PORT-AU-PRINCE, le jeudi 28 décembre 2023 – Apres plusieurs mois de tractations, le Premier ministre haïtien de facto, Ariel Henry, a été entendu en tant que ‘‘témoin’’ mardi par le juge d’instruction Walter Wesser Voltaire dans le cadre de l’enquête sur l’assassinat du président Jovenel Moïse.
Le juge d’instruction Walter W. Voltaire qui a la charge du dossier, accompagné de son greffier, a procédé à l’audition d’Ariel Henry en qualité de témoin le 26 décembre 2023, selon une declaration de la Primature rendue publique sur le compte X (ancien Twitter) du premier ministre.
Ariel Henry, dans cette déclaration, a exprimé sa ‘‘confiance envers la justice haïtienne et a souligné sa coopération totale avec le juge. Il a affirmé que sa réponse aux questions contribuait à la manifestation de la vérité dans cette affaire, soulignant que personne n’est au-dessus de la loi.’’
Cependant, certaines zones d’ombre semblent demeurer dans le cadre de cette criminelle en cours depuis plus de deux ans.
Le 14 septembre 2021, une nouvelle étape a été franchie dans l’enquête sur l’assassinat du Président Jovenel Moïse, avec le dépôt d’un réquisitoire supplétif d’informer par le Commissaire du Gouvernement, Me Bed-Ford Claude, auprès du Tribunal de Première Instance de Port-au-Prince.
Les éléments apportés par ce réquisitoire, jusqu’ici ignoré vraisemblablement, qui mettent en lumière une série de communications entre le Premier Ministre, Ariel Henry, et le fugitif Joseph Felix Badio. Les révélations, basées sur les investigations de l’organisation politique VIV AYITI et du Réseau National de Défense des Droits de l’Homme (RNDDH), ont été appuyées par un rapport de la Digicel confirmant des appels téléphoniques entre les deux hommes clés, selon le rapport supplétif.
Le Commissaire du Gouvernement souligne que ces appels, d’une durée totale de 7 minutes, ont été géolocalisés à des endroits cruciaux, notamment à Pèlerin 5, le lieu de l’assassinat, et à l’hôtel Montana. Cette information renforce la conviction du maître de l’action publique sur la nécessité d’inculper Ariel Henry, qui, selon les récentes déclarations sur Scoop FM, a tenté de disculper le fugitif présumé Joseph Felix Badio.
Ces révélations s’ajoutent à la confusion déjà présente dans cette affaire, avec des déclarations contradictoires émanant du Cabinet du Premier Ministre, souligne le rapport du commissaire Claude.
Le document indique également que ‘‘le nommé Jean Junior Joseph, membre du Cabinet, a affirmé publiquement n’avoir jamais parlé au fugitif Badio, tandis que d’autres rapports indiquent des liens entre le chauffeur du Premier Ministre, Patrick Dormevil, et un détenu impliqué dans l’assassinat.’’
Le réquisitoire supplétif demande au juge d’instruction d’alors, Me Garry Orelien, d’instruire sur ces nouvelles informations et d’inculper Ariel Henry. Une interdiction de quitter le territoire national a également été requise pour Ariel Henry, compte tenu de la gravité des faits exposés.
Cette démarche soulève des questions cruciales dans une enquête qui a des implications nationales et internationales, notamment sur la stabilité politique d’Haïti et sur la vérité entourant l’assassinat du Président Jovenel Moïse, dans la nuit du 6 au 7 juillet 22021.
Le magistrat Bed-Ford Claude a été licencié en septembre 2021 par le premier ministre Ariel Henry dans heures qui ont suivi la transmission du rapport supplétif au cabinet d’instruction.
Le juge haïtien Garry Orélien, en charge de l’enquête sur l’assassinat du président Jovenel Moïse, a annoncé dans une lettre avoir s’être retiré du dossier. Sa mission, entamée en août, a pris fin en décembre, et sa demande de prolongation a été rejetée. Orélien a précisé avoir renoncé à l’enquête “en lien avec les faits entourant l’assassinat du président Jovenel Moïse, pour des raisons personnelles.”
Considéré par la justice haïtienne comme l’un des suspects clés dans l’assassinat de Moïse, Joseph Félix Badio, a été arrêté le jeudi 19 octobre 2023. Lors de son audition, il a avoué avoir été en communication avec Ariel Henry le jour de l’assassinat du président.
Quant a Ariel Henry qui avait affirmé ne pas se rappeler avoir parlé avec Badio, il a toujours nié toute implication dans l’assassinat de Jovenel Moïse.