans le cadre de cette affaire en Haïti. Cependant, personne n’a encore été formellement inculpée.
Aux Etats-Unis où le crime a été planifié partiellement, au moins deux individus, le colombien Mario Antonio Palacios Palacios et l’haïtien Rodolphe Jaar, ont été inculpés par la justice américaine.
L’ancien sénateur John Joël Joseph, actuellement écroué en la Jamaïque, est en attente d’être extradé aux Etats-Unis dans le cadre de l’assassinat de Jovenel Moïse.