PORT-AU-PRINCE, mardi 24 octobre 2023– Le premier ministre de fait Ariel Henry a salué mardi l’arrestation de Joseph Félix Badio, un suspect clé dans l’assassinat du président Jovenel Moïse, selon le rapport d’enquête de la direction centrale de la police judiciaire (DCPJ).
Selon Henry, cette arrestation est un pas dans le cadre de l’avancement de l’enquête du meurtre de Moïse, survenu dans la nuit du 6 au 7 juillet 2021 dans sa résidence à Pèlerin.
Dans une note vocale mise en circulation en octobre 2022, Badio avait rejeté le rapport d’enquête de la DCPJ, dont il avait critique et le fond et la forme. Il a qualifié le document de rapport de politique.
Ignorant tout lien avec le couple présidentiel, Badio déclaré mettre en défi quiconque de prouver qu’il a fréquenté la résidence de Jovenel Moïse, ajoutant qu’il ne connait pas la couleur de la barrière de la maison du défunt président.
Niant les accusations portées contre lui, Badio avait déclaré : « Si quelqu’un est capable de prouver que je connais la couleur de la barrière d’entrée de la maison de Moïse, je suis prêt à en payer le prix et qu’il prépare la buchée. »
Il avait rejeté également les informations selon lesquelles, il avait loué une maison en face de celle du président.’’
Très critique envers les proches du président, Badio affirme que ‘‘Jovenel Moïse était un menteur, sa femme, ses enfants, ses frères et sœurs et ses collaborateurs le sont tous, arguant que ceux-ci utilisent son nom chaque fois qu’ils veulent emmerder Ariel Henry.’’
« Vous êtes confortables pour mentir parce qu’après l’avoir fait et détruit ma personnalité, vous rentrez calmement chez vous pour retrouver votre famille et qu’il ne pleut Pas sur vos estomacs des bombes et de grenades », avait déclaré Badio.
Après avoir sommé certaines personnalités pour des déclarations qu’il avait jugées ‘‘diffamatoires’’ concernant son rôle présumé dans le meurtre de Moïse, il avait passé à une autre étape. Badio se lançait dans une campagne de communication politique et proférait aussi des menaces de mort à l’encontre de ses adversaires désignés.
Au nombre de ces adversaires, figurent Pierre Espérance, militant des droits humains, directeur exécutif du RNDDH, Garry Pierre Paul-Charles, directeur de media, Luckner ‘‘Louko’’ Désir, journaliste à radio Eclaire, Ariel Henry, premier ministre de facto et tous les médias qui ont relayé, ce qu’il appelle le ‘‘mensonge’’ au sujet de son implication présumée dans l’assassinat de Moïse.
Badio qui avait fait l’objet d’un avis de recherche, avait promis de faire la guerre à tous ceux qui auraient associé son nom à l’assassinat de Jovenel Moïse.
‘‘Préparez-vous, je viendrai vers vous. C’est la dernière fois que cela se produit sur la terre d’Haïti. Je serai dans les rues, avertit Badio qui souligne que cette ‘‘guerre’’ est inévitable.
Il avait invité Ariel Henry qui l’avait interpellé à se rendre à la police à designer son juge pour entendre l’affaire et avertit également que le premier ministre de fait sera responsable de chaque personne qui sera tuée dans le pays.
« Certains gens vous ont utilisé et volé votre confiance, ensuite c’est vous qu’on blâme. Ils mourront tous », avait prévenu Badio.
Selon l’enquête de la DCPJ, Ariel Henry et Badio se sont parlé au téléphone deux fois, quelques heures après l’assassinat du président Moïse.
Ariel Henry et deux ministres de son gouvernement ainsi que d’autres cadres de la fonction publique ont été invités au cabinet d’instruction pour être entendus à titre de témoins, ils ne se sont toujours pas présentés.